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Le mercato d'hiver, c'était mieux avant (pour les clubs français)

Côté face, on peut voir le mercato d'hiver comme un pillage du championnat de France. Côté pile, comme l'illustration de la faiblesse économique de la Ligue 1.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'attaquant international Loïc Rémy pose avec le maillot des Queen's Park Rangers, son nouveau club, le 18 janvier 2013. (ANDREW COWIE / AFP)

Yann M'Vila parti au Rubin Kazan (Russie), Loïc Rémy aux Queen's Park Rangers, Mathieu Debuchy, Yapou Manga M'Biwa et Moussa Sissoko direction Newcastle et Guilaume Hoarau exilé en Chine. Le mercato d'hiver est ouvert depuis début janvier et six internationaux français ont déjà mis les voiles, loin du championnat de France, accompagnés d'autres joueurs majeurs du championnat (Yoann Gouffran, transféré à Newcastle) ou de jeunes pousses prometteuses (Massadio Haïdara, de Nancy).

On peut considérer le mercato d'hiver comme un pillage du championnat de France, ou bien comme l'illustration de la faiblesse économique de la Ligue 1.

Avant, un marché de l'occasion

Le mercato d'hiver, instauré en 1997, a toujours été vu comme un marché de complément en France. La saison dernière, la Ligue de football professionnel a enregistré 141 mouvements pour 56,5 millions d’euros en France lors du mercato d'hiver, contre 267 mouvements pour 181 millions d’euros pendant l'été. Le gros de la transhumance hivernale concerne des joueurs en manque de temps de jeu ou en fin de carrière, pas la fine fleur du championnat. Et quand une star est annoncée, c'est souvent à tort : on a bien donné le départ d'Emmanuel Petit au FC Metz en 2000, alors qu'il portait les couleurs de Barcelone. Il signera en fait l'été suivant à Chelsea.

Lisez donc la chronique exhaustive du mercato d'hiver 2006-07 sur le site de la Fifa (en trois morceaux : ici, ici et ici) : tête d'affiche en France, le retour de Péguy Luyindula et de Marcelo Gallardo au PSG, le départ de Matt Moussilou à Saint-Etienne et l'arrivée du jeune Fernando Cavenaghi aux Girondins de Bordeaux. Cherchez l'exode : le PSG s'était séparé de Fabrice Pancrate, et Lyon expédie son très grand mais très statique attaquant John Carew en Angleterre. Rien qui a bouleversé la hiérarchie du foot hexagonal.

Les clubs français désormais obligés de vendre

On vante souvent la solidité financière des clubs hexagonaux par rapport à la gabegie économique espagnole ou britannique, mais le modèle économique français n'est pas si vertueux. Dans son rapport 2008/2009, le gendarme financier du foot français diagnostiquait "une crise dans le modèle français de rentabilité, fondé principalement sur la formation et le négoce de joueurs", notent Les Cahiers du Football"La réalité du marché est que tout le monde est potentiellement à vendre dans l’écrasante majorité des clubs de L1", relève à juste titre Eurosport.

Le président lyonnais Jean-Michel Aulas rabâche à longueur d'interview que le départ d'un de ses deux attaquants vedettes, Bafétimbi Gomis ou Lisandro Lopez, ne serait pas une perte pour l'équipe. Le club est en quête d'un "transfert important", ce qui permettrait au club "d'être en ligne avec les décisions très fermes du conseil d'administration". Le cas de Lyon, en délicatesse avec ses finances, n'est pas isolé. Lors du mercato 2011-12, le meilleur buteur du championnat précédent, le Lillois Moussa Sow, a été poussé dehors par son club à Fenerbahçe, en Turquie. Il n'y a guère que le PSG qui peut se permettre de donner un chèque à son attaquant Nênê pour qu'il quitte le club, et qui n'a pas besoin de l'argent des clubs anglais pour équilibrer ses comptes.

Une étude de la BBC (en anglais) montre que le 16e de Premier League dépense toujours beaucoup pendant l'hiver pour éviter la relégation. Cette année, c'est Newcastle qui a sorti plus d'argent que tous les clubs de L1 (hors PSG). La série n'est peut-être pas finie, comme en témoigne ce tweet inquiet du président du FC Lorient avant le match des Merlus face à Troyes, le 19 janvier. 

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