Euro 2012 : l'Ukraine (ré)invente la vuvuzela en céramique qui ne fait pas de bruit

Après la vuvuzela, la zozulica ? La trompette sud-africaine qui envoie 130 décibels pourrait être remplacée par une délicate poterie ukrainienne dont le son rappelle celui du pinson guilleret au réveil. Marketing oblige, les organisateurs de l'Euro en Ukraine tentent de forger un destin international à cet instrument typique de la culture du pays. "C'est beaucoup plus agréable à l'oreille qu'une vuvuzela" se défend Alexander Sokolinsky, un des concepteurs du projet, à la télévision ukrainienne. C'est beaucoup plus ancien aussi : là où la vuvuzela n'avait que quelques décennies d'ancienneté, les habitants de l'Ukraine, il y a 6000 ans, appréciaient déjà le son mélodieux de la zozulica (prononcez "zozulitsa").

Un souvenir "cool", "porte-bonheur", pas cher mais boudé

La campagne de com' a été savamment orchestrée, voilà un an. Conférence de presse, musicien qui apprend aux reporters à jouer la "marche impériale" de la Guerre des Etoiles à la zozulica (à 1'37" sur la vidéo) et les inévitables applications sur smartphone, tout y est passé. "C'est un souvenir cool à rapporter dans son pays, pour dire 'j'y étais'", résume un commerçant.

Elle se trouve à partir de 3,50 euros selon que vous la préférez en plastique ou en argile, fabriquée en Chine ou par le potier du coin, note le magazine allemand Focus. Les organisateurs de la compétition en ont commandé des dizaines de milliers, mais commercialement, la zozulica reste à des années-lumières de sa rivale sud-africaine. Du coup, pour relancer les ventes, les organisateurs de l'Euro en ont offert une géante à Andreï Chevchenko, l'attaquant vedette de l'équipe d'Ukraine, juste avant le match contre la Suède, le 10 juin. Devinez qui a marqué les deux buts de la victoire ukrainienne ? Chevchenko bien sûr ! A défaut d'instrument de musique, la zozulica trouvera peut-être une seconde vie commerciale en tant que porte-bonheur. Car d'après le site officiel de l'instrument, le son de la zozulica "éloigne le mal". 

L'Ukraine venait de remporter sa bataille contre les cornes de brume

On cherche à comprendre la logique de cette opération marketing : un des chevaux de bataille du foot ukrainien pendant les années 2000 était... l'interdiction des cornes de brume dans les stades. Quiconque a déjà regardé un match d'une équipe française sur le terrain du Dynamo Kiev se souvient d'un bruit de fond épouvantable. Les supporters avaient pris l'habitude d'en acheter des exemplaires en carton, bon marché, à l'entrée du stade pour faire le maximum de bruit lors du match. La direction du club kiévien avait alors engagé une campagne volontariste contre ces cornes de brume, qui faisaient fuir une partie du public (le stade était à moitié vide). Les autorités ukrainiennes avaient presque gagné la bataille... quand la vuvuzela puis la zozulica sont devenues à la mode, déplore le journal Lviv Today (article en anglais). 

Vous n'avez pas entendu de zozulica, même lors du match de l'Ukraine, lundi 11 juin ? C'est normal : les zozulicas les plus grosses sont aussi des projectiles potentiels, susceptibles d'infliger des blessures aux supporters adverses. La police les a donc bannies des stades, sauf les plus petites que les fans portent autour du cou. Les moins bruyantes aussi. Ouf ! Vos oreilles sont sauves.