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Euro : mais pourquoi "Gladiator" est-il le film préféré des footballeurs français ?

De nombreux sportifs ne jurent que par ce péplum signé Ridley Scott. Parmi eux, une bonne partie de l'effectif de Didier Deschamps, toutes générations confondues.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Dans "Gladiator", sorti en 2000, Russell Crowe incarne Maximus, un général romain forcé de descendre dans l'arène pour venger sa femme et son fils. (UNIVERSAL PICTURES)

"Mon nom est Maximus, commandant en chef des armées du nord, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèle. Père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée. J'aurais ma vengeance dans cette vie ou dans l’autre." A moins d'être un fan assidu de Russell Crowe, peu de gens connaissent par cœur cette tirade de Maximus dans Gladiator. Sauf les plus grands sportifs, dont une part non-négligeable des joueurs de l'équipe de France de foot, qui citent souvent le péplum de Ridley Scott comme leur film favori. Mais pourquoi ?

De LeBron James à Usain Bolt

Hugo Lloris, Bacary Sagna, Blaise Matuidi, André-Pierre Gignac mais aussi les réservistes Hatem Ben Arfa et Alphonse Aréola affirment que Gladiator est leur film préféré. Une spécificité française ? Pas vraiment : d'immenses champions comme les tennismen Roger Federer et Rafael Nadal, le basketteur américain LeBron James ou encore Usain Bolt confessent que Russell Crowe en jupette est leur personnage de cinéma favori.

Certains joueurs, dont les deux attaquants tricolores André-Pierre Gignac et Olivier Giroud, visionnent régulièrement le film avant les matchs importants. "Je le regarde très souvent quand il faut aller au charbon", confie l'avant-centre des Tigres de Monterrey (Mexique) dans le livre Les Bleus par les Bleus (éd. Hugo Sport). Blaise Matuidi confie l'avoir "vu et revu". Olivier Giroud écrivait en 2013 sur Twitter le regarder... pour la dixième fois. Le compteur a dû augmenter depuis.

Comment expliquer que le doyen de l'équipe (Bacary Sagna) et qu'un des plus jeunes (Alphonse Aréola, sept ans au moment de la sortie du film) partagent la même référence ? Sans doute d'abord parce qu'il n'existe pas de film référence sur le foot. Et que les films potables se comptent sur les doigts d'une main. Seul Benoît Costil cite Les Collègues, une comédie avec Joël Cantona et Patrick Bosso sur un club de football marseillais, sans doute par autodérision.

"Il y a une analogie avec ce qu'ils connaissent"

En 2009, Pep Guardiola, alors entraîneur du Barça, a projeté Gladiator dans son vestiaire avant la finale de la Ligue des champions face à Manchester United. Un match qui se jouait... à Rome. Mais pourquoi ce film ? Pour le préparateur mental Raphaël Homat, qui travaille avec des sportifs comme le défenseur caennais Dennis Appiah, "il y a clairement une analogie avec ce qu'ils connaissent, se retrouver seul dans l'arène face à un public hostile. Ce qu'on retrouve aussi dans des expressions fréquentes chez les footballeurs comme l'idée de 'partir à la guerre avec tel entraîneur'".

Pour le psychologue du sport Makis Chamalidis, auteur du livre Champion dans la tête, cette addiction aux aventures de Maximus face à l'empereur Commode sert aussi de piqûre de rappel : "Contrairement à un Andy Murray, qu'on a vu relire ses notes lors des changements de côté à Roland-Garros, un footballeur ne prend pas de notes. Un film comme Gladiator leur rappelle les fondamentaux de la performance, les remet en condition d'avant-match."

Encore plus accro, LeBron James s'est carrément fait tatouer "Ce que vous faites dans la vie résonne dans l’éternité", une des répliques cultes du héros, sur le bras droit. Comme le remarque Raphaël Homat : "Quand il le regarde, ça dit autre chose que s'il lisait 'J'aime ma maman'." Pour le préparateur mental, re-re-re-regarder le film permet de travailler sur l'"activation, qui est un peu le contraire de la relaxation, le fait de se mettre dans un état psychique de match".

Didier Deschamps ne doit pas forcer sa nature

Alors, Didier Deschamps aurait-il intérêt, pour motiver ses troupes, à s'inspirer des méthodes de Pep Guardiola ? Pas sûr. "S'il ne va jamais au cinéma, ça pourrait sonner faux, remarque Makis Chamalidis. Il faudrait que ça reste dans son style, que sa causerie y fasse référence, s'il veut donner du sens aux extraits. Bruno Bini, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France féminine, travaillait beaucoup avec des chansons."

Par contre, l'entraîneur des Bleus pourrait utiliser uniquement des extraits. "La séquence récurrente où on voit le héros caresser les épis de blé peut être vue comme le calme avant la tempête. Elle peut servir de rampe de lancement pour se mettre en condition avant un match, car, forcément, on ne peut pas le visionner en entier à chaque fois." Les plus monomaniaques compensent en... se réécoutant la musique du film dans les vestiaires.

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