Alonzo: "J'aimais bien le Clasico Ă l'ancienne"
Que représente pour vous le choc OM-PSG ?
JĂ©rĂŽme Alonzo: Beaucoup d'Ă©motions et beaucoup de souvenirs. Ce n'est pas un match comme les autres. C'est trĂšs spĂ©cial et on ne peut pas toucher du doigt cette diffĂ©rence tant qu'on ne l'a pas vĂ©cue. Quand j'y ai participĂ©, il n'y avait pas de haine, ce n'Ă©tait jamais une guerre. Mais c'est la suprĂ©matie, mĂȘme quand l'un est en haut du classement et l'autre en bas. Ce n'est plus une histoire de classement, mĂȘme si cette annĂ©e, ce match concerne le premier contre le deuxiĂšme.
Aviez-vous des préparations différentes par rapport aux autres rencontres de la saison ?
JA.: Sur le terrain, pas du tout. Mais au niveau de la vie extérieure, il fallait faire trÚs attention. Les amis, les médias, tout est décuplé. Il y a une cinquantaine de demandes de places en plus de la part des premiers, une trentaine de demandes d'interviews pour les seconds... Il faut rester dans sa bulle, sans pour autant que ce soit silence-radio. Mais c'est comme ça que j'ai géré ces matches, et c'est ce qui m'a permis de les réussir.
Le VĂ©lodrome ouvert moins "chaud" que le Parc
Dans quel club se trouve la plus grande pression médiatique et la plus grande pression populaire ?
JA: Dans la rue, au quotidien, on peut dire que la pression est plus forte à Marseille. C'est le cÎté méditerranéen. Mais j'étais trÚs jeune lorsque j'ai évolué à Marseille, et je n'ai pas ressenti cette pression. Si j'avais eu à disputer un Clasico, je serais resté cloitré chez moi toute la semaine avec les miens. La pression sportive me semble équivalente dans les deux clubs.
OĂč l'ambiance est-elle la plus chaude ?
JA:Â Au Parc des Princes, mais pour des raisons techniques. Le VĂ©lodrome ouvert n'est plus l'ancien VĂ©lodrome, et le bruit est donc beaucoup plus fort au Parc.
Quel est votre meilleur souvenir de Clasico du cÎté de l'OM et du cÎté du PSG ?
JA: Je n'ai pas de souvenir marquant du cĂŽtĂ© de l'OM. J'ai vĂ©cu ces matches par procuration, car j'Ă©tais la doublure de Kopke. A Paris, mon meilleur souvenir, c'est mon premier Clasico. C'Ă©tait en Coupe de France en fĂ©vrier 2002, et j'avais arrĂȘtĂ© quatre penalties. Vous pouvez imaginer mon Ă©tat de nerfs Ă l'issue de ce match. En plus, Ă l'Ă©poque, ma fiancĂ©e Ă©tait Marseillaise. C'Ă©tait assez sur-rĂ©aliste. Avant le match, j'avais envie de vomir, je suis passĂ© par une peur immense. Mais ça a Ă©tĂ© un de mes plus beaux matches. Ces Ă©motions, je les ai vĂ©cues Ă©galement pour St-Etienne - Lyon, un derby dans lequel il y avait plus de haine. Car il ne faut pas oublier que cette rivalitĂ© n'est pas naturelle. C'est une rivalitĂ© fabriquĂ©e, synthĂ©tique. Elle perdure, elle a Ă©tĂ© attisĂ©e, mais au dĂ©part, c'Ă©tait presque du "chambrage".
"Notre Clasico est touchant"
Quels joueurs ont le mieux incarné ce choc ?
JA: Basile Boli, Franck SauzĂ©e, Gabriel Heinze, Pauleta, JoĂ«l Bats, et puis Fabrice FiorĂšse. C'est lui qui crucifie l'OM Ă Marseille dans les derniĂšres secondes et un an aprĂšs, il signe lĂ -bas. C'est Ă partir de lĂ que le syndrome "FiorĂšse" a fait peur Ă beaucoup pour faire ce voyage entre les deux clubs. J'ai aussi jouĂ© dans les deux, mais il y avait eu quatre ans d'Ă©cart. Jamais personne ne m'en a fait la remarque. Depuis que je suis Ă la retraite, les Marseillais me considĂšrent un peu comme l'un des leurs. Ca me fait super plaisir car c'est Ă Marseille que les choses sĂ©rieuses ont commencĂ©. C'est l'OM qui m'a mis le pied Ă l'Ă©trier. Si ça se passait mal ici, j'aurais peut-ĂȘtre fini Ă La Seyne-sur-Mer...
Ce Clasico à la française est-il comparable à celui opposant Barcelone au Real Madrid ?
JA: Non. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut le galvauder. Ils se ressemblent car il ne s'agit pas de derby. Notre Clasico est touchant.
Avez-vous des regrets sur les années 90 et ce Clasico trÚs électrique ?
JA: Bien sĂ»r, je regrette tout ce qui concernait le verbe. Mais il y avait alors des gens qui savaient faire. N'est pas Bernad Tapie ou Michel Denisot qui veut. C'est compliquĂ© de faire monter la pression dans la presse. Il faut faire mal sans ĂȘtre vulgaire. Quand on ne sait pas, ça devient vite vulgaire. Et mĂȘme l'Ă©lectricitĂ© sur le terrain. Vous souvenez-vous de grosses blessures lors de ces matches ? Non. LĂ aussi, n'est pas Moser ou KombouarĂ© qui veut. Ils n'allaient pas pour casser des jambes, mais pour intimider. L'intimidation, c'est aussi ça qui me donne envie de jouer. A l'ancienne, comme on dit, j'aimais bien.
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