Les idées fixes de Didier Deschamps
Au sein d'une équipe en plein doute, Didier Deschamps a choisi la posture du conservateur. Mis à part dans le secteur offensif où la nouvelle recrue Mancunienne Anthony Martial devrait honorer sa première sélection, l'ancien capitaine des Bleus a choisi de jouer la prudence et de ne pas bousculer son ossature. Pourtant, au vu des dernières prestations peu convaincantes de l'Equipe de France ainsi que de l'incertitude qui règne autour de certains postes, plusieurs prétendants en défense et au milieu de terrain pourraient légitimement prétendre à une place au sein des 23 qui porteront le maillot floqué du coq à l'Euro en juin prochain.
Aymeric Laporte attend toujours son heure
Si Patrice Evra et Raphaël Varane semblent partir avec une très grosse longueur d’avance sur leurs concurrents dans l’esprit de Didier Deschamps, des doutes subsistent encore quant à savoir qui accompagnera le défenseur du Real Madrid et qui sera le pendant de Pat’ côté droit. Au niveau des latéraux, il paraît difficile de trouver à redire quant aux choix de Didier Deschamps. Le vivier français est très pauvre à ce niveau là. Mathieu Debuchy et Bacary Sagna ne méritent pas moins leur place qu’un Christophe Jallet plutôt régulier sous le maillot tricolore mais blessé, ou d’un Sébastien Corchia qui n’a pas passé le cap espéré depuis son arrivée à Lille. Steven Moreira, Antoine Conte ou Léo Dubois, qui tiennent le poste en Espoirs, ne semblent eux pas encore assez mûrs pour postuler à une place dans le groupe à moins d’un an de l’Euro.
C’est probablement au poste de deuxième central que le sélectionneur dispose du choix le plus large. La charnière est le secteur où se focalise les plus grands doutes après des dernières sorties loin d’être rassurantes (huit buts encaissés sur les quatre derniers matches). Pourtant, pas de changement ou presque dans cette nouvelle liste. L’absence de Mamadou Sakho – faute de temps de jeu à Liverpool – au profit de Kurt Zouma est peut-être le seul choix fort de la part de Deschamps dans cette liste des 23. Pour le reste, il a décidé de faire confiance à Laurent Koscielny et Eliaquim Mangala. Un choix qui pourrait porter à discussion, notamment concernant le Citizen qui sort d’une saison où il n’a que très peu joué. S’il a participé aux quatre premiers matches de City cette saison (pour zéro but encaissé), l’arrivée de Nicolas Otamendi pour 40 millions d’euros pourrait contraindre l’ancien joueur de Porto à retrouver le banc de touche. Une concurrence qui pourrait remettre en cause sa place dans la hiérarchie des Bleus ? Peut-être, car Deschamps dispose d'autres options, la première étant Aymeric Laporte. Le Basque d’adoption, titulaire à Bilbao depuis maintenant trois saisons à seulement 21 ans, enchaîne les grosses prestations en Liga en se frottant aux Messi, Cristiano Ronaldo, Neymar et consorts. Dur au mal et à la fois propre et précis dans la relance, l’international Espoirs reste dans les petits papiers de Deschamps, qui n’a toutefois pas encore franchi le cap de le convoquer avec les grands à Clairefontaine. Pourtant, Laporte a l’avantage d’être gaucher, et donc d’être complémentaire au droitier Varane.
Gaucher tout comme Samuel Umtiti. Capitaine pendant son passage chez les Espoirs, le jeune Lyonnais sort d’une saison pleine avec le club Rhodanien, où il aura grandement participé à la deuxième place du club. Dans le groupe pro depuis 2011, Umtiti a dépassé les 100 matches de Ligue 1 et totalise 17 matchs de Coupe d’Europe à seulement 21 ans, une expérience rare à cet âge et à ce poste. Au point de rendre une hypothétique première sélection en équipe de France crédible. Didier Deschamps a pour le moment misé sur d'autres joueurs mais Umtiti ne désespère pas comme il l’avait confié en fin de saison dernière. "Je ne lâche pas cet objectif, il faut que je continue à bosser. J’espère avoir la chance d’être appelé".
