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Barça : une Liga et des dégâts

Sacré champion d'Espagne pour la 22e fois de son histoire, le FC Barcelone règne de nouveau sur la Liga après l'intermède Real la saison passée. Pour autant, la saison des Blaugrana laisse un goût un peu amer. L'humiliation reçue contre le Bayern n'a fait que confirmer que le fond de jeu catalan s'était étiolé au fil des mois et c'est sur la réserve que le Barça termine l'exercice 2012-2013. Entre célébration et frustration, il doit désormais rebondir.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Lionel Messi (Barcelone)

Il y a quelques moins encore, le Barça faisait des dégâts. Maintenant, il fait surtout débat. L'équipe catalane, qui domine l'Europe depuis 2006, est-elle arrivée en fin de cycle ? "Fin de cycle", l'expression est lâchée. Partout on la voit accolée au nom du club catalan qui vient pourtant de remporter le 22e titre national de son histoire. Mais la manière dont il a été acquis, en profitant du nul du Real à l'Espanyol (1-1) et sans jouer, ainsi que les derniers mois plus que poussifs des Blaugrana sont venus quelque peu ternir la fête. Il y a surtout cette gifle monumentale reçue en demi-finale de la Ligue des Champions contre le Bayern Munich (4-0, 0-3) qui rougit encore les joues barcelonaises. Car régner sur son championnat c'est bien, mais quand on s'appelle FC Barcelone, on ne saurait s'en contenter. S'ils venaient toutefois à remporter leurs quatre derniers matchs en Liga, les hommes de Vilanova parviendraient à égaler le nombre record de points sur une saison (100) détenu jusque-là par le Real de l'an passé. L'exploit serait de taille mais, pour beaucoup de fans barcelonais, il ne constituerait  qu'un pis-aller.

Tout avait pourtant commencé comme dans un conte de fées. Tito Vilanova, le remplaçant de Pep Guardiola (14 titres en 4 ans !), avait réussi un insuffler un vent de fraîcheur dans un groupe qui avait semblé usé par le dirigisme de son ancien coach. Plus laxiste dans sa gestion humaine, l'ancien entraîneur de l'équipe réserve, formé au moule catalan, faisait prendre la pâte. Résultat 55 points sur 57 possibles lors de la première partie de la saison. Record absolu. Dans le même temps, l'ennemi madrilène patine et va compter jusqu'à 18 points de retard. A ce moment-là de la saison, Lionel Messi marche sur l'eau et ses coéquipiers sont au diapason du maestro argentin. Tout se gâte subitement début 2013. Vilanova, malade d'un cancer à la glande salivaire, fait une rechute, et les partenaires de Xavi commencent à perdre des points en route. Première défaite contre la Real Sociedad en janvier (3-2) avant deux revers consécutifs face à l'ennemi meringue, en championnat et en Coupe du Roi. Mais c'est sur la scène européenne que l'image blaugrana va sérieusement s'écorner.

Messi, l'arbre qui cache la forêt ?

Après avoir frisé la correctionnelle contre l'AC Milan et le PSG, Barcelone sombre corps et bien face au Bayern Munich. La différence d'envie, de niveau même, est patente. Là où les Allemands proposent un football dynamique, porté vers l'avant et spectaculaire, les Catalans caricaturent à l'extrême ce qui a fait jadis leur force. Les passes sont désormais latérales. Il n'y a plus de pressing, plus de percussion. Il n'y plus d'idées tout simplement. Si certains matchs domestiques, face à des équipes moyennes, avaient déjà laissé entrevoir une baisse de régime, celle-ci éclate au grand jour face aux Bavarois. Les raisons de ce déclin, impensable en 2012, sont légions. 
-Les maladies de Vilanova et d'Abidal (cancer du foie) ont certainement instauré un climat pesant et peu propice à l'épanouissement individuel et collectif du groupe.
-Le coach, pas plus que son adjoint Moura, n'ont su faire les adaptations techniques lorsque leur équipe tournait à vide.
-De même, ils n'ont pas assez fait reposer leurs cadres, laissant la plupart des jeunes (Tello, Thiago) sur le banc et usant jusqu'à la corde les habituels titulaires (Busquets et Xavi, entres autres, ont terminé sur les rotules).
-Les blessures, notamment dans le secteur défensif (Puyol, Adriano, Mascherano) ont fait apparaître des lacunes béantes dans ce domaine.
-Enfin, et c'est sans doute le critère le plus déterminant dans l'effondrement catalan en cette fin de saison, le Barça s'est montré beaucoup trop "Messi-Dépendant" en attaque.

Quand il est en pleine possession de ses moyens, le n°10 possède assez des génie dans les jambes pour compenser les défaillances de ses partenaires offensifs. Si Iniesta n'est bien sûr pas à incriminer, Pedro mais surtout Villa, Fabregas et Alexis Sanchez n'ont pas assez apporté. Alors, quand Messi a flanché (blessure à la cuisse contre le PSG), c'est tout le Barça qui a boité. C'est sur cet axe que la cellule recrutement de Barcelone devra plancher durant l'intersaison. On parle de Neymar pour épauler l'homme aux 46 buts en Liga cette saison comme on évoque Hummels ou Thiago Silva pour sécuriser les bases arrières. Tito Vilanova, lui, annonce "une évolution mais pas de révolution". Il faudra en tout cas se renouveler pour que ce 4e titre national en 5 ans ne soit pas le chant du cygne catalan. 

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