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France - Portugal : quatre ans après la finale de l'Euro, tout a changé pour Antoine Griezmann

Les Bleus retrouvent le Portugal ce dimanche (20h45) à l’occasion de la troisième journée de la Ligue des Nations, quatre ans après leur dernier affrontement en finale de l’Euro. Élu meilleur joueur du tournoi en 2016 après avoir atteint la finale de la Ligue des champions avec l’Atlético de Madrid quelques semaines plus tôt, Antoine Griezmann changeait de dimension. Devenu une star de la planète foot, transféré en 2019 au Barça, “Grizou” est aujourd’hui dans une toute autre dynamique, bien moins fastueuse...
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (FRANCK FIFE / AFP)

10 juillet 2016, 23h30. La clameur des grands soirs retombe au stade de France. Le coup de sifflet final vient doucher les espoirs tricolores. Les Bleus s'inclinent en finale de l'Euro, la faute à un héros inattendu - Eder - et à des occasions manquées qui résonneront à tout jamais dans nos esprits... À commencer par celle d'André-Pierre Gignac.

La tête dans la pelouse de Saint-Denis pendant de longues minutes, Antoine Griezmann a du mal à masquer sa déception. Pourtant, moins de 24 heures après le sacre de Cristiano Ronaldo et de ses coéquipiers, une récompense viendra mettre un peu de baume au cœur à l'attaquant des Bleus : auteur de six buts et de deux passes décisives, il est élu meilleur joueur du tournoi. Une consécration qui l'emmène dans une autre dimension, celle des superstars du football.

Dans la même cour que Ronaldo et Messi

Quelques semaines auparavant, "Grizou" venait de boucler la meilleure saison de sa carrière. Finaliste malheureux de la Ligue des champions avec l'Atlético Madrid face au Real (1-1, quatre tirs au but à cinq), le numéro 7 des Bleus avait entamé sa mue. Ses 32 réalisations en 54 matches en disaient tout autant que ses performances sur le terrain.

Homme de main du "Cholo" Diego Simeone, le Mâconnais est infatigable, combinant un pressing de tous les instants sur les défenseurs adverses à une lucidité bluffante au moment de conclure ses actions. Joueur français de l'année 2016, il termine sur la troisième marche du podium au classement du Ballon d'Or derrière les intouchables "CR7" et Lionel Messi.

  (FABRICE COFFRINI / AFP)

Un champion du monde contesté pour sa comm'

L'exercice 2016-2017 post-Euro est plus compliqué. Sa sortie très commentée au printemps sur ses "six chances sur 10" de signer à Manchester United l'éloigne des supporters colchoneros. Un premier accroc dans la communication de Griezmann, qui se répétera un an plus tard.

Saison vierge de titres, redescendu à la 18e place au classement du Ballon d'Or, le Français se reprend en 2018 en remportant la Ligue Europa face à l'OM (3-0). Sa montée en puissance en fin de saison laisse présager le meilleur pour le Mondial en Russie avec les Bleus. Avant d'aller décrocher la deuxième étoile, il met fin à des mois de spéculation sur son avenir en annonçant dans une vidéo qu'il reste à l'Atlético. Un "se queda" teasé à l'américaine, à l'image d'un LeBron James et de sa "décision" en 2014 lorsqu'il annonçait son départ au Heat de Miami. L'imbroglio autour d'un départ au Barça entretenu par le joueur n'a pas plu aux fans, une nouvelle fois. Le divorce se précise.

Un transfert au Barça et le début des galères

Moins décisif en 2018-2019, Antoine Griezmann entame sa cinquième et dernière saison avec le club madrilène. Un an après avoir repoussé l'offre catalane, il cède aux sirènes des Blaugrana. Le cinquième meilleur buteur de l'histoire des Colchoneros (133 buts) est transféré contre 120 millions d'euros, soit le montant de sa clause libératoire. 

Très vite, les médias espagnols s'interrogent sur son entente avec Lionel Messi. Car le numéro 7, star de l'Atlético, ne peut pas prétendre à autant de lumière que "La Pulga". S'il entame son aventure barcelonaise avec un doublé pour sa première au Camp Nou contre le Betis Séville (5-2), il peine à prendre ses marques dans le jeu et voit logiquement ses statistiques décliner (neuf buts en 35 matches de championnat l'année dernière, ndlr). Force est de constater qu'un peu plus d'un an plus tard, la situation ne s'est pas vraiment améliorée, bien au contraire...

  (CARLO HERMANN / AFP)

"Il a eu deux problèmes l'année dernière : le fait de passer du statut de star à celui d'accessoire et que la place qu'il veut et qu'il aime sur le terrain est occupée par Messi"

Il suffit de s'arrêter sur le dernier match nul du Barça contre Séville (1-1) pour comprendre l'ampleur du problème. Repositionné sur l'aile droite par son nouvel entraîneur Ronald Koeman - alors que l'attaquant de 29 ans déclare ouvertement sa préférence pour une position plus axiale - Antoine Griezmann n'a eu aucune influence ou presque sur son équipe. Pire : en 61 minutes de jeu, il n' a reçu... que 15 ballons de la part de ses partenaires. Un triste record qui éclipse les 25 qu'il avait reçus en 78 minutes contre Villarreal. Le boycott de ses coéquipiers évolue désormais à visage découvert.

Eric Olhats, celui qui a découvert le Français, résumait il y a quelques jours les difficultés auxquelles il est confronté : "il est plus inquiet que triste (...) Il a eu deux problèmes l'année dernière : le fait de passer du statut de star à celui d'accessoire et que la place qu'il veut et qu'il aime sur le terrain est occupée par Messi. C'est la première fois qu'il a des difficultés depuis qu'il est professionnel mais je suis sûr que par son ambition et son talent il le résoudra. Surtout si le Barça joue en équipe. C'est lui qui a choisi de jouer pour Barcelone et il doit maintenant se battre".

  (FRANCK FIFE / AFP)

L'équipe de France comme béquille

Dans cette période tumultueuse, "Grizou" peut compter sur sa bouée de sauvetage : l'équipe de France. Dernier buteur des Bleus contre l'Ukraine mercredi (7-1), il a dépassé Zinédine Zidane à la 5e place des meilleurs buteurs avec la sélection (32 buts en 81 matches) et inscrit son premier but de la saison. Un soulagement plus que bienvenu pour celui qui voyage en eaux troubles en Catalogne.

La confiance du sélectionneur Didier Deschamps, qui n'hésite pas à le faire évoluer dans l'axe, n'y est absolument pas étrangère. "J'échange avec Antoine et je vois bien les choses", expliquait-il il y a quelques jours en conférence de presse. "Je suis convaincu qu'il n'est pas heureux de la situation. Il fait au mieux en tenant compte des différentes situations, en s'adaptant au système et aux autres joueurs. Il ne rechigne pas mais pour donner sa pleine mesure c’est toujours mieux pour un joueur de jouer dans sa meilleure position."

Buteur et passeur décisif contre la Croatie début septembre en Ligue des Nations (4-2), Antoine Griezmann redevient le joueur brillant et décisif qu'il est une fois le maillot tricolore revêtu. Gageons que ce dimanche aussi, quatre ans après le rêve brisé, il puisse porter les Bleus dans une compétition internationale.

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