La maison Bleue plongée dans le chaos
C'était en 2002. Ou en 2004. Après une élimination arrivée trop tôt, Lilian Thuram était resté interdit dans le vestiaire tricolore, évoquant sa retraite sportive. Avant que Zizou ne le rapporte dans son "pack" quelques mois plus tard, redonnant ainsi une ossature plus solide aux Bleus.
_ Hier soir, le même "Tutu" a fait la demande de ne pas jouer contre les Italiens (défaite 2-0). Trop juste physiquement, trop marqué sans doute par la déroute subie face aux Oranje (1-4), Thuram mettait un pied de côté, cette fois définitivement. Sa responsabilité au cours de la compétition a beau être engagée, on aurait pu imaginer une dernière plus émouvante et plus élégante pour un défenseur de 36 ans qui aura disputé sept phases finales de compétition internationale. Makélélé a également pris sa retraite hier.
Mais rien à faire, les Bleus version 2008 auront joué la pire partition possible. Un nul (et un point) acquis laborieusement, deux défaites, un but marqué pour six encaissés. La vraie "cata". Et quand joueurs ou membres du staff marmonnaient, visages fermés, de vagues excuses de chaleur ou d'arbitrage face aux nombreux médias, on comprenait bien que les choses ne tournaient plus rond depuis un moment dans le vestiaire. Altercations, jalousies, fossé générationnel, incompréhensions diverses....les Bleus nous ont concocté un mélange entre Loft Story et Dynastie.
Théâtre
Sur le terrain, cela n'a donné qu'un sketch sans inspiration et forcément indigeste, d'autant plus difficile à encaisser que les acteurs évitaient à tout prix de se remettre en question. On aura donc vu, dans le désordre, des défenseurs fatigués par leur saison, soit fébriles soit en fin de course (Thuram, Abidal, Sagnol voire Gallas). Un milieu de terrain flottant et incertain (Malouda à côté, lorsque Ribéry, Toulalan et Govou ne s'en sortaient pas trop mal, et encore). Quant à l'attaque, on aura vainement attendu que Benzema ou Gomis se réveillent, et que Henry prenne enfin ses responsabilités d'adulte.
Et le sélectionneur dans tout ça ? Personne ne sait, à vrai dire, sauf peut-être l'intéressé. Pendant longtemps, les manières bourrues et théâtrales de Raymond Domenech (qui avait compris mieux que quiconque comment fonctionnent les médias) ont gardé une saveur plutôt originale et rafraîchissante. Jusqu'à cet Euro.
Depuis le départ, et même depuis la phase de préparation, la maison Bleue s'est drapée dans une parano contagieuse, jouant à cache-cache avec la presse et l'humeur des supporters. La démarche consistant à se couper du monde pour ne pas s'exposer, et ne livrer aucune info à l'extérieur, aura vraisemblablement fait son temps.
Comme Domenech, d'ailleurs. Hier soir, sans qu'on sache s'il s'agissait d'une blague ou pas, il a évoqué des "choses positives" et l'arbitrage supposé défavorable, avant de demander sa main en direct à Estelle Denis. Déjà loin de tout ça, le coach, apparemment. Ils seraient trois pour lui succéder : Jean Tigana, Alain Giresse, et Didier Deschamps qui tiendrait la corde.
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