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Le système D des clubs de foot pour surmonter la crise

Dernière idée en date : un club grec a demandé que les matchs aient lieu de jour pour économiser sur la facture d'électricité.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Giannis Baziolas, joueur et président du club de Voukefalas, se prépare à entrer sur le terrain, à Larissa (Grèce), le 20 octobre 2012. Son équipe est devenue célèbre pour s'être fait sponsoriser par une maison close locale et l'entreprise de pompes funèbres du coin. (JOHN KOLESIDIS / REUTERS)

FOOT- La crise économique ambiante n'épargne pas le football. Ce sport, que pratiquent 270 millions de personnes dans le monde d'après un rapport de la Fédération internationale de football (Fifa) (PDF), n'est pas épargné par le marasme actuel : de nombreux clubs ont du mal à boucler leurs fins de mois et à verser les salaires. Reste le système D, décliné en dix exemples.

1Jouer de jour pour économiser l'électricité

C'est ce qu'a demandé mercredi 29 octobre le club grec du Panathinaïkos. Décaler les matchs en journée lui permettrait de ne pas utiliser les projecteurs qui éclairent le terrain. En France, on les allume de jour comme de nuit. Reste à convaincre la fédération grecque et les télévisions, qui programment souvent ce club très populaire en prime time. Et cela ne fera sûrement pas revenir les spectateurs, qui ont déjà massivement déserter les stades pour regarder les rencontres sur le petit écran. Le choc entre le Panathinaïkos et l'AEK Athènes, qui se dispute d'habitude à guichets fermés, n'a attiré que 15 000 des 75 000 spectateurs que pouvait accueillir le stade (en anglais), le 7 octobre.

2Revenir aux bons vieux voyages en bus

Une solution souvent adoptée par des clubs en situation difficile. Le RC Lens, lors de sa rétrogradation en Ligue 2, a ainsi privilégié ce moyen de transport plutôt que l'avion pour les matchs disputés dans la moitié nord de la France, note le blog Univers Sang et Or.

En Grèce, pays dans lequel le football subit de plein fouet la crise économique, c'est plus extrême : le Veria FC, actuellement en première division, a mis plus de huit heures pour rejoindre le stade de l'Astéras Tripolis, distant de 800 km. Sèchement battus 3-0, les joueurs du Veria FC ont ensuite enchaîné avec le trajet retour, le club voulant économiser une nuit d'hôtel, raconte le site spécialisé A la culotte.

3Arrêter d'aller à l'hôtel

En Grèce toujours, l'AEK Athènes a renoncé au traditionnel rassemblement à l'hôtel la veille du match contre le Panathinaïkos. L'argent économisé a été reversé aux salariés du club qui ont des fins de mois difficiles. Un sacrifice mesuré pour les joueurs, l'AEK et le "Pana" étant tous deux des clubs d'Athènes.

4Demander aux supporters de sponsoriser l'équipe

C'est ce qu'a tenté le RC Lens, associé à MyMajorCompany, société qui a permis aux internautes de financer le chanteur Grégoire. Le programme MonRCLens.com prévoyait d'autoriser les internautes donateurs à voter pour la phrase qu'ils souhaitaient voir apposée sur le maillot de l'équipe. L'opération s'est soldée par un échec cuisant, rapporte La Voix des Sports. Le club espérait en tirer 250 000 euros mais n'en a récolté que 5 000. Lancée fin septembre, la collecte n'a duré qu'un mois.

Les Lensois affrontent Clermont-Ferrand, le 29 octobre 2012, à Lens (Pas-de-Calais). L'opération de crowdfunding MonRCLens.com, qui visait à faire financer le club par des dons de supporters, s'est soldée par un échec.  (MAXPPP)

A noter que ce genre d'opération a fonctionné pour le Vendée Globe 2012 : le navigateur Bertrand de Broc bénéficie du soutien financier de plusieurs milliers d'internautes, dont les noms ont été inscrits sur la coque de son bateau.

