Mondial 1998 : Emmanuel Macron "se souvient d'une tension incroyable"
Comment avez-vous vécu cette Coupe du monde ?
Emmanuel Macron : "Pouvoir vivre, en France, la Coupe du monde de football quand vous êtes un jeune étudiant parisien de 20 ans et amateur de foot, c'est quelque chose d'unique. J'ai vibré à chaque match de l'équipe de France. Je les ai évidemment tous regardés, avec toujours, comme des millions de Français, l'envie de partager ces moments, que ce soit au coeur de la foule devant un écran géant ou aux côtés de mes amis. Comme pour les autres matches, le soir de la finale, j'étais à Paris. Nous nous étions installés dans un café. Je me souviens d'une tension incroyable. On jouait plus que du football, on jouait pour quelque chose qui allait tous nous marquer, comme le pays, la fierté et la joie d'être Français."
Quelle image forte gardez-vous ?
E.M. : "Des centaines. Cette folie douce dans les rues de Paris, c'était incroyable... C'est comme si plus personne n'arrivait à se délester de son sourire. Je me souviens notamment d'un vendeur de maillots qui travaillait à côté de l'écran géant de l'Hôtel de ville. Avant le premier match France-Afrique du Sud, je lui avais acheté le maillot de l'équipe de France. On avait sympathisé, je lui avais expliqué pourquoi je nous voyais gagner le Mondial. Il ne me prenait pas au sérieux, ce n'était pas l'ambiance du moment. Lorsque je l'ai croisé le lendemain de la finale, il était euphorique. Il se souvenait parfaitement de moi et il m'a offert un second maillot. Je l'ai toujours gardé. Cette époque, mes 20 ans, le Mondial-98, la victoire des Bleus, ce sont vraiment de beaux souvenirs."
Mais cet esprit black-blanc-beur vanté à l'époque n'a pas vraiment perduré ?
E.M. : "En 1998, la France s'est unie dans la célébration de ceux qu'elle considérait comme des héros. Nous avions besoin de retrouver cette fierté d'être Français, de redécouvrir ce dont nous étions capables, ensemble. Le sport participe de cette écriture du roman national. Il valorise l'effort, le dépassement de soi, en gommant les différences. De sorte qu'un instant, l'équipe de France n'était plus le reflet de la société, de ses tensions, de ses lacunes, elle était le reflet de ses aspirations, d'une envie, d'un idéal. C'était cela l'esprit de 1998 et non un aveuglement sur les défis que notre société avait à surmonter. Cette envie, il faut la cultiver, l'entretenir, car elle est nécessaire et fragile. Et oui, elle s'est souvent délitée ces dernières années. Mais je pense profondément que le génie français, dans la culture, dans les sciences, dans l'innovation comme dans les sports, doit être célébré. C'est un puissant ciment de notre société."
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