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De retour en Ligue 1, le RC Lens entrevoit la lumière après dix ans de galère

Enfin. Après une décennie tumultueuse, durant laquelle il a végété huit saisons en Ligue 2, le Racing Club de Lens va retrouver la Ligue 1 la saison prochaine. Un nouveau départ pour le club Sang & Or qui, après des années de galère, a remonté la pente en interne, pour retrouver les sommets sportifs. Deuxième de Ligue 2 derrière Lorient, le RC Lens poursuit sa renaissance. Gervais Martel et les supporters lensois savourent.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (DENIS CHARLET / AFP)

Depuis dix ans, on a souffert. On a mangé notre pain noir, il était temps que l’avenir s’éclaircisse”, confie Jérémy, membre des Red Tigers, un des principaux groupes d’ultras lensois. Il poursuit : “Cette montée, putain qu’elle fait du bien ! Et même si elle se fait dans ce contexte particulier, on la savoure. On ne peut pas la fêter comme il se doit, mais quelle délivrance !”. Egalement contacté par France tv sport, l'ancien président emblématique du RC Lens, Gervais Martel abonde : “C’est une décision qui apporte beaucoup de bonheur. Un club comme Lens ne peut pas mourir”. Et pourtant, il a bien failli.

Miné par l'épisode Mammadov

Poids lourd du championnat de France depuis son titre en 1998, le RC Lens a vécu une décennie 2010 bien moins faste. Relégué en Ligue 2 en 2011, le club artésien y a passé huit des dix dernières saisons, bien loin de ses habitudes. Ce qui ressemblait d’abord à un accident de parcours a viré au cauchemar : en dépit de son statut et de son prestige, le RCL s’est enlisé en L2, avec une parenthèse en Ligue 1 en 2014-2015. Sauf que cette année-là, le stade Bollaert est en rénovation pour l’Euro, ce qui contraint le club à délocaliser ses matches à Amiens. Or, un RC Lens sans son stade, c'est un soldat sans fusil.

Ce n’était pas une vraie saison pour nous. Beaucoup n’allait pas au stade à Amiens. On a fait de nombreux matches nuls à domicile qui auraient été des victoires si cela s’était joué à Bollaert. C’était une année étrange, on était là sans être vraiment là”, se souvient Jérémy. “Le club a traversé des années délicates, avec des problèmes d’actionnaire, cela a été difficile de s’en remettre”, avoue Gervais Martel. Arrivé en 2013 avec beaucoup d'ambition, l’actionnaire en question, l’Azerbaïdjanais Hafiz Mammadov, n’apporte alors pas l’argent promis. L’ombre d’une relégation administrative en National plane, en plus de la relégation sportive. A peine de retour en L1, Lens termine bon dernier. Retour à la case L2.

Finalement, le RC Lens se débarrasse de son prince pas charmant en 2016, et repart de l’avant. Comme la saison passée, le club manque de peu la montée en 2016-2017. L’année suivante, c’est la descente que Lens manque de peu, pour des raisons seulement sportives, cette fois. “A un moment, on a commencé à perdre espoir”, confie Jérémy. Passés tout près de la troisième division, les Artésiens se redressent la saison dernière et échouent d’un rien en barrages d'accession à la L1 contre Dijon en mai 2019, après avoir battu le Paris FC et Troyes en play-offs. Cette année enfin, quelques semaines après la mort de Daniel Leclercq, Lens retrouve le sourire. “On monte grâce à notre dernière victoire contre Orléans, acquise d’un rien : la chance a enfin tourné”, apprécie Jérémy. 

Une longue renaissance

De la chance, mais pas que. Si Lens a passé une décennie dans l’ombre - maintenant toutefois des affluences remarquables, avec 25 000 spectateurs de moyenne cette saison, soit la 5e affluence de France - , c’est parce que le club a longtemps été miné par l’épisode Mammadov. Depuis 2016, l’arrivée du groupe Solférino piloté par Joseph Oughourlian a remis les choses en ordre. “Il a fait du très bon travail. Ce n’est pas facile de passer 4 ans en ligue 2. Il a retapé le club, je suis très content pour lui”, adoube Gervais Martel, président du RCL de 1988 à 2012 et de 2013 à 2017.

L’arrêt de la saison à cause du Covid 19 sourit donc au RCL, promu en étant deuxième à un point du leader lorientais. “On l’a mérité sportivement, on a été devant toute la saison. On était champion d’automne à la trêve. Certes, c’est une montée sur tapis vert, mais sportivement cette fois, tout roulait : on y serait arrivé”, assure Jérémy. Gervais Martel complète : “Vous savez, quand on remonte en 1991 en D1, on le fait sur tapis vert aussi. Et ensuite, on vit une belle décennie. Le club s’est déjà reconstruit sur un tel scénario”. Bis repetita ?

Au delà du bonheur de retrouver la Ligue 1, cette montée signifie la fin d’un long calvaire pour les supporters Sang & Or : “C’est la fin du flou. Maintenant on a un actionnaire qui met de l’argent, qui est cohérent, qui a les reins solides. Là on part en Ligue 1 avec une structure, des finances nettes et en plus des nouveaux investissements : tous les feux sont au vert”, savoure Jérémy. Il poursuit : “C’est le retour de beaucoup de choses, des gros matches. Evidemment, s’il y en a un à sortir, c’est le retour contre Lille”.

Pas surpris, Gervais Martel apprécie toutefois ce renouveau : “On s’y attendait, on était fort cette saison. Et Lens est un club centenaire. L’histoire d’un club est faite de cycles, comme celle de l’OM. Là, on part sur un nouveau cycle”. Surtout, à l’heure où le championnat de France se métropolise, la ville de Lens réussit à rattraper un wagon qui oublie de plus en plus les petites agglomérations, en témoignent les problèmes de l’AJ Auxerre ou du CS Sedan. “On a un bassin de population bien au-delà de Lens, ceci explique cela”, nuance Gervais Martel, qui conclut : “Avec les nouveaux droits TV, il fallait absolument monter cette année parce que cela va se compliquer ensuite avec l’écart budgétaire en Ligue 1 et Ligue 2”. Et après une décennie dans l’ombre, Lens ne veut plus revivre cela. 

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