Foot : pourquoi la France va battre l'Espagne... mais pas tout de suite
D'ici quelques années, les Bleus auront de sérieux arguments. Pour le match de qualification au Mondial 2014 de ce soir, en revanche, ça risque d'être compliqué.
FOOT - L'Equipe qui titre "Sur un malentendu..." en une. La victoire de la France cotée à 7/1 contre 1,4/1 pour celle de l'Espagne sur les sites de paris. Les Bleus qui n'ont plus marqué contre l'Espagne depuis six ans, qui ont concédé trois penalties sur les trois dernières rencontres, soldées par autant de défaites. La Roja qui n'a plus perdu en match de qualification pour l'Euro et le Mondial depuis neuf ans et reste sur 24 victoires d'affilée. N'en jetez plus ! Mardi 16 octobre, la France n'a pas le quart de la moitié d'une chance au stade Vicente Calderon de Madrid, en match de qualification au Mondial 2014. Heureusement, si le sort remet l'Espagne sur la route des Bleus dans quelques années, pourquoi pas en 2018, les tricolores auront d'autres arguments à faire valoir.
Plus d'expérience ?
"La sélection française est composée de beaucoup de jeunes joueurs, encore en attente d'explosion", analyse l'arrière droit de Valence, Jérémy Mathieu, dans So Foot. Dans le onze de départ aligné mardi soir par Didier Deschamps, sept joueurs comptent moins de 20 sélections. Quand on élargit aux 23 joueurs du groupe retenu, 17 joueurs sont dans ce cas. Insuffisant. "L'expérience s'acquiert à partir d'une quarantaine de matchs internationaux", déclarait Didier Deschamps lundi 15 octobre dans Marca (lien en espagnol).
Heureusement, en 2018 : structurellement, l'équipe de France compte beaucoup de joueurs entre 25 et 27 ans comme le montre cette infographie des Cahiers du Football, et a progressivement lancé des jeunes prometteurs comme Sakho, Varane, Gonalons ou Yanga M'Biwa. Dans six ans, tous ces joueurs seront encore dans la force de l'âge.
Un style de jeu ?
La dernière fois que l'équipe de France a utilisé une tactique dernier cri, c'était en 2006. Une défense centrale solide, des contres fulgurants et des milieux défensifs à trois, voire quatre poumons. Auparavant, on se souvient de l'ère Jacquet avec son style de jeu frileux et l'époque Platini du fameux "carré magique". Depuis 2008 au contraire, l'équipe de France propose une bouillie de football, parfois entrecoupée d'excellentes copies comme contre la Bosnie ou la Serbie. L'équipe donne souvent l'impression d'être coupée en deux, avec des attaquants sans soutien, sans vitesse et sans idées. Comme le soulignait l'ancien entraîneur Angel Marcos en 2008, déjà, sur L'Equipe.fr, "tant qu'il y a un ballon sur le terrain, le mieux est quand même de l'avoir et de savoir qu'en faire".
Heureusement, en 2018 : donner un style de jeu à une équipe nationale ne se décrète pas. Mais il existe quand même trois facteurs qui peuvent aider : modeler les joueurs passés en sélection junior ou espoir en jouant de la même façon que chez les A, prier pour que le jeu de la Ligue 1 soit moins défensif (c'est en cours), et conserver un sélectionneur sur une longue période. De toute façon, avoir un style de jeu déterminé n'est pas une sinécure. Comme le note David Winner, auteur d'un livre sur le style de jeu des Pays-Bas, sur CNN : "Les Anglais perdent de la même façon depuis soixante ans."
Enfin des stars ?
Ribéry et Benzema, les deux titulaires les plus anciens de l'équipe, méritent-ils ce qualificatif ? En club, pourquoi pas, en sélection, sûrement pas. Ces vieux briscards de la sélection n'ont pas des profils de leaders : Franck Ribéry, le plus capé avec 68 sélections, n'a pas l'aura d'un Cristiano Ronaldo dans l'équipe portugaise, qui va fêter sa centième sélection à 27 ans.
Heureusement, en 2018 : même si les exemples d'espoirs déçus et d'ex-futurs Zidane sont légion, comme l'expliquait Le Post en 2011, de jeunes joueurs français évoluent déjà à très haut niveau. Le défenseur central du Real Madrid Raphaël Varane, 19 ans, en est le meilleur exemple.
Un championnat plus fort ?
Parmi les joueurs de l'équipe de France, 60% évoluent en Ligue 1. La plupart, depuis toujours, d'autres après un demi-échec à l'étranger, comme Jérémy Menez de l'AS Rome au PSG. Depuis la Coupe du monde 2006, la proportion de joueurs évoluant dans le championnat tourne autour de 50%. Mais entre 2006 et 2012, le niveau du championnat a nettement baissé : il y a six ans, la France était 3e à l'indice UEFA, un classement qui tient compte des performances des clubs en Coupe d'Europe. Elle est aujourd'hui à la lutte avec le Portugal pour la 5e place.
Heureusement, en 2018 : la France pourra sans doute compter sur le PSG pour aller loin en Coupe d'Europe. L'introduction du fair-play financier, mesure interdisant l'endettement des clubs, permettra peut-être de réduire les écarts entre les clubs français et la crème du foot européen. Et les clubs espagnols, en grande difficulté financière, auront revu leurs ambitions à la baisse.
Une formation repensée ?
Imiter le modèle espagnol, au diapason du FC Barcelone qui a modelé un style de jeu depuis huit ans ? Compliqué. La victoire au Mondial 1998 a été présentée comme le triomphe de la formation à la française. Des lauriers sur lesquels la France s'est endormie. Il a pratiquement fallu dix ans pour changer de politique. Le modèle à suivre, c'est l'Allemagne, qui a su tirer les leçons de ses échecs en lançant une politique de formation ambitieuse. Au Mondial 2010, 19 des 23 joueurs de la Mannschaft venaient des centres de formation bâtis à la fin des années 90, relève Sports Illustrated (en anglais), faisant de l'équipe d'Allemagne l'équipe la plus jeune et la plus belle à voir jouer de la compétition.
Heureusement, en 2018 : on en a surtout retenu la fameuse affaire des quotas, mais la formation à la française plus uniquement axée sur le physique, c'est une petite révolution. "Pour en récolter les fruits, il faudra attendre sept ou huit ans", estime Philippe Montanier, entraîneur de la Real Sociedad, sur le site d'Eurosport.
Rendez-vous dans six ans pour voir les tricolores ne plus avoir peur de la Roja. Et rendez-vous mardi 15 octobre, à 21 heures, pour les aider à décrocher au moins un nul à Madrid, ce qui les mettrait en bonne position pour se qualifier au Mondial 2014 au Brésil.
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