Football : comment les pays européens jouent avec la fiscalité pour attirer les meilleurs joueurs

Les étrangers profitent souvent de déductions fiscales dans les pays où ils jouent. Un avantage pour attirer les meilleurs joueurs mais qui n'est pas fondamentale pour expliquer la concurrence entre les championnats.
Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
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Lors d'un match entre l'Union Berlin et le Real Madrid, le 12 décembre 2023. Photo d'illustration. (ODD ANDERSEN / AFP)

Le Paris Saint-Germain a-t-il bénéficié d'une faveur fiscale de la part du gouvernement ? Des perquisitions ont été menées lundi 15 janvier au ministère de l'Économie et des Finances dans le cadre d'une enquête concernant le transfert le plus cher de l'histoire, celui de l'attaquant brésilien Neymar du FC Barcelone au club de la capitale.

Avec les hauts revenus dans le monde du football, la question des impôts est sensible. Et tous les clubs européens ne sont pas logés à la même enseigne. Des différences existent parfois au sein du même championnat. En Ligue 1, le club de l'AS Monaco profite des avantages fiscaux liés à la principauté. Le club paye 25 millions d'euros par an à la Ligue des football professionnel (LFP) pour pouvoir conserver son siège social à Monaco et garder une fiscalité allégée. Autre avantage du club monégasque, l'absence d'impôts sur le revenu pour les étrangers qui permet d'attirer plus facilement ces internationaux.

Un système d'impatriation avantageux en France

Sur les joueurs étrangers, de nombreuses déductions fiscales existent dans tous les pays européens. Elles ne concernent pas d'ailleurs que le monde sportif. En France, le dispositif de l'impatriation profite aussi aux hauts revenus dans les grandes entreprises, souligne le journal L'Equipe. Il permet de bénéficier d'un abattement fiscal de 30% sur sa rémunération nette.

Le système ne profite pas qu'aux joueurs étrangers mais tous ceux qui ont été pendant cinq ans résident fiscal dans un autre pays. Des joueurs français, de retour d'un long exil dans des clubs étrangers peuvent donc en profiter. À noter que certains clubs, et notamment le PSG, payent directement les impôts de leurs joueurs.

Un avantage fiscal ressemblant au système français de l'impatriation existait aussi en Italie. Ce dispositif, appelé "decreto crescita" (le décret de croissance), permettait aux joueurs étrangers de ne déclarer que 50% de leurs revenus. Mais il a été supprimé au 1er janvier par le gouvernement de Giorgia Meloni. Le dispositif espagnol, qui permet aux étrangers s'installant dans le pays d'avoir un régime fiscal favorable, est surnommé "loi Beckham", d'après le footballeur anglais qui en a été l'un des premiers bénéficiaires en 2005 après sa signature au Real Madrid.

Un système français désavantageux ?

Dans cette concurrence entre les grands championnats, au niveau fiscal "le système français désavantage les clubs" de l'Hexagone, explique l'économiste du sport Luc Arrondel. Une situation qui s'explique en raison notamment "des cotisations sociales patronales, qui sont nettement plus élevées en France que dans les pays européens".

Dans son livre L'argent du football - Volume 1 l'Europe, le chercheur au CNRS-Paris School of Economics a calculé avec Richard Duhautois le coût global pour un salaire brut de 100 000 euros et 1 million d'euros dans les principaux championnats européens, c'est-à-dire en France, au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne et en Italie.

Si l'impôt sur le revenu est au final le plus faible en France par rapport aux autres pays, les cotisations salariales et patronales sont les plus importantes. Pour un joueur évoluant en France, la somme des impôts et des cotisations n'est pas si éloignée d'un autre pays comme l'Espagne. En revanche, le coût pour le club est bien plus important en France.

"Ce n'est pas juste un problème de fiscalité"

Mais cette différence dans les impositions n'est pas primordiale pour expliquer la concurrence entre les championnats. "Ce qui joue vraiment, c'est le chiffre d'affaires des ligues, rappelle le chercheur. Quand vous avez la Premier League en Angleterre, qui a signé à plus de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires global, alors que l'Allemagne et l'Espagne sont autour de 3 milliards et l'Italie un peu plus de 2 milliards. Ce n'est pas juste un problème de fiscalité."

Des budgets principalement liés aux droits télés. En France, le récent échec des enchères sur les droits allant de 2024 à 2029 a poussé la Ligue de football professionnel à négocier avec chaque opérateur et devra certainement abandonner son objectif d'obtenir un milliard par saison.

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