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Les papys de la Juventus sur la route de Lyon en Ligue Europa

Autant l'équipe lyonnaise est juvénile, autant la Juventus de Turin s'appuie sur sa vieille garde. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6 min
Un supporter de la Juventus de Turin grimé avec une perruque et une fausse moustache, le 13 mars 2014.  (GIORGIO PEROTTINO / REUTERS )

Le surnom du club de la Juventus de Turin, c'est la "Vieille Dame" et ce n'est pas totalement un hasard. Le futur adversaire de l'Olympique lyonnais en quarts de finale de la Ligue Europa, jeudi 3 avril, a certes des jeunes pousses de grand talent – on pense au Français Paul Pogba, 21 ans – mais compte aussi dans ses rangs des vétérans chevronnés qui incarnent mieux que personne l'esprit de la Juventus, un club vraiment pas comme les autres. Devant le match, c'est eux qu'il faudra regarder en priorité. Portraits de ces joueurs infatigables.

Gianluigi Buffon, le gardien du temple

Un supporter de la Juventus brandit une bannière représentant Gianluigi Buffon en Superman, le 10 novembre 2013.  (STEFANO STELLARDINI / REUTERS)

Un palmarès démentiel. Attention, la liste est longue : quadruple champion d'Italie, quatre fois élu meilleur gardien du monde entre 2004 et 2008, vainqueur de la Coupe du monde en 2006, vainqueur de la Ligue Europa en 1999... Il ne manque qu'une Ligue des champions à son palmarès. Il a touché son rêve du doigt, en 2003, mais le Milan AC l'emporte aux tirs au but. On le croisait, quelques minutes après la fin du match, hagard, une clope au bec : "Quand aurai-je à nouveau une chance comme celle-ci ?", s'interrogeait-il alors.

Le truc en plus. 2003 et 2004 sont deux années noires pour Buffon, qui souffre d'une dépression. Un mal fréquent dans le foot, particulièrement chez les gardiens, mais un tabou énorme. "Le problème est que, si je dis 'je m'en vais deux mois pour aller mieux', je suis fini. Il suffit que je rate un arrêt à mon retour, et on me rappellera cette période noire." Alors Buffon consulte un psychologue, en secret, raconte le Guardian (en anglais).

Le détail classe. "Je suis peut-être le seul footballeur qui ne s'intéresse pas aux voitures. Ma Lancia Y m'amène où je veux, c'est l'essentiel", déclarait-il au magazine britannique Four Four Two en 2008. Pas tape-à-l'œil, le gardien de la Juventus depuis une décennie a d'abord conduit une Fiat 500, qui faisait pâle figure dans le parking du centre d'entraînement des Bianconeri.

La petite faiblesse qui le perdra. Son nom figure en haut du dossier des paris interdits, scandale qui a éclaboussé l'équipe d'Italie avant l'Euro 2012. Entre janvier et juin de cette année-là, il a parié 1,5 million d'euros, contrevenant à la loi. "Je dépense mon argent comme je veux, même si, visiblement, en Italie, on ne peut pas", regrette-t-il, cité par So Foot.

Andrea Pirlo, 50% Jésus, 50% Chuck Norris

Le meneur de jeu de la Juventus Andrea Pirlo lors d'un match entre son équipe et le Torino, le 23 février 2014.  (MARCO BERTORELLO / AFP)

Un palmarès démentiel. Quadruple champion d'Italie, double vainqueur de la Ligue des champions, Andrea Pirlo a éclaboussé de sa classe tous les clubs par lesquels il est passé. Il a pratiquement inventé un poste, celui de meneur de jeu positionné en milieu défensif, juste devant la défense. "C'est le meilleur dans ce rôle", l'encense son ancien entraîneur au Milan AC, Carlo Ancelotti, dans le Guardian (en anglais). "C'est un joueur complet, il peut tout faire sur le terrain." Même gardien de but ? 

