Cet article date de plus de cinq ans.

France-Uruguay : cap sur l'avenir pour les Bleus ?

Éliminés de la Ligue des Nations après le nul des Pays-Bas lundi face à l’Allemagne, les Bleus devraient recevoir l’Uruguay avec une équipe bien différente de celle alignée à Rotterdam vendredi. Des changements pas si anecdotiques, là où Didier Deschamps pourrait se servir de ce dernier match de l’année pour déjà commencer à tracer un horizon vers l’Euro 2020.
Article rédigé par Mathieu Aellen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
Tanguy Ndombele (à droite), aux côtés de Kylian Mbappé (FRANCK FIFE / AFP)

Il aurait pu être un match anecdotique de fin d’année, l’occasion d’un dernier tour d’honneur au Stade de France pour terminer une cuvée 2018 exceptionnelle qui aura vu les Bleus grimper sur le toit du monde. Au lieu de ça, la défaite face aux Pays-Bas vendredi conjuguée au match nul arraché par les Oranje en Allemagne lundi donne à ce France-Uruguay une toute autre saveur. Envolé l’espoir d’accrocher au palmarès la première Ligue des Nations de l’histoire, cette dernière fenêtre internationale de l’année a finalement fait retomber l’euphorie qui touchait les Bleus depuis plusieurs mois.

Si depuis juillet, Didier Deschamps a été plutôt fidèle à l’adage qui voudrait que l’on ne change pas une équipe qui gagne, cette rencontre face à l’Uruguay pourrait devenir le point de départ d’un nouveau chapitre pour le patron des Bleus. Éliminés de la Ligue des Nations, l’avenir des Bleus s’inscrit désormais à l’horizon 2020 avec la phase finale de l’Euro et le sélectionneur pourrait être tenté de relancer la concurrence pour faire bouger les lignes au sein d’un groupe "sans doute usé physiquement et psychologiquement" selon les mots de Didier Deschamps. Ce dernier devrait donc donner l’occasion aux habituels remplaçants de s’illustrer, eux qui n’ont pas eu tant d’occasions de le faire depuis le mois de juin. Et si certains n’ont pas encore su saisir leur chance (Kimpembe, Dembele), d’autres pourraient profiter des blessures et des méformes pour déjà prétendre à une place dans le bon wagon pour 2020. État des lieux de ceux pour qui ce match face à l’Uruguay n’aura rien d’amical.

Ferland Mendy

"Ce n'est pas tout de superviser et de regarder l'évolution des joueurs. C'est plus de voir ces joueurs-là au niveau international en sachant les exigences qu'il y a". Didier Deschamps a de nouveau prévenu sur le plateau de Téléfoot dimanche dernier. C’est bien d’être performant en club, encore faut-il pouvoir montrer de même au niveau international. Un message qui pourrait être destiné particulièrement à Ferland Mendy.

Appelé pour pallier le forfait de son homonyme Benjamin, le Lyonnais devrait connaître sa première cape ce soir face à l’Uruguay. Auteur d’un très bon début de saison avec l’OL, l’ancien Havrais devra donc convaincre DD qu’il peut répéter ses bonnes performances nationales et européennes au niveau international. L’exemple à suivre ? Celui de Lucas Hernandez, appelé pour la première fois en mars dernier et devenu aujourd’hui titulaire indiscutable dans l’esprit de Didier Deschamps. Toujours gêné par des problèmes physiques, Benjamin Mendy squatte pour le moment l'infirmerie alors que Lucas Digne, pas forcément dans les papiers de Deschamps, ne s'est pas montré réellement à son avantage face au Pays-Bas vendredi. L’occasion est belle pour le Lyonnais de marquer les esprits.

  (FRANCK FIFE / AFP)

Benjamin Pavard/Djibril Sidibé

Un poste, deux joueurs et le même problème : qui installer sur le côté droit de l’arrière garde française ? Benjamin Pavard, qui traîne son spleen sur les pelouses de Bundesliga (dernier du championnat avec Stuttgart), a de nouveau affiché une certaine fébrilité défensive face aux Pays-Bas, à l’image de ce qu’a pu montrer le joueur de 22 ans lors du Mondial ou de ses derniers matches avec les Bleus. Djibril Sidibé, toujours gêné par une blessure au genou qui le suit depuis plusieurs mois, vit lui aussi un véritable calvaire avec l’AS Monaco en ce début de saison. Alors qu’il s’était installé dans le costume de titulaire après l’Euro 2016, Sidibé n’apparait plus aujourd’hui comme un titulaire en puissance dans le onze de Didier Deschamps. Le Monégasque ne compte que 180 minutes de jeu avec les Bleus cette année, et n’a plus porté la liquette de l’équipe de France depuis le match de poule face au Danemark.

