Olivier Giroud et les Bleus, une idylle en cinq dates clés
Lilian Thuram, Thierry Henry, Marcel Desailly, Hugo Lloris, Zinédine Zidane, Patrick Vieira, Didier Deschamps et bientôt Olivier Giroud. Face à l’Ukraine, ou plus tard dans la semaine contre le Portugal ou la Croatie, l'attaquant de Chelsea devrait devenir le 8e joueur de l’histoire des Bleus à atteindre la barre des 100 sélections. Il tentera également d’inscrire son 41e but en équipe de France pour égaler Michel Platini, deuxième meilleur buteur de l’histoire tricolore.
Critiqué à juste titre pour ses récurrentes périodes de disette, et particulièrement dans les matches clés (des barrages contre l’Ukraine en 2013 à la Coupe du monde 2018), le natif de Chambéry aura connu des bas, mais aussi beaucoup de hauts. De son premier but lors de sa première titularisation en février 2012 à son accession au club fermé des meilleurs buteurs de l’équipe de France, Olivier Giroud aura parcouru beaucoup de chemin. Retour sur cinq moments marquants dont il se souviendra volontiers.
• 16 octobre 2012 : Espagne - France (1-1), Giroud ex-machina
A peine un an après sa première sélection et fraîchement débarqué à Arsenal, Olivier Giroud compte bien faire son trou en équipe de France. Buteur à l’occasion de sa première titularisation contre l’Allemagne le 29 février 2012, il reste cantonné à un rôle de remplaçant. L’été, lors de l’Euro, il assiste impuissant à l’élimination des siens en quarts de finale face à l’Espagne, après avoir disposé de seulement 32 minutes de jeu en quatre matches.
C’est avec une saveur toute particulière que l’équipe de France se déplace à Vicente Calderón le 16 octobre 2012, deux mois après la déconvenue qui aura coûté sa place de sélectionneur à Laurent Blanc. Menés 1-0 après un but de Sergio Ramos sur corner (25’), les Bleus ne sont pas dominés outrageusement par les récents champions d’Europe - et champions du monde en titre. Les occasions se multiplient même en deuxième période, mais le score reste irrémédiablement figé jusqu’à l’éclair…
Entré en jeu à la 88e minute après la sortie sur blessure de Karim Benzema, Olivier Giroud conclut de la tête un centre venu de la gauche de Franck Ribéry à la 94e minute, alors que le temps additionnel effectif est dépassé depuis 20 secondes. Rarement un match nul n’aura eu autant la saveur d’une victoire. “On y a cru jusqu’au bout, c’est quelque chose d’extraordinaire de revenir dans un match comme ça”, réagit alors celui qui fêtait sa 13e sélection en ce soir d’octobre.
• 11 octobre 2015 : Danemark - France (1-2), la passation de pouvoir sans le savoir
Quatre ans après ses débuts avec les Bleus, Olivier Giroud n'est toujours pas un titulaire indiscutable. Parfois associé à Karim Benzema en pointe, il reste le second choix dans l'esprit de Didier Deschamps. Il faut dire qu'il n'a pas brillé lors des barrages de qualifications au Mondial 2014 contre l'Ukraine. Titulaire muet et battu à l'aller (2-0), il a assisté depuis le banc de touche aux trois buts français lors du retour (3-0). Au Brésil, à l'occasion de la Coupe du monde, il n'entre que 5 minutes avant la fin du temps réglementaire contre l'Allemagne lors de l'élimination en quarts de finale (1-0).
Si son concurrent en attaque connait des périodes de disette, lui aussi en souffre. La succession des matches amicaux joués lors de la saison 2015/16 va faire un bien fou à Giroud, en particulier le déplacement à Copenhague le 11 octobre 2015. Face à une sélection danoise contre laquelle il avait inscrit son 10e but en équipe de France sept mois plus tôt, l'attaquant d'Arsenal y va cette fois de son doublé. Sans le savoir à cet instant, sa bataille avec Karim Benzema est définitivement terminée.
Trois jours plus tôt, KB9 sortait sur blessure contre l'Arménie (4-0), touché aux ischio-jambiers après son doublé. Le lendemain, il quittait le groupe France, sans savoir qu'il ne le retrouverait plus jamais. Car le 13 octobre éclate l'affaire du chantage à la sextape contre Mathieu Valbuena, dans laquelle Benzema est mis en examen en novembre. Dans le même temps, Olivier Giroud continue de planter (5 buts lors des 6 matches qui suivent le doublé contre le Danemark) et s'offre une place de titulaire pour l'Euro 2016 en France.
