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Euro 2016 : quand les Irlandais volaient (aussi) leur qualification

Lésée en 2009 par la main de Thierry Henry, l'Irlande s'est qualifiée deux ansplus tard pour l'Euro 2012 dans des conditions tout aussi douteuses. Retour sur un épisode oublié, alors que la France retrouve l'Eire dimanche en 8es de finale de l'Euro 2016.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le gardien de l'Arménie, Roman Berezovsky, est expulsé sur un fait de jeu contesté, le 11 octobre 2011 à Dublin (Irlande). (PETER MORRISON / AP / SIPA)

Dublin (Irlande), 11 octobre 2011. En cette soirée d'automne, l'Aviva Stadium retient son souffle. Les "Boys in Green" affrontent l'Arménie pour assurer la deuxième place du groupe B, synonyme de qualification pour les barrages de l'Euro 2012.  Deux ans après la main de Thierry Henry et leur élimination polémique contre la France, les joueurs de Giovanni Trapattoni ont une nouvelle occasion de de se qualifier pour un tournoi majeur. Ils n'ont besoin que d'un match nul. Mais si les coéquipiers d'Henrikh Mkhitaryan, le futur meneur de jeu du Borussia Dortmund, l'emportent, ils passeront devant l'Irlande.

A l'aller, en septembre 2010 à Erevan (Arménie), les Irlandais se sont imposés de justesse, 1-0, grâce à Keith Fahey. Victorieux de la Slovaquie (4-0) et de la Macédoine (4-1) lors de leur deux derniers matchs, les Arméniens sont en pleine confiance. "L'Arménie va concéder quelques occasions à l'Irlande, mais elle est capable de saisir les siennes", a mis en garde Martin Skrtel, le rugueux défenseur slovaque de Liverpool avant la rencontre.

La main de Cox

Le match bascule à la 26e minute, alors que le score est toujours vierge. Depuis le milieu du terrain, un Irlandais expédie un long ballon en direction de son avant-centre,SimonCox. Un peu court, le joueur deWest Bromwich Albion tend le bras droit pour contrôler le ballon. Il tente ensuite de lober le gardien Roman Berezovsky, venu à sa rencontre. 

Sa frappe est repoussée par le portier, en dehors de sa surface de réparation. L'arbitre siffle. Les joueurs Irlandais se précipitent autour de lui. Berezovsky se frappe la poitrine, à l'endroit où il a touché le ballon. Mais Eduardo Gonzalez l'expulse, sans sourciller. L'Arménie est à 10, elle ne s'en remettra pas : l'Irlande s'impose 2-1 et se qualifiera quelques mois plus tard pour le tournoi, en battant l'Estonie en barrage (5-1 sur les deux matchs).

"Je ne pense pas que le gardien ait touché le ballon de la main"

Après le match, Simon Cox ne cherche même pas à nier l'évidence. "Le ballon est venu par dessus mon épaule, j'ai essayé de le contrôler. Parfois vous vous faites attraper, parfois pas. En revanche, je ne pense pas que le gardien ait touché le ballon de la main", lâche-t-il, avant d'ajouter, un brin provocateur : "J'aurais préféré que cela arrive en barrages." Son entraîneur, qui s'était indigné après la main de Thierry Henry qui avait éliminé l'Irlande en 2009, commente sobrement : "leur gardien de but est sorti de sa surface lorsqu'il a touché le ballon, ce qui explique pourquoi il a été expulsé".

Le président de la Fédération irlandaise de football, le 13 juin 2016 au Stade de France. (KIERAN MCMANUS / BACKPAGE IMAGES LTD / AFP)

La Fédération de football irlandaise, qui avait officiellement demandé à rejouer le match contre la France, se garde de tout commentaire. En 2009, son président, John Delaney, avait pourtant déclaré qu'il ne serait pas content que l'Irlande se qualifie de la même manière que la France : "Je poserai la question aux joueurs et à l'entraîneur, et s'ils me disent que le résultat est injuste, je ferai ce qu'on me demande", déclare-t-il dans les colonnes de l'Irish Times. Ses jérémiades lui avaient permis de toucher 5 millions d'euros de dédommagement de la part de la Fifa.

Deux ans plus tard, c'est ce même quotidien qui résume le mieux l'affaire. "A l'époque, certains avaient appelé la France à se montrer bon prince et à proposer de rejouer le match parce qu'une main avait scellé le sort de l'Irlande, écrit le journal à la fin du match contre l'Arménie. Mais ces appels seront à coup sûr commodément oubliés maintenant qu'une main, ou l'absence d'une main, ont facilité la vie de l'Irlande ce soir".

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