Les dents de la pelouse, ou quand les sportifs mordent leurs adversaires
L'attaquant uruguayen de Liverpool, Luis Suarez, a mordu le bras d'un défenseur de Chelsea. Ce n'est pas un cas isolé, ni chez les footballeurs, ni dans les autres sports.
Aux Jeux olympiques antiques, le sport de combat le plus violent s'appelait le pancrace. Deux règles, pas plus, régissaient le combat : ne pas éborgner son adversaire et ne pas le mordre. Autant le premier commandement est respecté dans le sport moderne, autant le second est allègrement bafoué. Et même dans des sports où on ne s'y attend pas. L'exemple de l'attaquant uruguayen de Liverpool, Luis Suarez, qui a mordu le bras d'un défenseur de Chelsea dimanche 21 avril, n'est que le dernier exemple en date.
Dans le foot, on mord généralement au bras
Le mordeur le plus connu du sport moderne, c'est incontestablement Luis Suarez. L'attaquant est surnommé "le cannibale" depuis qu'il a mordu un joueur à l'épaule, lors d'un match au sommet en championnat hollandais, Ajax Amsterdam-PSV Eindhoven, en novembre 2010. Sa victime a fini le match avec le maillot en lambeaux. Suarez, lui, a écopé de sept semaines de suspension. L'Uruguayen est l'un des rares joueurs de très haut niveau à avoir mordu un adversaire, là où un coup de coude au thorax suffit à traduire votre exaspération face à un défenseur qui vous colle de trop près. "Je ne veux pas défendre Luis Suarez, mais, pour moi, ses bêtises sont la traduction d'une immense rage de vaincre", analyse le dirigeant de club Tor-Kristian Karlsen, sur Twitter (en anglais).
Seul Jermain Defoe, avant-centre anglais à l'époque à Tottenham, s'était risqué à mordre le bras d'un adversaire, en 2006. Pas vu par l'arbitre sur le coup, le joueur s'en était tiré sans la moindre suspension.
C'est en Amérique du Sud que le nombre de cas de morsures est le plus élevé sur le rectangle vert. Face à des adversaires rugueux et à des foules hostiles chauffées à blanc, un coup de dent est vite arrivé. En finale de la Copa Libertadores 2012, l'équivalent de la Ligue des champions, un défenseur brésilien a mordu la main d'un adversaire. L'année précédente, c'est le gardien du Recreativo Estrellas qui avait mordu le visage d'un adversaire lors d'un match de championnat régional argentin.
Mordre sous la ceinture, ça arrive
N'allez pas croire qu'on ne mord que les oreilles ou les bras. Il existe au moins deux cas incroyables de morsures au pénis ou aux testicules. En 2001, les joueurs du FC Séville se rassemblent pour célébrer un but. Le buteur, Jose Antonio Reyes, s'allonge pour recevoir les félicitations de ses partenaires, quand Francisco Gallardo décide de le mordre au pénis. "Je ne pense pas que ce que j'ai fait en valait vraiment la peine", reconnaîtra le joueur dans la presse espagnole quelques jours plus tard, cité par Sports Illustrated (en anglais). Avant de nuancer : "J'avais complètement oublié cet incident à la fin du match, je ne vois pas pourquoi je devrais être sanctionné pour ça." Finalement blanchi, il en sera quitte pour le ridicule à perpétuité...
Toujours sous la ceinture, le joueur de foot australien Peter Filandia a écopé d'une suspension de dix matchs pour avoir mordu les testicules d'un adversaire en 2002. "Je ne sais pas ce qui m'a pris, c'était une décision-éclair", tentera de justifier le joueur pour plaider sa cause, cité par le Guardian (en anglais).
Au hockey ou au rugby, mordre fait partie du jeu
Ces deux sports de combat trustent le hit-parade des morsures. En NHL, le championnat de hockey sur glace nord-américain, mordre son adversaire est un phénomène ancien. D'après la télévision canadienne CBC (en anglais), le premier doigt mordu sur les patinoires de NHL date de 1977. D'autres incidents sont à signaler dans les années 1980, mais la période récente 2005-2010 est décrite comme "l'âge d'or de la morsure". Cela dit, au hockey, où les bagarres sont scénarisées, les joueurs se mordent le doigt, protégés par un gant rembourré. Pas de risque de voir le sang couler…
Tout le contraire du rugby. Sport de contact par excellence, le ballon ovale connaît son lot d'oreilles mâchouillées. Prenez l'exemple du talonneur anglais Dylan Hartley. Il a mordu l'oreille du joueur irlandais Stephen Ferris en 2002 et écopé de huit semaines de suspension. Il avait dû se dire qu'il ne risquait rien : l'année précédente, Hartley s'était fait dévorer le bras par le Sud-Africain Pedrie Wannenburg lors d'un match de H-Cup. Ce dernier n'avait pas été suspendu, alors que les vidéos étaient édifiantes...
Contrairement aux sanctions prononcées en cas de fourchette dans les yeux, autre mauvais geste du rugby, les peines infligées pour les morsures d'oreille sont peu sévères. Le must du must restant les 200 dollars d'amende (environ 750 euros aujourd'hui) infligés en 1976 à Tommy Raudonikis, un joueur australien, qui s'était dénoncé comme "le mordeur fantôme". Il avait failli arracher le nez d'un adversaire avec ses dents.
La trêve olympique ? Connais pas
Dans les sports de combat individuels, on utilise ses dents en plus de ses bras et jambes. Teddy Riner a été mordu lors des championnats d'Europe de judo face à un adversaire ukrainien en 2011, relève RTL. Commentaire du futur champion olympique : "On s'est fait mordre, ce n'est pas très judo." Que dire alors de deux Cubains, un lutteur et une judoka (liens en anglais), qui ont mordu un adversaire lors des Jeux olympiques de Londres ? Le premier a été disqualifié, pas la seconde.
Mike Tyson, le mordeur le plus célèbre au monde
La morsure la plus célèbre de l'histoire du sport reste le double coup de dents de Mike Tyson sur les oreilles d'Evander Holyfield en 1997. Le début de la fin pour la carrière de Tyson, qui écope d'une amende de 3 millions de dollars et de la suspension de sa licence de boxeur. La chaîne américaine ESPN rapporte, dans son récit du combat, qu'à la troisième reprise, Tyson n'avait pas remis son protège-dents. Pour toute justification, le boxeur explique qu'il "a des enfants à élever". Les deux oreilles d'Holyfield seront réparées à l'hôpital, grâce au sang-froid d'un assistant qui a récupéré 2,5 cm d'oreille mâchouillée sur le ring et a mis les lambeaux dans un sac plastique.
Le phénomène semble épargner tennismen et golfeurs. Cela dit, eux, ils ont déjà quelque chose à mâcher…
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