• 2 juin 2017 : France - Paraguay (5-0), l'apogée
Après avoir vécu la défaite en finale de l'Euro contre le Portugal, où ni lui ni aucun autre tricolore n'a réussi à marquer, Olivier Giroud reste titulaire dans les onze de départs de Didier Deschamps. L'ex-Montpelliérain espère garder sa place en prévision du Mondial 2018 en Russie. Cinq jours après une déconvenue contre l'Espagne en amical, il se fait particulièrement remarquer contre le Paraguay, le 2 juin 2017. Celui qu'on a souvent critiqué pour ses périodes de disette claque un triplé, une première pour un international français depuis David Trézéguet en 2000.
"Il est dans son registre, c'est notre meilleur buteur, il continue de marquer et quand il ne marque pas, il fait souvent marquer à côté de lui. Il répond présent même si avec son club il a eu une saison difficile. Mais même là-bas avec peu de temps de jeu, il est quand même efficace donc je suis content pour lui", se félicite Didier Deschamps. Avec 15 buts marqués lors de ses 16 dernières titularisations, Giroud voit sa cote de popularité atteindre son apogée.
• 9 septembre 2018 : France - Pays-Bas (2-1), le droit à la fête
Etre l'attaquant titulaire d'une sélection championne du monde n'offre pas de totem. Olivier Giroud a fait l'expérience d'un Mondial doux-amer, dont il aura disputé tous les matches sans jamais inscrire le moindre but. 7 matches, 0 but, 1 passe décisive : tel est le bilan comptable de l'attaquant des Bleus en Russie. Sans nier son apport sur le terrain, le fait qu'il n'ait pas été assez décisif a clairement été le seul point noir de l'épopée bleue de juillet 2018.
Le 9 septembre 2018, alors que l'équipe de France vient fêter son titre de champion du monde au Stade de France lors d'un match de Ligue des Nations contre les Pays-Bas, Giroud reste sur une disette de 10 matches sans marquer avec les Bleus (le dernier remontant au 28 mai contre l'Irlande). Il essuie d'ailleurs quelques sifflets au cours d'un match serré où il peine à voir le jour. Alors que Deschamps s'apprête à le faire sortir et qu'Ousmane Dembélé termine son échauffement sur le bord du terrain, Giroud surgit pour reprendre de volée un centre de Benjamin Mendy et donner l'avantage aux siens à la 75e minute.
Symboliquement, ce but lui permet de dépasser Zinédine Zidane au classement des buteurs en équipe de France. Pragmatiquement, il lui permet de pouvoir fêter pleinement la deuxième étoile au Stade de France. Didier Deschamps réaffirme alors une confiance sans faille en son attaquant : "Il est injustement critiqué. Il est très important pour l'équipe, il l'a toujours été. C'est bien de critiquer, et là il met le 32e but. On a besoin de lui, on aura besoin de lui".
• 25 mars 2019 : France - Islande (4-0), l'entrée dans le cercle fermé
Toujours critiqué, mais plus par son manque d'efficacité, Olivier Giroud continue de faire sa part de travail avec les Bleus. Indéboulonnable, il s'offre même une série de trois matches consécutifs avec un but marqué. Après l'Uruguay et la Moldavie, c'est contre l'Islande, le 25 mars 2019, que cette série se boucle. Face à un adversaire qui lui réussit particulièrement, il inscrit un but, le 35e de sa carrière en équipe de France, sur une passe décisive de Benjamin Pavard.
Cela lui permet d'entrer dans le Top 3 de ses buteurs les plus prolifiques, derrière Thierry Henry (51) et Michel Platini (41). Et depuis cette rencontre, il en a marqué 5 de plus, dont un lors de la dernière sortie tricolore contre la Croatie (4-2). A maintenant 34 ans, Olivier Giroud n'est plus qu'à une petite longueur de "Platoche", en sursis cette semaine avec les trois matches des Bleus prévus contre l'Ukraine (7 octobre), le Portugal (11 octobre) et le déplacement en Croatie (14 octobre).
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