Futsal : comment Laval est devenu le moteur de l'équipe de France dans son chemin vers le Mondial
Dernier match de l’année pour les Bleus. Les joueurs de Raphaël Reynaud se déplacent en Allemagne, mercredi 20 décembre, dans le cadre de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe du monde, qui aura lieu du 14 septembre au 6 octobre 2024, en Ouzbékistan. Un match où la victoire permettra de progresser au classement FIFA mais qui comptera "pour du beurre", dixit le coach, dans la course à la qualification.
En battant la Slovaquie, 7-1, jeudi dernier, les Tricolores ont, en effet, déjà décroché leur ticket pour le Mondial, le tout premier de leur histoire, à Laval (Mayenne). Un succès fêté presque à domicile puisque cinq des 15 joueurs de l'équipe de France évoluent, en championnat, sous les couleurs de l’Étoile lavalloise. Cette année, le club mayennais est devenu le premier fournisseur d’internationaux français devant le Nantes métropole futsal (trois joueurs) et le Toulouse métropole football club (trois joueurs).
Rien d'étonnant au regard de la saison 2022-2023 réalisée par l’équipe lavalloise. Auteurs d’un doublé coupe-championnat, réussi par seulement trois équipes avant eux, les "Stellistes", comme on les appelle, ont très largement dominé le championnat français. Ils sont en passe de faire de même cette année, puisqu’ils n’ont enregistré aucune défaite en 11 matchs et sont actuellement leaders de D1 avec dix points d’avance sur le dauphin, Toulouse. "On a besoin de locomotives comme Laval, avec des joueurs qui ont joué en Ligue des champions contre le Benfica, le FC Barcelone et qui ont l’expérience du haut niveau", estime le sélectionneur des Tricolores. Mais quand on se replonge dans l’histoire du club, difficile de l’imaginer avec le plus gros contingent d'internationaux français en 2023.
Une arrivée récente en première division
Il y a deux ans, l’Étoile lavalloise, ce club créé en 2006, arrivait tout juste en D1, un peu aidé par le destin. Deuxième de D2 et donc non promu, l’équipe mayennaise doit son intégration dans l’élite aux rétrogradations administratives des clubs de l’ACCS Asnières-Villeneuve-la-Garenne 92 et de Garges Djibson. Dans ses rangs, un seul international tricolore, l’enfant du pays, Louis Marquet.
"Cette année-là, on finit sixième et on joue le maintien, se souvient le gardien et capitaine des Stellistes. Mais dès la mi-saison, le club se renforce avec l’arrivée de Bilal Bakkali et Soufiane El Mesrar, deux internationaux marocains". Au mercato suivant, ce sont deux membres de l’équipe de France qui rejoignent l'Étoile : Abdessamad Mohammed et Souheil Mouhoudine. Deux joueurs évoluant à l’ACCS avant que le club ne soit exclu des championnats nationaux pour des problèmes financiers.
"Les dirigeants ont eu l’intelligence de réunir des joueurs qui avaient déjà brillé ensemble et qui s’entendaient bien. C’est ce qui a fait que dès notre première année sous le maillot lavallois, on a réussi", commente le capitaine des Bleus, Abdessamad Mohammed. Pour le pivot, il ne manquait au club mayennais "qu’une combinaison de bons joueurs pour changer de dimension, car le club avait déjà travaillé dur pour mettre en place une structure".
Un budget conséquent et conditions d'entraînement idéales
Un terme qu’aime employer le fondateur du club, Julien Moreau. Selon lui, le succès de l’équipe tient, en effet, a "un plan de développement bâti depuis de nombreuses années" et inspiré de ce qui a pu se faire de mieux dans le futsal. "En 2007, je suis allé à Charleroi (Belgique), un club qui avait gagné la Ligue des champions en 2005 et dont la ville avait des similitudes avec Laval", explique l’intéressé, qui confie aussi s’inspirer du Stade lavallois ou encore de l’AS Monaco, avec qui l’étoile lavalloise "a des liens".
Un "projet solide" qui, à l’été 2022, a convaincu Abdessamad Mohammed, 69 buts en 91 sélections avec l’équipe de France, de rejoindre la Mayenne. "C’est un club qui travaille très bien, qui est sain et qui veille au bien-être de ses joueurs", étaie-t-il. Le club a aussi mis "les moyens", aussi bien humains que financiers. Avec un budget qui est progressivement passé de 600 000 euros en 2021 à un million en 2022, puis 1,6 million d’euros en 2023, le club mayennais dispose aujourd’hui du plus gros budget du championnat français.
Le président du club, Julien Moreau estime, lui, que c’est aussi l'arrivée d’un nouvel équipement sportif en 2021, l’Espace Mayenne, qui a permis de séduire certains joueurs. "Jouer devant 3 600 personnes est assez rare en Europe", tient-il à souligner.
Les récentes performances sportives du club ont aussi permis d’attirer de nouveaux profils. Cet été, ce sont Nelson Lutin et Ouassini Guirio qui ont posé leurs valises à Laval pour porter à cinq le nombre d’internationaux français dans la préfecture mayennaise.
Une bonne dynamique qui fait le bonheur de l’équipe de France. "Le futsal requiert beaucoup d’automatismes et c’est ce qui est le plus dur à construire. On se facilite la tâche en jouant ensemble depuis longtemps pour certains", confie Abdessamad Mohammed. Face à la Slovaquie, le pivot a marqué le premier but du match à la suite d'une passe décisive de son coéquipier à Laval, Souheil Mouhoudine. Chaque match disputé d'ici le 14 septembre et le début du Mondial, à commencer par mercredi contre l'Allemagne, permettra de perfectionner ces automatismes.
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