Ménage à trois au milieu de terrain
Dans le cœur du jeu de l’Equipe de France, Didier Deschamps semble privilégier un milieu à trois plutôt qu’à deux avec un joueur plus haut sous la pointe. Dans cette configuration, le duo Matuidi-Pogba est intouchable. Les deux joueurs ont cette capacité à se projeter vers l’avant, déséquilibrer les adversaires et casser les lignes qui fait énormément de bien aux Bleus. Mais cette tendance à jouer haut doit forcément être compensé par un troisième larron, couvrant les brèches laissées par la mobylette parisienne et le prodige turinois. Un des principaux chantiers de Deschamps à l’heure où l’Equipe de France est redevenue vulnérable en défense et a définitivement besoin d’une sentinelle avec un profil de pur défensif, capable d’être précieux dans la récupération mais également dans la relance pour ressortir les ballons en une ou deux touches et enchaîner rapidement vers l’avant. Pour le moment, c’est Yohan Cabaye qui semble être le numéro 1 dans l’esprit de Deschamps. Mais l’ancien parisien sort de plusieurs prestations décevantes sous le maillot Bleu et ce rassemblement pourrait être l’une de ses dernières chances pour convaincre le sélectionneur de le conserver dans son onze. Derrière, Morgan Schneiderlin et Geoffrey Kondogbia, qui ont passé un cap cet été en signant respectivement à Manchester United et l’Inter Milan, peuvent faire office de troisième homme parmi les joueurs présents pour ces deux matches face au Portugal et à la Serbie. D’autres joueurs, absents, peuvent eux aussi prétendre à une place de titulaire aux côtés de Matuidi et Pogba.
Impressionnant depuis six mois dans le rôle de sentinelle chez les Gunners, Francis Coquelin a pris une nouvelle dimension à Arsenal mais ne semble pas encore avoir les faveurs de Didier Deschamps. Très bon dans l’anticipation et le placement (3,7 interceptions en moyenne par match la saison dernière, meilleur ratio de Premier League), le joueur de 24 ans a le profil de milieu défensif pur qui pourrait parfaitement s’intégrer au système de Deschamps. Moins métronome que peut l’être un Kondogbia, il a néanmoins montré qu’il était capable d'être le premier déclencheur des attaques des Gunners, comme lors du choc face à Liverpool il y a deux semaines (0-0) par exemple. Il lui faudra probablement enchaîner de grosses prestations en Premier League mais surtout en Ligue des Champions pour pouvoir bousculer la hiérarchie de Deschamps. Dans un autre registre, l’absence de Dimitri Payet peut être sujette à débat. Auteur d’une rentrée remarquée lors de la défaite face à la Belgique en juin, l’ancien Marseillais pourrait tenir le rôle de n°10 lorsque Deschamps décide de passer dans un système en 4-2-3-1, comme ce fut le cas face aux joueurs de Marc Wilmots. Parti découvrir la Premier League cet été, Payet a signé des débuts plutôt convaincants sous le maillot de West Ham. Pas assez selon Deschamps "J’attends mieux, j’attends plus. Il a fait un très bon premier match contre Arsenal, il y en a eu deux autres derrière. Ce n’est pas une sanction, je continue de le suivre."
D’autres peuvent également se poser comme une alternative au sein du milieu de terrain de l'EDF. Giannelli Imbula devra passer un cap à Porto où il découvrira la Ligue des Champions et Maxime Gonalons devra lui être plus régulier sous le maillot Lyonnais pour prétendre devenir un concurrent sérieux au onze de départ. Le retour de Lassana Diarra en Ligue 1 pourrait amener un profil intéressant, avec une expérience non négligeable. Mais tout dépendra de la saison de l’ancien Madrilène, qui sort de deux saisons galères en Russie. Enfin, pour Jérémy Toulalan, la porte semble définitivement fermée pour lui.
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