Foot : une vieille gloire comme Beckham peut-elle relancer un championnat ?
Le Spice Boy pourrait s'engager en Australie... à moins que le PSG revienne à la charge. Mais l'embauche d'un vétéran au nom prestigieux n'est pas toujours efficace.
FOOT – "Depuis mon arrivée, j’ai vu la popularité du football aux Etats-Unis augmenter chaque année. Ce sport n’a pas de limites dans ce beau pays." Dans le communiqué annonçant son départ des Los Angeles Galaxy, lundi 19 novembre, David Beckham, 37 ans, se montre très laudateur sur ses six ans outre-Atlantique. On ignore encore la destination que prendra le Spice Boy : la BBC affirme même que le PSG pourrait revenir à la charge. Mais ce sont plutôt des championnats émergents, soucieux d'être sous le feu des projecteurs, comme celui de l'Australie, qui sont sur les rangs. Recruter des vieilles gloires pour intéresser son pays au foot, est-ce vraiment une bonnée idée ?
Un effet Beckham à double tranchant aux Etats-Unis
Avec 600 000 maillots vendus, plus de 50 millions de dollars amassés en six ans grâce à des contrats publicitaires juteux, David Beckham a fait fructifier son patrimoine et sa popularité aux Etats-Unis. Peut-on en dire autant de la Major League Soccer (MLS), le championnat américain ? Pas sûr. Les audiences télé ont connu un léger frémissement, les tribunes étaient mieux remplies... surtout quand les Galaxy jouaient. Une étude menée sur l'impact de Beckham sur les ventes de billets montre que les villes avec une importante population hispanique ou noire ont vu les ventes de billets décoller. David Beckham a surtout prêché des convertis, pas l'Américain moyen qui lui préfère toujours le base-ball, le Nascar et la NBA.
La prédiction de Tim Leweike, propriétaire des Galaxy, qui avait affirmé en 2007 que "l'arrivée de Beckham aura plus d'impact pour le foot aux Etats-Unis que n'importe quel athlète dans n'importe quel sport dans le monde", ne s'est pas réalisée. Le niveau moyen de la MLS ne s'est pas amélioré depuis l'arrivée du milieu de terrain anglais. En 2007, The Economist (lien en anglais) écrivait que "les fans de foot en Amérique considèrent leur championnat comme mauvais". En 2012, l'International Journal of Sport Finance estime : "la MLS a popularisé le football aux Etats-Unis, mais pas le championnat en lui-même." La preuve : en moyenne, un match de foot anglais fait deux fois plus d'audience aux Etats-Unis qu'un match de MLS. Pas étonnant que les droits télé de la Premier League anglaise outre-Atlantique dépassent ceux du championnat national.
Anelka et Drogba en Chine, un vrai flop
Cinq ans après le Galaxy, les clubs phares du championnat chinois ont entamé en 2011 une course aux armements. Chaque équipe s'est ruinée pour acquérir une star du foot européen. Un investissement rarement rentabilisé. La seule formation qui a tiré son épingle du jeu, le Guangzhou Evergrande, a survolé le championnat parce qu'elle a également investi sur de bons joueurs chinois, le règlement imposant d'avoir sept joueurs locaux dans le onze titulaire. Le fiasco marquant, c'est le Shanghai Shenhua de Drogba et Anelka, recrutés à prix d'or, qui a échoué à une décevante neuvième place.
Le championnat chinois a besoin de temps pour exister dans le cœur des fans, même si l'affluence moyenne au stade est en légère hausse, selon Globaltimes.cn (en anglais). Le club le plus populaire d'Asie est ainsi... Manchester United, qui revendique 300 millions de fans, loin devant Chelsea et Liverpool, note Sports Illustrated (en anglais).
Les clubs chinois ne soutiennent pas la comparaison : il est courant de croiser un passant avec le maillot d'un grand club européen dans les rues de Pékin ou de Shanghai, jamais un club local. "Le challenge posé au foot chinois est d'augmenter l'attractivité du championnat, ce qui passe par un regain d'intérêt pour le ballon rond en général dans le pays", résume le cabinet de conseil Deloitte&Touche dans son rapport annuel Moneyleague (PDF en anglais, p.37).
L'Australie veut sortir de l'oubli
Les seuls candidats déclarés pour attirer David Beckham sont australiens. Cinq clubs de la A-League ont publiquement manifesté leur intérêt pour le Spice Boy. Des clubs qui ont déjà réalisé quelques coups d'essais, avec l'arrivée cette année de footballeurs de renom en fin de carrière, comme l'Anglais Emile Heskey et l'Italien Alessandro Del Piero. Ce dernier, qui a préféré l'Australie au pont d'or qu'on lui faisait en MLS, a déjà un hamburger à son nom à la buvette du stade de Sydney. "Pour la petite minorité de fans qui suit la A-League, Del Piero peut être notre Beckham", veut croire le blog A Football Report (en anglais). C'est discutable : même s'il peut s'enorgueillir d'un palmarès plus étoffé que l'Anglais, Del Piero n'est pas une "marque mondiale", comme définie par le professeur de marketing Simon Chadwick dans une étude (PDF).
"Le modèle MLS inspire la fédération australienne et l'arrivée de plus en plus fréquente de stars européennes pousse l'analogie entre les deux championnats, explique Nicolas, qui gère le site spécialisé Lucarne Opposée. Conséquences de ces arrivées médiatiques : la fédération australienne vient d'annoncer avoir passé un accord à hauteur de 160 millions de dollars pour que la A-league soit diffusée en clair au pays. Ca parait anecdotique mais c'est un pas de géant pour un sport implanté en Australie depuis la fin du XIXe siècle et qui reste le sport le plus pratiqué chez les jeunes." Un éventuel engouement du public européen le laisse sceptique, au moins sur le court terme : "La MLS a su au fil du temps se trouver un public en Europe et en France mais elle a mis plus d'une décennie. L'Australie devra être patiente pour trouver le sien."
Reste que la meilleure chose qui soit arrivée au foot australien est la qualification en 8e de finale de la Coupe du monde en 2006. Cette année-là, les tribunes des stades du pays avaient fait le plein comme jamais, relève Insidefutbol.com (en anglais). Et ce, sans que les clubs ne se ruinent pour attirer des stars...
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