L'Italie et la France, en reconstruction
Raymond Domenech et Roberto Donadoni. Ou l'inverse ? N'en déplaise au sélectionneur (ex ? futur ? ) des Bleus qui a beaucoup fait pour souffler, au fil du temps, sur les braises de la rivalité transalpine, les deux hommes partagent beaucoup. De leurs initiales jusqu'à leur sort, il est vrai peu enviable. Encore que...
Le contexte est cependant différent. Le cas du sélectionneur des Bleus est soumis à diverses hypothèses depuis leur élimination prématurée, le mardi 17 face aux... Italiens (0-2) en match du premier tour. Celui de Donadoni n'est âprement discutée, dans la Péninsule et alentour, seulement depuis hier soir et le quart de finale concédé aux Espagnols (voir notre article).
Dans un style que, encore une fois, aurait pu lui envier Domenech, l'entraîneur des Italiens expliquait hier à demi-mot qu'une élimination aux tirs aux buts n'était pas vraiment une élimination, plus ou moins en ces termes. Histoire, sans doute, de minimiser l'échec de ses protégés, et d'invoquer la fameuse "bonne fortune", d'ordinaire plutôt encline à satisfaire les joueurs de la Botte.
Ce serait oublier à quel degré les Italiens ont livré un Euro calamiteux. Equipe parmi les plus "vieilles" du tournoi, l'Italie a d'abord subi le feu déroulant des Pays-Bas (3-0), puis la ténacité romanesque des Roumains (1-1), avant de dominer de bien pâles Français réduits à dix (2-0).
_ Avec, dans le jeu, plus ou moins les mêmes scories que leurs voisins tricolores. Une défense flottante et vieillissante, un jeu morne et porté vers l'arrière, et des attaquants aphones, à l'image du grand Luca Toni, meilleur buteur en Allemagne mais impuissant dans ce concert de nations. Seuls Buffon et Pirlo ont un peu élevé ces débats. Mais Pirlo n'était pas sur la pelouse hier (suspendu), et Buffon ne peut pas tout faire.
Le jeu des alliances
Quelques minutes seulement après cette déconvenue, le président de la fédération italienne Giancarlo Abete indiquait qu'il ne prendrait pas de décision "à chaud". Ce matin, la presse transalpine a réclamé dans un élan quasi unanime le retour aux affaires de Marcello Lippi. Suffisamment, semble-t-il, pour que Donadoni se défende à la mi-journée lors d'une conférence de presse. Rappelant sa "fierté" à l'égard de ses joueurs, il a affirmé qu'il n'avait jamais "pensé à la démission".
_ Si des joueurs comme Cannavaro ont rapidement soutenu leur homme "fort", les dirigeants pourraient être inspirés de tourner la page, ainsi que celle d'une génération, en vue du Mondial 2010.
Comme en France ? La tendance vis-à-vis de Domenech semble évoluer de jour en jour, et on parle un peu partout d'un maintien à son poste de l'actuel coach. En attendant la décision de la Fédération, dans quinze jours, les rumeurs enflent et se dégonflent, et Domenech comme Deschamps comptent leurs soutiens. Chaque jour un joueur sort de son silence pour appuyer tel ou tel candidat. Pendant ce temps-là, on évite de parler des lacunes vertigineuses des Bleus pendant cet Euro.
Matteu Maestracci
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