Une grosse crise de confiance chez les deux latéraux qui n'entache pourtant pas le crédit qu'ont les deux joueurs auprès de Didier Deschamps. Mais la patience du patron des Bleus a ses limites et il n’a pas hésité à les mettre en garde cette semaine. "C'est déjà arrivé que des joueurs soient moins bien dans leur club, je ne vais pas changer mon opinion sur eux. Après, si ça perdure, à moi de juger du niveau des joueurs, mais cela dépend aussi de la concurrence." Nordi Mukiele (Leipzig), Ruben Aguilar (Montpellier), Kenny Lala (Strasbourg), Kevin Malcuit (Naples) ou encore Sebastien Corchia (Benfica) continuent de frapper à la porte et l'un d'entre eux pourrait bien franchir celle de Clairefontaine en mars prochain en cas de nouvelle contre-performance d'un des membres du duo ce mardi.

  (FRANCK FIFE / AFP)

Tanguy Ndombele

Didier Deschamps pourrait-il avoir trouvé sa roue de secours quand il ne peut pas compter sur Paul Pogba ? "Celui qui peut se rapprocher le plus de Paul c'est Tanguy Ndombele, même s'il est jeune, il n'a pas l'expérience. C'est quelqu'un qui peut être décisif par ses passes et ses orientations vers l'avant", confiait le sélectionneur lundi en conférence de presse. Ses 23 bonnes minutes face à l'Islande pour sa première sélection en octobre n'ont pas encore trouvé de suite, lui qui n'a cumulé que dix minutes de jeu sur les deux derniers matches. Mais le passage en 4-2-3-1 ce soir face à l’Uruguay devrait permettre à Ndombele de connaitre sa première titularisation avec les Bleus.

Aux côtés de Kanté, le Lyonnais devra apporter de la verticalité, de la projection et de la créativité dans le jeu, ce qui a terriblement manqué aux Bleus vendredi à Rotterdam. L’ancien amiénois, qui peut se fondre dans un double-pivot comme dans un milieu à 3, a une vraie chance de s’imposer dans l'esprit de Deschamps comme la doublure de Paul Pogba et de profiter de la contre-performance de Steven Nzonzi face aux Pays-Bas et de la blessure de Corentin Tolisso pour prolonger son CDD avec les Bleus l’année prochaine.

  (LOIC VENANCE / AFP)

Nabil Fekir

L'avenir peut-il s'écrire avec un homme qui en trois ans et demi sous le maillot Bleu ne compte que deux titularisations (pour 19 sélections) et 352 minutes de jeu cumulées ? Oui, si Didier Deschamps décide de faire confiance à Nabil Fekir. Champion du monde dans un rôle de joker de luxe (69 minutes jouées), le Lyonnais reste dans les petits papiers du sélectionneur, alors qu'aucun des autres joueurs offensifs (Lemar, Dembele, Thauvin) n'ont récemment apporté de garanties pour prétendre bousculer l'ordre établi.

Intégrer Fekir, aujourd'hui remplaçant attitré d'Antoine Griezmann dans le 4-2-3-1 des Bleus, amènerait Deschamps à réfléchir à une autre animation de son secteur offensif. Réputé conservateur et pragmatique, le sélectionneur des Bleus a montré qu'il pouvait aussi tenter de faire un pas de côté. Le 4-4-2 losange adopté lors des matches de préparation pour le Mondial puis l'inexpérimenté trio Mbappé-Dembele-Griezmann aligné lors du match d'ouverture face à l'Australie en sont les témoins les plus récents. Des idées rapidement mises aux oubliettes - à raison - mais qui pourraient ressurgir d'ici à l'Euro 2020. Avec la volonté de travailler sur le long terme autour d'une réelle alternative aux classiques 4-2-3-1 et 4-3-3.

Cela dépendra évidemment des performances de Fekir sous le maillot lyonnais, mais également de l'avenir d'Olivier Giroud avec les Bleus. Le joueur de Chelsea aura 34 ans en 2020 et s'il reste pour l'instant l'avant-centre N°1 dans l'esprit du sélectionneur, rien ne dit que ce sera toujours le cas dans un an et demi. Deschamps, qui a déjà testé la solution Mbappé en pointe, pourrait être tenté de réutiliser le Parisien en N°9 et repenser son animation offensive autour du duo Mbappé-Griezmann. Dans un 4-4-2 losange par exemple, avec Fekir en N°10 ? C'est l'une des nombreuses possibilités que pourrait tester Deschamps durant l'année 2019.

  (MEHDI TAAMALLAH / NURPHOTO)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.