Neymar : Santos entre dans la danse
La semaine dernière, la plainte d'un "socio" (supporter-membre) du Barça pour "appropriation indue" dans ce transfert de mai 2013, un délit apparenté en droit français à un abus de bien social, avait ouvert le cycle des turbulences, avec la démission du président du club espagnol, Sandro Rosell.
Son ex-bras droit et successeur, Josep Maria Bartomeu avait alors révélé les détails financiers du transfert, annoncé par le Barça en mai 2013 à 57,1 millions d'euros, mais qui a finalement atteint la barre des 86,2, sans compter le salaire de base du joueur (8,8 M EUR bruts annuels).
Ce petit séisme a ensuite connu des répliques au pays du "futebol", où Neymar (21 ans) est LA star, N.10 de la Seleçao qui évoluait dans le club fétiche du Roi Pelé et qui fut élu meilleur joueur de la Coupe des Confédérations remportée avec le Brésil en juin dans la foulée de son transfert. Mercredi, au tour de la justice brésilienne. Le ministère public fédéral (MPF) souhaite vérifier si le père et agent du joueur, Neymar da Silva Santos, s'est rendu coupable d'une "éventuelle fraude fiscale" après "la publication de nouvelles informations dans la presse qui font état d'un encaissement présumé de ressources de l'ordre de 130 millions de reais", environ 40 millions d'euros. Cette somme correspond à la part "d'indemnisation" versée par le Barça à l'entreprise N&N, propriété des parents de la star.
Une première investigation du MPF ne lui avait pas permis d'élucider totalement la situation fiscale de N&N, "qui selon des données fournies par le ministère des Finances, indiquait l'existence de dettes fiscales". Le ministère public brésilien compte désormais éplucher de manière approfondie les documents réclamés au Trésor public, voire contacter son homologue espagnol. Le père du joueur avait pris les devants mardi, affirmant qu'il ne devait "rien aux impôts au Brésil et en Espagne". Neymar Senior avait justifié les 10 millions d'euros reçus dès 2011 de la part du club catalan en parlant de garantie en cas de départ de son fils sans indemnités au terme de son contrat à Santos en 2014, et en échange d'une priorité donnée au Barça dans les négociations.
"Indignation" de Santos
L'entreprise familiale, dont les bureaux se trouvent dans une bâtisse quasiment toujours fermée dans la petite ville de Sao Vicente près de Santos (Etat de Sao Paulo), en a récupéré 30 de plus lors du transfert. Cette somme faramineuse a poussé le club de Santos à monter au créneau. Son président, Odilio Rodrigues, a dit mercredi soir avoir prié l'agent de lui montrer les accords commerciaux conclus avec le Barça, et s'être vu opposer un refus pour cause de "confidentialité". M. Rodrigues a du coup annoncé qu'il allait lui aussi demander à la justice des éclaircissements, pour savoir si son club est en droit de récupérer de l'argent. "Nous ne disons pas avoir été lésés, a dit M. Rodrigues. Si cela se réfère à des bonus, des salaires et une commission pour l'agent de Neymar, l'argent est légitime et est à lui. Mais si nous nous rendons compte que cet argent caractérise le transfert de Neymar, nous allons défendre nos droits".
Car après avoir perçu les 17,1 millions du transfert en mai, dont 45% reversés à deux entreprises détentrices de droits sur le joueur, la direction du club pauliste est tombée des nues à l'annonce barcelonaise du montant de 57 millions d'euros. "Cela a créé chez nous tous surprise et indignation", a dit son président. Santos avait alors demandé des explications au Barça. Réponse du président Sandro Rosell: ces 40 millions "n'ont rien à voir avec Santos" et rémunèrent "d'autres acteurs de la négociation", sans les identifier, selon M. Rodrigues. Neymar, lui, est actuellement blessé. Le sera-t-il moralement, à quelques mois de la Coupe du monde au Brésil ?
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