Incidents OM-OL : "C'est inadmissible qu'il n'y ait pas de sanction", estime l'entraîneur lyonnais Fabio Grosso
"Pour l'instant, ça se voit encore à l'extérieur, mais à l'intérieur, ça m'a beaucoup touché." Cicatrice encore prononcée juste au-dessus de son œil gauche, Fabio Grosso n'a pas caché son émotion vendredi 10 novembre, deux semaines après les graves incidents qui ont conduit le report du match de son équipe, l'Olympique lyonnais, à Marseille. L'Italien goûte peu la décision de la Ligue de football professionnel (LFP), qui a estimé jeudi ne pas avoir à donner de sanctions contre l'OM pour le caillassage de plusieurs bus dont celui de l'équipe rhodanienne aux abords du stade Vélodrome. Pour l'entraîneur des Gones, ce choix est "inadmissible".
Dans un soupir quant à savoir s'il souhaite retourner à Marseille, après le report du match qui aura bien lieu dans la cité phocéenne le 6 décembre, Fabio Grosso partage son dépit. "J'étais presque sûr qu'on ne retournerait pas là-bas, explique le coach lyonnais. J'ai vu qu'il ne s'était rien passé, avec les commissions, et je ne croyais pas que cela pouvait arriver. Pour moi, c'est inadmissible. On ne doit pas faire passer ça comme une chose normale, c'est trop grave. On verra la décision à prendre."
S'il assure aller "mieux", le champion du monde 2006 ne cache pas le choc encore bien présent dans son esprit. Si plus tôt dans la matinée, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait estimé que le maintien du match à Marseille était la "moins mauvaise option", les souvenirs de Fabio Grosso lui laissent craindre le pire quant à l'avenir.
"Pour quelque chose d'inadmissible, il faut prendre une décision forte, ou alors les choses inadmissibles reviendront, et ce sera plus grave, et peut-être que celui à qui cela arrivera ne pourra pas revenir parler."
Fabio Grosso, entraîneur de l'OLen conférence de presse, le vendredi 10 novembre
Interrogé également en conférence de presse ce vendredi, le milieu de terrain Corentin Tolisso va dans le sens de son entraîneur. "La décision de rejouer le match, je ne la comprends pas. Je ne sais pas si on se rend compte que notre coach a failli perdre un œil. Je trouve ça fou qu’il n’y ait eu aucune sanction. J’étais dans le bus et j’ai vraiment eu peur. Que va-t-il se passer quand on y retournera ? Qu’est-ce qui nous dit que ça ne va pas arriver à nouveau ? Je trouve que c’est vraiment très fou qu’il n’y ait pas de sanction. Je suis père de famille, quand un enfant fait une bêtise, je le punis."
L'international français laisse par ailleurs planer le doute sur la participation de l'équipe lyonnaise à ce report, pour lequel l'OL va interjeter appel. "Je ne peux pas vous dire oui ou non pour le moment. Il y a un message à envoyer partout dans le monde. C’est aberrant, je vous parle en tant qu’acteur car j’étais dans le bus. Si un joueur perd un œil, il arrête sa carrière, on fait quoi ?"
"Si le message est : 'tout ce qui se passe en dehors du stade n'a aucune conséquence', il faudra l'assumer derrière"
Le directeur du football de l'Olympique lyonnais, Vincent Ponsot, a poursuivi en conférence de presse la charge contre la LFP, évoquant une "décision politique incompréhensible", et contre la préfète des Bouches-du-Rhône. "Elle exige trois choses : l'interdiction des supporters de l'OL, un bus mieux sécurisé avec double vitrage et anti-blast, et de choisir notre hôtel en concertation. C'est donc de notre faute. Un entraîneur a failli perdre un œil et la seule leçon, c'est que nous, l'OL, on doit faire les choses autrement. Si le message est : 'tout ce qui se passe en dehors du stade n'a aucune conséquence', il faudra l'assumer derrière."
Vincent Ponsot l'assure, l'OL ne réclame pas de sanction sportive. "Les joueurs marseillais n'y sont pour rien, on veut jouer sur terrain neutre", assure-t-il. Ce que partage Fabio Grosso. "Je n'ai rien contre l'OM, ni contre ses vrais supporters, ni contre l'ambiance au stade, là-bas, répond l'entraîneur italien. Mais on ne peut pas penser qu'on doit jouer au foot avec un bus blindé."
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