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Foot : Rémi Garde face à la vilaine malédiction d'Aston Villa

L'ancien coach de Lyon dirige, dimanche, pour la première fois sa nouvelle équipe face à Manchester City. Problème : les Français se plantent quasiment toujours dans ce club de Birmingham.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
L'entraîneur Rémi Garde, alors en poste à Lyon, lors d'un match contre la Juventus Turin, le 10 avril 2014, à Turin (Italie). (GIORGIO PEROTTINO / REUTERS)

Rémi Garde, ancien coach de Lyon, va diriger son premier match de championnat anglais avec Aston Villa, dimanche 8 novembre, contre Manchester City, leader de Premier League. Le technicien prend en main une équipe dernière de son championnat... et sur laquelle plane une terrible malédiction pour les Français. Entraîneurs, stars, joueurs de l'ombre, ils ont tous vécu l'enfer dans ce club de Birmingham. La preuve par quatre.

David Ginola et sa "brioche"

David Ginola enlève son maillot après un but contre Manchester City, le 16 décembre 2000, à Birmingham (Angleterre).  (IAN HODGSON / REUTERS)

Idole des supporters de Tottenham, David Ginola ne souhaitait pas quitter Londres à l'été 1999. Mais Aston Villa fait une offre que les dirigeants londoniens ne pouvaient pas refuser pour un joueur de 33 ans. "Je ne voulais vraiment pas quitter Tottenham", raconte David Ginola dès la première ligne de son autobiographie, modestement intitulée Le Magnifique. L'ancienne gloire du PSG est un caprice du président, mais pas le choix de l'entraîneur, John Gregory, dont l'équipe est surnommée "Little England" autant pour son jeu rudimentaire que pour sa prédisposition à aligner des joueurs britanniques. Celui qui titrera son autobiographie Le Boss a "Le Magnifique" dans le nez.

Problème : malgré son transfert, David Ginola n'a pas déménagé de Londres - il fait quatre heures de voiture tous les jours - et daigne seulement s'entraîner entre deux pubs L'Oréal et une campagne contre les mines antipersonnel.

Pour piquer son joueur, John Gregory l'attaque là où ça fait mal : au physique. Le club utilise l'ancêtre du GPS et les calculs de l'ordinateur montrent que le Français est le joueur qui court le moins sur le terrain, rapporte le Telegraph. "Les fans se moquent de lui, fustige John Gregory. Ginola est trop gros. Il traîne trop de brioche sur le terrain." Piqué au vif - au point d'avoir envisagé une action en justice avec Cherie Blair, femme de Tony Blair, comme avocate - le Français se démène lors du match suivant, et marque un magnifique but à la 86e qui sauve son équipe contre Manchester City (2-2). Il ne résiste pas à la tentation d'enlever son maillot pour exhiber au monde entier ses tablettes de chocolat. Le stade l'acclame... mais pas le président qui l'a fait venir, raconte le Guardian. Le chant du cygne pour David Ginola, qui cirera ensuite le banc, quand il n'ira pas jouer libéro avec l'équipe réserve. A son départ d'Aston Villa, le Daily Telegraph lui réserve cette cruelle épitaphe : "Ginola laissera le souvenir du dernier footballeur professionnel qui joue pour le plaisir... Le Français a un jeu de jambes brésilien, mais l'appétit de Bambi pour le corps-à-corps."

Gérard Houllier, terrassé par une coupe de champagne

Gérard Houllier a entraîné le PSG et Liverpool, deux clubs qui s'affrontent mardi en Ligue des champions (MICHAEL REGAN / GETTY IMAGES EUROPE)

C'était plus fort que lui. Plutôt que finir sa carrière à la Direction technique nationale du football français, Gérard Houllier a replongé. L'appel d'Aston Villa, de la Premier League, où l'entraîneur a brillé quelques années plus tôt avec Liverpool.

Mais le dernier défi de cet homme de 63 ans tourne au cauchemar... le jour où il assure le maintien, en avril 2011. Sa femme débouche une bouteille de champagne pour fêter l'évènement. Gérard Houllier porte la coupe à ses lèvres, et ressent "un coup de poignard dans la poitrine, une douleur abominable", raconte l'entraîneur dans son livre Je ne marcherai jamais seul (éditions Hugo Sport). Crise cardiaque.

