La FFF fait peau neuve
En dépit des inquiétudes de certains représentants du monde amateur face à la montée en puissance des "pros" (qui passent de 25% à 37% et obtiennent une minorité de blocage), ce score est comparable à celui obtenu en décembre (82,7%) par la loi-cadre élaborée dans la foulée des Etats généraux et définissant les grands principes de la réforme de la gouvernance de la FFF. Trois autres éléments faisant nettement moins débat avaient également été mis au vote.
Le principe de l'élection du président de la FFF et d'un comité exécutif de 10 membres au scrutin de liste a été adopté à 90,1% des voix. La pérennisation de la contribution financière versée par le monde professionnel au monde amateur (2,5% des droits télévisés négociés par la LFP et des recettes liées aux paris sportifs avec un plancher fixé à 14,26 millions d'euros) a obtenu 90,5% des voix. Enfin, la création d'une Haute autorité (20 membres) représentant les "familles" du football a reçu l'aval de 70,5% des votants.
Avec l'adoption de ces nouveaux statuts, qui sont directement liés au catastrophique Mondial-2010 des Bleus et à sa gestion par la fédération, celle-ci évite de plonger dans une nouvelle crise, son président Fernand Duchaussoy ayant laissé entendre qu'il démissionnerait en cas de vote défavorable. "La Fédération donnait l'exemple d'un système hérité du XIXe siècle. Nous aurons désormais un système plus efficace, plus juste et plus démocratique", a de son côté déclaré Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel.
"Les pros et les amateurs sont unis et solidaires. Nous ne sommes pas condamnés à vivre ensemble, c'est une joie de vivre ensemble ! Nous sommes indissolublement liés", a-t-il ajouté. Il reste pourtant des mécontents. "C'est une grande tristesse pour le football amateur. On fait porter le chapeau de Knysna aux deux millions de licenciés et c'est le plus mauvais message possible", a ainsi déclaré Philip Guyot de Caila, président du district du Pays minier.
"Il y a eu une vraie dramatisation et une personnalisation de ce vote. On a fait planer la perspective du chaos, c'est dommage", a-t-il ajouté. Une délégation d'opposants au nouveau partage des voix a par ailleurs prévu de se rendre devant le siège de la FFF dès la fin de l'assemblée générale "pour y enterrer symboliquement le football amateur".
Questions - Réponses
Q: Cette assemblée est-elle allée au-delà de vos espérances ?
R: "J'ai toujours été inquiet, ceux qui étaient contre la réforme se sont beaucoup exprimés. J'ai beaucoup travaillé, beaucoup de personnes ont circulé dans les ligues pour expliquer la réforme et sa philosophie. On était arrivé au bout d'un processus, même s'il y a eu des victoires avec ce système, on a été champions du monde et d'Europe. Mais la gouvernance était à revoir, on a déconnecté l'exécutif du contrôle: on n'a pas inventé l'eau chaude, mais on a eu le courage politique de se rénover".
Q: Vous sentez-vous conforté, et avec l'envie de continuer ?
R: "Conforté peut-être, mais surtout réconforté. Il y a la confiance de l'assemblée fédérale, du monde professionnel et amateur. J'ai été le président porteur de cette réforme, même si beaucoup ont travaillé dans l'ombre. Ca me donne envie de continuer jusqu'au 18 juin (date de la prochaine élection du président, ndlr). Il est indispensable d'avoir une équipe, personnellement je n'ai contacté personne. Je n'attendrai pas le 17 mai pour me prononcer (date limite pour le dépôt des candidatures, ndlr), ce sera clair en avril. Aujourd'hui je pars de zéro, certains ont probablement un peu d'avance sur moi. Moi, je me suis consacré corps et âme à cette réforme".
Q: Qu'est-ce qui pourrait vous pousser à ne pas être candidat ?
R: "Le sentiment d'avoir fait mon travail et tracé la voie pour une nouvelle façon de fonctionner. Ma volonté était d'arriver aujourd'hui, c'est une étape fondamentale dans mon parcours associatif".
Q: Qu'est-ce qui pourrait vous pousser à être candidat ?
R: "Cette réforme n'est pas encore entrée en application. Il faut des ajustements et la terminer fin 2012. Cela peut être extrêmement motivant de terminer la réforme".
Q: Noël Le Graët, qui pourrait être candidat, serait-il un bon président ?
R: "Ce n'est pas à moi de le dire, mais aux électeurs. Il y a plein de gens capables de faire de bons présidents. Avant d'être désigné comme président intérimaire, j'ai vu dans la presse plein de noms, Guy Roux, Campora, Tapie, Benoît XVI (rires). J'espère avoir fait mon boulot quand même. Noël peut faire un bon président de la Fédération, bien sûr, ça ne veut pas dire que je ne peux pas en faire un bon".
Q: La campagne électorale ne risque-t-elle pas de diviser la FFF ?
R: "Je l'espère sereine et fourmillant d'idées. On a beaucoup trop parlé de la gouvernance, qui n'est pas une préoccupation majeure de ceux qui prennent une licence pour jouer au foot. C'est l'image du foot qui est importante, on essaie de la restaurer à travers cette équipe de France qui a une autre allure qu'il y a quelques mois. La campagne électorale, c'est le risque de la démocratie. Si c'est pour présenter des idées, pas de problème, si c'est des affrontements malsains, ça peut poser un problème".
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