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Amiens saisit le tribunal administratif de Paris pour contester sa relégation en Ligue 2


Après plusieurs live Facebook et le lancement d’une pétition en ligne, l’Amiens SC accélère son combat contre la décision de la LFP de le reléguer avec Toulouse en Ligue 2, suite à l’arrêt des championnats. Ce mardi, le club a donné une conférence de presse de plus d’une heure pour exposer ses arguments et annoncer qu’il avait saisi le tribunal administratif de Paris. Les Picards demandent une annulation de leur relégation et proposent un élargissement provisoire de l'élite à 22 clubs.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

"Le soldat amiénois n’est pas mort et personne ne dansera sur sa tombe", a affirmé John Williams, conseiller sportif d’Amiens, ce mardi lors d’une conférence de presse exceptionnelle. Sous un logo du club revisité, siglé d’un « Union Sacrée », l’état major du club et de la ville a pris la parole. Autour du président Bernard Joannin, président du club, les élus de la ville et l’avocat du club. Le but de cette conférence de presse de plus d’une heure : annoncer la saisie du tribunal administratif de Paris pour contester la relégation d’Amiens en Ligue 2, suite à l’arrêt des championnats.

Le club dénonce une décision « injuste et infondée »

Visiblement déterminé, le président Bernard Joannin a dénoncé à plusieurs reprises la décision de la LFP de reléguer Amiens (19e) et Toulouse (20e) en Ligue 2, après seulement 28 journées : "Cette décision est injuste, incohérente, infondée. Comment peut-on reléguer à la 28eme journée deux équipes alors qu’il reste un quart du championnat à effectuer ? C’est une décision contraire à l’équité sportive, une décision sanction de la part de la Ligue. Un championnat c’est 38 matches. 28 journées, ce n’est pas révélateur de la performance des équipes" a martelé le président amiénois, en prenant l’exemple du LOSC : "Nos amis lillois, il y a deux ans, ils étaient 19e à la 28e journée et ont réussi à se sauver"

Présent dans la salle, Luka Elsner, l’entraîneur, a d’ailleurs assuré qu’il pensait son groupe capable de se maintenir, malgré l’absence de victoire pour Amiens depuis début novembre : "Le groupe avait toutes les ressources nécessaires pour répondre à cette bataille. On allait affronter des concurrents directs". Le conseiller sportif, John Williams, a lui interpelé directement la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, en faisant écho à son titre de championne du monde de 200m dos en 1998 : "Elle est devenue championne du monde grâce à une grande fin de course, madame la ministre est capable de comprendre que le sprint final peut tout changer".

Rendez-vous au tribunal administratif de Paris

A défaut des terrains, cette bataille Amiens a décidé de la mener en Justice. Si le club soutient totalement la décision d’arrêter les championnats face à la pandémie de Covid-19, il a décidé de contester les conséquences de cette décision, à savoir sa relégation. "Il restait 26% du championnat à disputer, c’est comme si on arrêtait un match autour de la 66e minute. Tout le monde sait qu’un match se joue souvent après la 66e minute", a imagé Maître Christophe Bertrand, l’avocat du club. Après avoir cité les exemples d’autres disciplines dont les championnats n’ont pas acté de relégations, Bernard Joannin a affirmé que la décision avait été prise "dans la précipitation, sans concertation" et qu’elle manquait de "solidarité et d’humanité".

Dans ce but, Amiens a donc saisi le tribunal administratif de Paris pour demander l’annulation de sa relégation, en appelant aux principes généraux du Droit, dont l’équité, qui prévalent lorsqu’il y a un vide dans le règlement. "Nous sommes contraints d’aller en Justice. Les arguments de Droit sont de notre côté, je vous l’assure. Je suis persuadé que la justice nous donnera raison", a répété le président amiénois. Pourtant, si jamais décision favorable à Amiens il y avait, elle interviendrait certainement après la reprise du championnat. Qu’importe pour le club picard, qui perdrait entre 40 et 50 millions d’euros en cas de relégation. "Cette décision est injuste. Et je l’aurais attaquée de la même façon si un autre club était à ma place", a assuré le président, avant de préciser : "Si le juge prononce l’annulation de cette relégation, le monde du foot devra se mettre autour d’une table".

Un championnat à 22 comme solution

Concrètement, le club amiénois proposerait alors un championnat à 22 équipes avec quatre descentes la saison prochaine, pour revenir à 20 équipes dès l’exercice suivant. Une proposition que le club juge viable sportivement et juridiquement, au contraire de plusieurs autres présidents de Ligue 1. "J’adore ce pays, c’est un état de droit, une démocratie. Tout le monde doit s’exprimer. Je les ai entendus", s’est contenté de répondre Bernard Joannin. Le club picard a même proposé d’abandonner une partie de ses droits TV pour combler le manque à gagner en la matière si le championnat comptait 22 équipes au lieu de 20.

Sans se départir de son sourire, le président Joannin a ainsi exposé la détermination du club à ne pas se laisser faire, fort du soutien des élus autour de lui, et de nombreuses personnalités ayant signé la pétition du club : "Je ne suis pas surpris, mais cela me fait chaud au cœur. Si notre combat n’était pas juste, ces personnalités ne seraient pas venues signer la pétition". Dans la même situation, le Toulouse Football Club a déposé une requête de son côté. Après plus d’une heure à exposer les arguments du club, Bernard Joannin a conclut, plein d’optimisme : "A très bientôt, en Ligue 1".

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