Hospitalisé d'urgence, Gérard Houllier, qui avait déjà été victime d'une attaque en 2001 alors qu'il entraînait Liverpool, passe deux jours entre la vie et la mort. La première phrase qu'il entend à son réveil est terrible : "Votre tension ne doit plus jamais monter au-dessus de 10. Monsieur Houllier, écoutez-moi bien, le métier d'entraîneur vous est désormais proscrit." Incorrigible, celui qui est encore coach d'Aston Villa communique avec son adjoint par texto et décide de la composition de l'équipe sur son lit d'hôpital. Mais quand l'infirmière prend sa tension en plein milieu d'un match entre Arsenal et Aston Villa, le compteur du tensiomètre affiche 16. Elle éteint aussitôt la télévision. "J'étais condamné à tourner la page", écrit Gérard Houllier, qui négocie une rupture conventionnelle avec ses dirigeants, la mort dans l'âme.

Didier Six, le point Godwin des supporters

L'attaquant d'Aston Villa Didier Six lors d'un match contre Everton, le 16 mars 1985 à Birmingham (Angleterre). (GETTY IMAGES / HULTON ARCHIVE)

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Didier Six n'était pas très chaud pour traverser la Manche. Le premier globe-trotter du foot français (il a brillé en Allemagne, en Belgique et en Turquie) a confié au Guardian, des années plus tard : "Ça me saoulait. Je ne voulais pas y aller. Mais j'ai été conquis par ce que j'ai vu." Un stade plein, des supporters qui chantent, et une équipe championne d'Europe quelques années plus tôt.

Le président d'Aston Villa, le fantasque Doug Ellis, fait le forcing pour décrocher sa signature, qui fait les gros titres. L'entraîneur Graham Turner, adepte d'un jeu direct sans fioritures, est moins conquis. Mais l'attaquant de l'équipe de France met tout le monde d'accord avec un premier match fantastique contre Manchester United, remporté 3-0. Son premier... et dernier coup d'éclat sous le maillot des "Villans". Il joue de moins en moins et de plus en plus mal. Sans que Didier Six ne donne d'autre explication qu'un sbyllin "les Anglais savent y faire pour s'amuser".

Le plus gros transfert de l'histoire du club, à l'époque, tourne au flop... et continue de marquer les supporters. On parle de syndrome Didier Six quand une star étrangère ne met plus un pied devant l'autre à Villa Park. "C'est incroyable comme les joueurs étrangers talentueux s'écroulent une fois transférés chez nous", ironise un internaute sur le site Villatalk. Le malheureux Didier Six est plébiscité dans les classements des plus mauvais joueurs de l'histoire de Villa, et revient régulièrement dans les forums comme un point Godwin local : à un moment de la conversation entre deux fans de Villa, ils se mettent à parler de Didier Six.

Mathieu Berson, le joueur fantôme

Le milieu de terrain d'Aston Villa Mathieu Berson au sol lors d'un match contre Chelsea, à Stamford Bridge (Londres), le 26 décembre 2004.  (JIM WATSON / AFP)

Mathieu Berson est entré dans la légende d'Aston Villa, mais pas de son plein gré. Le milieu de terrain, qui brille sous les couleurs de Nantes, est enthousiaste à l'idée de rejoindre le club de Birmingham - même s'il aurait préféré la Juventus, qui n'a pas fait d'offre. Son arrivée en 2004 dans le nord de l'Angleterre tourne pourtant rapidement au fiasco. Il faut attendre trois mois pour qu'il dispute son premier match de championnat. "On s'est demandé pourquoi ils l'avaient recruté, explique son agent sur sofoot.com. En Angleterre, ils voulaient des joueurs box to box [capables d'être bons dans les deux surfaces de réparation]. Ça ne correspondait pas." Mathieu Berson est rapidement pris en grippe par son entraîneur, et se fait prêter à Auxerre la saison suivante. 

C'est alors qu'un groupe de supporters a l'idée géniale de propulser sa candidature au titre de meilleur joueur d'Aston Villa de l'année, pour protester contre la politique de l'entraîneur, David O'Leary, qui achète beaucoup de joueurs très chers pour ne pas les aligner ensuite. Mike McKearnen, qui a vu Aston Villa décrocher la Coupe des champions en 1982, à 14 ans, explique au Sun : "Les transferts ont été désastreux, et l'attitude du coach vis-à-vis des supporters lamentable. C'est une façon de réclamer un nouvel entraîneur." Mathieu Berson sera élu... sans avoir joué un seul match sous les couleurs d'Aston Villa cette saison-là.

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