Foot : le terrain "champ de patates" existe encore... pour l'instant
Ceux qui ont regardé le match Bastia-Marseille ont dû croire qu'une armée de tracteurs avait labouré le terrain. Eh non !
FOOT - Ceux qui ont regardé le match Bastia-Marseille, mercredi 12 décembre, ont dû croire qu'une armée de tracteurs avait labouré le terrain avant la rencontre. Eh non ! L'état du terrain de Bastia est catastrophique depuis le début de la saison. Ceux qui ont assisté aux rencontres du Losc ou de Bordeaux ces dernières semaines ont reconnu les escalopes de terre qui se décollent à la moindre frappe, les shorts maculés de boue des joueurs et les glissades au moment critique des défenseurs. Bref, le champ de patates dans toute sa splendeur, que les progrès dans la conception et l'entretien des terrains n'ont pas encore éradiqué.
Le champ de patates à l'ancienne, ça n'existe plus
A Bastia, sur les forums de supporters, certains sont favorables au fait évoluer sur la pelouse très dégradée de Furiani : "Oh oui ! Comme au bon vieux temps. Dix centimètres de boue en hiver et des nuages de poussière en été, pire que dans le désert ! Plus personne ne gagnera à Furiani !"
Les terrains impraticables qui favorisent la défense, où tout jeu ambitieux est rendu impossible, existent toujours. Rien dans le règlement de L1 ne permet de pénaliser une équipe dont la pelouse ressemble à un marécage, tant que le club a fait son possible. Mais les clubs refusent qu'on compare leur terrain à un champ de patates, certains demandant même des excuses, selon Le Télégramme, après la remarque d'un journaliste. Imagine-t-on aujourd'hui un joueur de L1 déclarer, comme une ancienne gloire du foot anglais des années 70 dans The Sun (lien en anglais) : "Le terrain était tellement boueux et plein de sable que le préposé au terrain a dû repeindre le point de penalty en plein match" ? Ou voir des actions de ce genre ?
Un vrai investissement pour les clubs
Beaucoup de clubs en France ont investi dans une pelouse en rouleaux, posée sur un savant empilement de sable, de terre, de graviers et livrée par des camions réfrigérés depuis le fin fond de l'Europe... A Bastia, le club a troqué l'antique pelouse de Furiani, bichonnée à l'engrais depuis la construction du stade contre une pelouse fournie par une entreprise espagnole. Installée en plein été, la première pelouse en rouleaux n'a pas pris - "à cause du manque de clarté du mois de juin", explique sans rire un dirigeant bastiais à Corse Matin. Ce qui a nécessité un changement, au mois de novembre... mais là encore, la pelouse s'est rapidement dégradée, au point de plus avoir de pelouse que le nom.
Le Stade de France change de pelouse plusieurs fois par an, Wembley, son équivalent londonien, a battu tous les records avec dix changements en trois ans. Le Grand Stade de Lille a consommé sa deuxième pelouse en trois mois, explique France 3 Nord-Pas-de-Calais. Comptez minimum 150 000 euros à chaque fois.
Chauffage, drainage et rayons UV
Pour aider la pelouse à prendre, de nombreux clubs de L1 ont investi dans des lampes qui régénèrent, par luminothérapie - en gros, des séances d'UV - la pelouse. Et ce pour donner au gazon l'ensoleillement dont le prive l'ombre des tribunes. Ces machines ont un prix : 700 000 euros. La plupart des clubs professionnels ont aussi un système de chauffage de la pelouse, un programme annuel drastique d'épandage d'engrais et de tonte au millimètre près, et un drainage de plus en plus performant pour empêcher l'eau de se maintenir à la surface.
Rappelez-vous du match Ukraine-France de l'Euro 2012, interrompu par un violent orage. Vingt minutes après, avec le travail des jardiniers et le système de drainage de la pelouse, il n'y paraissait plus.
Lassés des changements coûteux de pelouse, ou des conditions climatiques imprévisibles, plusieurs clubs ont sauté le pas et décidé d'utiliser une pelouse synthétique, comme Lorient et Nancy en France. D'autres, comme le Milan AC et Arsenal, ont adopté une pelouse hybride. Le champ de patates est clairement en voie de disparition au plus haut niveau...
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