Barça-Real : le Clasico a-t-il perdu de sa saveur ?

Le FC Barcelone, 3e de la Liga, accueille samedi le Real Madrid, leader du classement, à l’occasion de la 11e journée du championnat espagnol.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Jules Koundé et David Alaba lors du dernier match entre le FC Barcelone et le Real Madrid au Camp Nou, le 5 avril 2023. (IRINA R HIPOLITO / SPAIN DPPI)

"Entre le Clasico et un grand choc de Premier League, je choisis le gros match de Premier League sans hésiter." Supporter de l’Olympique de Marseille, Théo est un observateur avisé des championnats étrangers. Ces dernières années, le Clasico, qui voit s’affronter chaque année le FC Barcelone et le Real Madrid dans le championnat espagnol, a perdu de sa superbe selon lui : "Ça m’a fait vibrer entre 2010 et 2015 avec le style de jeu du Barça. Mais je préfère aujourd’hui l’intensité et l’atmosphère d’un grand match de Premier League."

Théo n’est donc pas certain de regarder le Clasico entre le Barça et le Real, qui se jouera samedi 28 octobre. Depuis plusieurs saisons, d’autres chocs semblent avoir supplanté ce rendez-vous dans l’imaginaire collectif. La rivalité entre le Liverpool de Jürgen Klopp et le Manchester City de Pep Guardiola a été en vogue ces dernières années, comme celle qui se dessine entre les Citizens et le Arsenal de Mikel Arteta.

Dans le même temps, le Clasico, match suivi dans plus de 180 pays et regardé par plusieurs centaines de millions de téléspectateurs, a souffert de plusieurs facteurs. La situation financière déplorable du Barça, dévoilée au grand jour lors de la crise du Covid-19, a joué. Le club catalan a connu des résultats sportifs en baisse, tandis que plusieurs figures des Clasico de la décennie 2010 ont quitté la Liga, comme Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, Neymar, Karim Benzema, Luis Suarez ou encore Sergio Ramos.

"Ce match reste au-dessus des autres"

"Il y a moins de stars et de rivalités entre joueurs dans le match. Ça n’est plus l’époque des clashs entre José Mourinho et Pep Guardiola", concède Alexandre, un supporter du Barça, qui privilégiera tout de même un Clasico à un autre grand match. "Le Clasico reste un rendez-vous très spécial, même s'il n'y a plus le duel entre Ronaldo et Messi. Mais à choisir, je regarderais un grand match de Premier League", soutient de son côté Blaise, dont le cœur penche pour l’Olympique lyonnais en France.

En Espagne, les départs de plusieurs figures du Clasico ont évidemment interrogé sur l’attractivité du championnat espagnol à l’étranger, voire au pays. Mais concernant le match Barça-Real, aucune inquiétude. "C’est vrai qu’il y a beaucoup de très grands matchs dans d’autres championnats, comme en Premier League. Mais le Barça-Real, il n’y en a qu’un. Ce match reste au-dessus des autres", assure Alfredo Martinez, journaliste pour la radio espagnole Onda Cero.

Un avis partagé par Javier Tebas, le président de la Ligue de football espagnole, sur ESPN Deportes en octobre 2022 : "C’est le match numéro 1 dans le monde, sans aucun doute." Le dirigeant espagnol évoquait alors "l’histoire" de ce choc, et la "rivalité" entre les deux équipes. Une rivalité qui a repris du poil de la bête ces derniers jours et qui pourrait ajouter du piment à la rencontre, en raison de l’affaire Negreira, toujours en cours, dans laquelle le club catalan est accusé de corruption arbitrale et d’un tweet de Mikel Camps à propos de l'attaquant madrilène, Vinicius Junior.

"Ce n’est pas du racisme, il mérite des claques pour faire le clown et le fanfaron. Quel est l’intérêt de ces passements de jambes inutiles et insensés au milieu de terrain", a écrit sur X (anciennement Twitter) le membre du conseil d’administration du FC Barcelone alors que Vinicius s'est dit victime de nouvelles injures racistes lors d'un match à Séville. En raison de ces propos, Florentino Pérez, le président du Real Madrid, pourrait boycotter le Clasico samedi, comme ce fut le cas l’an dernier au Camp Nou.

Une nouvelle génération de joueurs

Ces querelles ne disent rien de l'avènement d'une rivalité sportive, qui pourrait se construire sur de nombreuses années. Le Barça et son entraîneur Xavi se reposent sur un jeune effectif, incarné par Pedri (20 ans), Gavi (19 ans) ou encore Lamine Yamal (16 ans). Même constat pour le Real, qui compte encore quelques anciens comme Toni Kroos (33 ans) et Luka Modric (38 ans), mais qui mise sur l’avenir avec Vinicius (23 ans), Rodrygo (22 ans), Aurélien Tchouameni (23 ans) ou encore Eduardo Camavinga (20 ans).

La Maison Blanche s’est même trouvé une nouvelle coqueluche, en la personne de Jude Bellingham (20 ans), arrivé l’été dernier et auteur d’un début de saison exceptionnel. "Je veux rester au Real pour les dix ou quinze prochaines années de ma vie", a assuré l’Anglais il y a quelques jours. De quoi pérenniser une rivalité et un antagonisme avec les joueurs du FC Barcelone, qui parvient généralement à conserver ses jeunes pépites.

Malgré l’absence de plusieurs joueurs blessés (Jules Koundé, Pedri, Eder Militao, Thibaut Courtois) pour le match de samedi, "le Clasico continue d’avoir une attractivité immense, en Espagne comme à l’international", affirme Alfredo Martinez. Un spectacle attendu, notamment par beIN Sports, diffuseur du championnat espagnol en France, qui continue de faire du Clasico son produit phare et qui devra renouveler dans les prochains mois son contrat le liant à la Liga.

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