Le truc en plus. Sa barbe, qui lui donne un air de famille terrible avec Chuck Norris. 

Le détail classe. Son autre ressemblance frappante : celle avec Jésus. "Quand je le vois jouer, je me dis : 'c'est un dieu !'", confie son coéquipier Gianluigi Buffon à ESPN (en anglais). "La seule chose qui lui manque, c'est qu'il n'a pas encore commencé à multiplier les pains", écrit, sous le charme, la Gazzetta dello Sport après sa prestation à l'Euro 2012.

La petite faiblesse qui le perdra. Vouloir mourir sur scène, comme Molière (en tout cas, c'est ce que la légende dit). Jusqu'ici, la carrière de Pirlo constitue un sans-faute. Mis sur la touche au Milan AC, il décidé de quitter le club pendant une partie de Playstation avec un coéquipier. Comme cadeau d'adieu, les dirigeants du Milan lui offrent un magnifique stylo aux couleurs du club, en lui disant : "Tu ne l'utilises pas pour signer à la Juve, hein !" Pirlo rebondit... à la Juve, où il est pour le moment un titulaire indiscutable. Et pas question d'atterrir sur le banc pour finir en pente douce. "J'arrêterai ma carrière sur le terrain, pas en regardant les autres jouer." Il a déjà joué 38 matchs cette saison, pas mal pour un pré-retraité. Et la Coupe du monde approche...

Antonio Conte, l'entraîneur providentiel (en slip)

L'entraîneur de la Juventus Antonio Conte lors d'un match face à la Sampdoria, le 24 août 2013.  (CARLO BARONCINI / AP / SIPA)

Un palmarès démentiel. Antonio Conte, c'est cinq championnats d'Italie, une Ligue des champions (et trois finales perdues), suffisamment de coupes pour encombrer le dessus de la cheminée. Conte raccroche les crampons en 2004 et va faire ses preuves comme entraîneur en deuxième division. Un titre de Série B plus tard, il débarque à la tête d'une Juventus moribonde, pas remise de l'affaire du Calciopoli qui a entraîné sa rétrogradation. Conte prend ses fonctions le 31 mai 2011, et depuis, il a décroché deux titres de champion en deux ans (le troisième est en bonne voie) et n'a perdu que 5 matchs de Série A.

Le truc en plus. La Juventus est un club à part, qui n'a connu que 19 capitaines en plus d'un siècle d'existence. Antonio Conte est de ceux-là, porteur du brassard de 1996 à 2001. Pour de nombreux tifosi, c'est toujours "Il Capitano". Marcello Lippi, l'ancien entraîneur de la Juventus pendant les grandes années, ne s'y est pas trompé, dans le Guardian (en anglais) : "Conte a ramené 'l'esprit Juventus', quelque chose qui ne peut pas être compris en dehors du club." Comme l'esprit Canal, quoi...

Le détail classe. Antonio Conte a bien malgré lui renouvelé le style des célébrations de titre. Vous connaissiez l'entraîneur porté en triomphe par ses joueurs sur le terrain, celui qu'on jette dans la piscine des vestiaires... Mais Conte s'est fait déshabiller par ses joueurs et c'est en slip blanc qu'il est jeté dans l'eau glacée, puis aspergé de champagne, pour fêter le titre de champion acquis en mai 2013.

La petite faiblesse qui le perdra. Parler à la troisième personne. En mai 2013, Antonio Conte n'est pas certain de rester à la Juventus, et son nom est évoqué du côté du PSG et de Chelsea. Rumeurs vite dissipées, mais pas par l'intéressé qui se fendra de cette déclaration à la Alain Delon, citée par BBC (en anglais) : "Antonio Conte l'homme veut rester à 100%. Mais le professionnel, lui, a besoin de se poser et de discuter, comme ça se passe en fin de saison, par respect pour les fans, pour le club, et pour les joueurs."

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