Droits TV de L1 : une offre "sous les 800 millions d'euros" serait "imaginable" pour Jean-Pierre Caillot, président de Reims
Malgré la validation par la justice du retrait de Mediapro, les clubs sont-ils toujours dans l'urgence?
Jean-Pierre Caillot : "L'urgence est toujours là, évidemment. Mais on était dans un système juridique potentiellement très compliqué et on est arrivés à faire aboutir une médiation pas simple. Aujourd'hui, on va pouvoir officiellement et ouvertement déclarer que les droits TV sont sur le marché, ce qui permettra d'engager des discussions avec des diffuseurs, et d'avoir enfin une vision globale sur l'état de nos pertes."
Espérez-vous limiter la décote à venir pour le futur contrat ?
J-PC : "En 2018 (au moment de l'appel d'offres), la valeur de la Ligue 1 était à un milliard d'euros annuel. On est monté à 1,2 milliard grâce ou à cause de Mediapro (1,153 milliard par an précisément pour la L1, ndlr). Aujourd'hui, le contexte est compliqué, mais je ne peux pas imaginer qu'on puisse descendre sous les 800 millions d'euros demain. Il n'y a pas d'objectif : dans une négociation, la vérité c'est le chèque. J'espère pour tous les clubs qu'on trouvera rapidement une solution avec un diffuseur historique où on ne déprécie pas le produit. Il faut faire table rase du passé. Des erreurs ont probablement été commises, il y a eu un diffuseur qui a peut-être enfumé tout le monde. Maintenant, on va remettre la balle au centre. Ce serait une erreur de brader nos droits à Canal+ sous couvert de l'urgence, et d'un autre côté ce ne serait pas une bonne chose pour Canal+ de les prendre trop bas car cela voudrait dire que le produit n'a pas la valeur à laquelle ils veulent le vendre à leurs abonnés. Peut-être que Canal+ va donner le prix qu'on estimera raisonnable, peut-être qu'il ne le donnera pas et qu'il faudra passer par d'autres schémas pour arriver à une somme acceptable pour la Ligue 1, qui reste un championnat de qualité."
Alors que Canal+ semble temporiser, faut-il que les choses s'accélèrent ?
J-PC : "Si j'étais négociateur, je me dirais 'Pourquoi attendre le 31 janvier, pourquoi ne pas trouver une solution au 15 janvier où tout le monde sort vers le haut !'. J'espère qu'on n'attendra pas les dernières heures comme dans les mercatos. Nous les clubs, on est prêts. Si on doit attendre le 31 janvier, si on doit faire 'écran noir' (des matches sans diffuseur, ndlr), on le fera. Cela ne fait vraiment pas rêver mais si on doit arriver à cette hypothèse plutôt que de brader une vraie valeur marchande, pourquoi ne pas en arriver là ou enclencher un plan B avec un nouvel appel d'offres, de nouveaux entrants... Mediapro n'est pas le meilleur exemple de nouvel entrant, mais il en existe d'autres qui peuvent perturber les mécanismes demain. J'en appelle à la raison des gens de Canal+. Ils sont dans une situation légitime, ils ont la main, mais à leur place je n'en abuserais pas."
Le mercato hivernal sera-t-il placé sous le signe de la vente et de l'incertitude ?
J-PC : "Chaque club a son économie. Si vous avez un multimilliardaire derrière vous, cela ne va pas changer grand chose. Sinon, il faudra trouver des solutions. Les gens normaux, ils regardent combien il va leur manquer et ils savent qu'ils auront un trou de 15 ou 20 millions en fin d'année, donc s'ils ont l'opportunité de vendre un joueur a ce prix-là, peut-être qu'ils vont la regarder. C'est le rôle du chef d'entreprise d'être toujours un peu dans l'incertitude. Celle-là est néanmoins particulièrement imprévue: évidemment, quand vous vous attendez à un diffuseur sur quatre ans et qu'il fait défaut, c'est une grosse remise en question du +business plan+ sur les années à venir."
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