5Demander aux supporters de racheter l'équipe

C'est le happy end du foot espagnol. Le Real Oviedo, en grande difficulté en raison de multiples relégations, devait trouver cet automne 2 millions d'euros à brève échéance. La municipalité, propriétaire du club, elle aussi exsangue financièrement, a fait appel aux supporters pour acheter des parts du Real Oviedo, vendues 10,75 euros pièce. Un journaliste du Guardian, Sid Lowe, qui a des souvenirs émus de son séjour Erasmus dans la ville espagnole, a acheté des centaines d'actions et décrété la mobilisation générale. La médiatisation s'en ensuite emparée de l'affaire, comme le montre cet article de CNN (en anglais). Des anonymes du monde entier ont mis la main au portefeuille, ainsi que quelques anciennes gloires du club. L'histoire a même ému Carlos Slim, l'homme le plus riche du monde, qui a décidé d'injecter 2 millions d'euros dans le club le 18 novembre, à la veille de la date butoir de la clé sous la porte.

6 Obtenir la gratuité des transports et une ristourne pour les arbitres

Alertée par les clubs amateurs en grande difficulté financière, la fédération portugaise a décidé de faire un geste en payant tous les déplacements des équipes et a divisé par deux les indemnités versées aux arbitres, rapporte Reuters (lien en anglais).    

7Brader sa place en Coupe d'Europe

Vendre sa place en Coupe d'Europe, c'est ce qu'a dû faire, la mort dans l'âme, l'équipe de handball de Valladolid, en Espagne. Le club n'avait pas les moyens de participer à la compétition. "Valladolid est une victime de la crise, mais aussi de son succès sportif", regrette son manager Raul Torres. La Coupe d'Europe ruineuse ? Pas qu'en handball. Entre déplacements onéreux, frais liés à l'utilisation du stade, public peu nombreux... plusieurs clubs de foot rechignent à jouer les tours préliminaires de la Ligue Europa. La "petite Coupe d'Europe" n'est pas rentable dans ses premiers tours, rappelle Chronofoot, et ses droits télé sont ridicules comparés à la Ligue des champions.

8Demander un moratoire sur les rétrogradations

L'idée vient de la Sampdoria de Gênes, en Italie. En septembre, ses dirigeants ont proposé de suspendre les relégations de la Série A, la première division italienne, pour "trois ou quatre ans""Cela nous laisserait une chance d'augmenter progressivement les salaires des joueurs sans craindre les conséquences financières d'une relégation", synonyme de catastrophe économique pour une équipe, explique le club, cité par le site foot-italia.com (en anglais). Les autres clubs ont opposé un silence poli à cette requête. 

9Mettre la main sur un grand stade

C'est ce qu'essaie d'obtenir le club anglais de West Ham, qui lorgne sur le Stade olympique de Londres, avec le secret espoir de rééditer l'exemple de Manchester City. Après les Jeux du Commonwealth en 2002, les dirigeants des Citizens avaient en effet obtenu de louer à très bas prix l'infrastructure bâtie pour l'occasion aux frais du contribuable. Les autorités de la ville avaient cédé, ne voulant pas que l'enceinte devienne obsolète. Ce qui signifiait un cadeau de 150 millions d'euros au club. 

Le London Legacy Development Corporation, l'instance qui s'occupe de gérer l'héritage des Jeux olympiques, a annoncé qu'il faudrait environ 200 millions d'euros et trois ans minimum pour transformer ce stade pensé pour l'athlétisme en arène du foot, rapporte le The Guardian (en anglais). 

Le stade olympique de Londres (Royaume-Uni), durant les Jeux olympiques, le 3 août 2012. (JEWEL SAMAD / AFP)

10Etre un gros club

C'est encore la meilleure solution pour résister à la crise. "Malgré les dettes massives des clubs en Europe, il n'y a pas de réel risque de banqueroute pour les grands clubs contrairement à ce que risqueraient des sociétés normales, explique Bernd Frink, professeur d'économie à l'université de Paderborn (Allemagne), cité par Economy Watch (lien en anglais). Pour lui, même si un Real Madrid ou un Milan AC était acculé à la faillite, il y aurait toujours un investisseur pour tenter sa chance. 

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