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France-Brésil : Marie-Antoinette Katoto, une Bleue reine de Paris

Pour leur deuxième match du Tournoi de France contre le Brésil, samedi, les Bleues pourront compter sur leur jeune attaquante du PSG.

Article rédigé par franceinfo: sport - Lucie Bou et Marie Diémé de L'équipière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Marie-Antoinette Katoto, la jeune attaquante internationale du PSG, lors du match de Ligue des champions contre le Real Madrid, le 18 novembre 2021. (Oscar Barroso / Spain DPPI via AFP)

À seulement 23 ans, l'attaquante tricolore, auteure de 19 buts en 23 matchs avec les Bleues, est récemment devenue la meilleure buteuse de l'histoire du Paris Saint-Germain, en battant le record de Marie-Laure Delie (130 réalisations). Titulaire mercredi contre la Finlande dans le premier match du Tournoi de France, elle sera encore un élément important contre les Brésiliennes, quarts-de-finalistes aux derniers Jeux olympiques, samedi 19 février. Un conte étonnant de précocité, qui s'est écrit en plusieurs chapitres. 

Le diamant brut (2010-2013)

Née en 1998, grande année du football français, Marie-Antoinette Katoto chausse ses premiers crampons dès l'âge de 7 ans, dans sa ville natale de Colombes. Assidue, la jeune "MAK" se fait remarquer quelques années plus tard en 2010 par Laure Lepailleur, alors éducatrice au Paris Saint-Germain.

Du haut de ses 12 printemps, elle intègre ainsi les équipes jeunes du club de la capitale. Formée aux côtés d'autres franciliennes très prometteuses, elle figure déjà dans le haut du panier. Pierre-Yves Bodineau, ancien entraîneur chez les jeunes du PSG désormais à l'Academy PSG à l'international, se souvient : "On a tout de suite distingué Katoto, Geyoro, Lahmari, Couturier et Morroni."  Une intuition, celle de détenir un diamant brut. Buteuse habile, elle ne tarde pas à faire parler la poudre, et attire l'attention au plus haut niveau.

Grace Geyoro (à gauche) et Marie-Antoinette Katoto sous le maillot du PSG en 2016. (Manu Cahu)

Une "titi" chez les grandes (2014-2017)

En 2014, le PSG décide de faire signer sept contrats jeunes à ses "titis", qui s'entraîneront désormais deux fois par semaine avec l'équipe A. Katoto compte parmi les heureuses élues. Alors entraîneur de l'équipe fanion du Paris Saint-Germain féminin, Farid Benstiti se souvient de ses premiers pas dans la cour de grandes. "Elle dégageait déjà une intelligence de jeu dans son placement, c'est inné. Dans toute sa palette, la première chose qui m'a frappé, c'est sa qualité devant le but : le jeu de volée, le jeu de tête. Il suffisait tout simplement de la lancer", explique le technicien français. 

Pas question de griller les étapes pour autant. Si ces joueuses s'entraînent avec des internationales de haut rang, elles continuent à évoluer en équipe U19 le week-end. Mais à force de travail, Katoto est récompensée par un modeste temps de jeu. En 2014-2015, elle dispute trois rencontres, dont une très importante en Ligue des champions : sa première apparition en professionnel. "On a joué contre Wolfsburg en demi-finales de Ligue des Champions. Elle était sur le banc. Je lui ai dit d'aller s'échauffer [à la 85ème minute], elle était tremblante ! Elle a été inexistante, mais c'était compréhensible", se souvient l'ancien entraîneur de l'OL Reign.

Durant deux années, Katoto navigue entre le groupe U19 et l'équipe première pour parfaire son jeu. Un choix concluant puisqu'elle remporte le championnat U19 (2016), ainsi que le championnat d'Europe de la même catégorie, dont elle termine meilleure buteuse avec six réalisations. La promesse parisienne est alors en passe de devenir une valeur sûre.

Marie-Antoinette Katoto effectue ses premiers pas avec les professionnelles en demi-finales de la Ligue des champions contre Wolfsburg, le 26 avril 2015. (FRANCK FIFE / AFP)

Entre confirmation et déceptions (2017-2019)

Ses armes faites, et après une année 2017 marquée par les blessures, MAK peut enfin être lancée dans le grand bain lors de la saison 2017-2018. À l'aube de ses 19 ans, elle s'inscrit comme la pièce maîtresse de l'équipe professionnelle qui compte pourtant dans ses rangs Jennifer Hermoso et une certaine Marie-Laure Delie. Avec 21 buts inscrits en D1, l'attaquante impressionne au point d'être primée du titre de meilleure espoire du championnat. 

Mais en équipe de France jeune, la donne est toute autre. En fin de saison, lors de la Coupe du monde U20, la très attendue Katoto réalise une compétition mitigée. "Tout le monde attendait beaucoup de MAK, on avait déjà conscience de ses qualités. En effet, peut-être que cette pression était trop hâtive pour elle. Nous avions forcément beaucoup d'attentes autour d'elle sur cette compétition", confie Gilles Eyquem, alors sélectionneur. 

Marie-Antoinette Katoto face au PSG en 2017. (Manu Cahu)

Muette, la Parisienne est pointée du doigt pour son manque d'influence dans le jeu, mais aussi pour un pénalty raté face à l'Espagne en demi-finales, qui a précipité l'élimination des Bleuettes. Eyquem ajoute : "Ce qui s'est passé en 2018 a dû être un moment pénible et douloureux pour elle. Cette compétition était l'échec du groupe, du staff et MAK ne doit pas prendre tout le poids sur ses épaules (...) J'ai essayé de faire de mon mieux mais j'ai failli dans cette tâche-là. Elle n'a jamais su être bien dans cette compétition", reconnaît-t-il.  

Une contrariété qui ne l'empêche pas de réaliser une saison 2018-2019 de premier plan en inscrivant 30 buts, toutes compétitions confondues, et en enregistrant ses premières sélections en équipe de France A. Mais alors que tout semble enfin sourire à la Parisienne, une ombre vient de nouveau obscurcir son parcours chez les Bleues. "Ça a été un choix difficile, mais j'ai fait ce choix-là et je l'assume", déclarait Corinne Diacre le 2 mai 2019. Marie-Antoinette Katoto, meilleure buteuse du dernier exercice, ne figure pas dans la liste des 23 joueuses convoquées pour la Coupe du Monde 2019, en France. 

La cause de cette mise à l'écart ? Le manque d'impact lors des grands rendez-vous de celle qui ne comptait alors que quatre sélections. "J'ai fait un choix fort, je le sais, Marie-Antoinette était très attendue, je privilégie le groupe. (...) D'autres ont montré un peu plus", justifiait la sélectionneure. Une grande déception, sur laquelle la jeune attaquante du PSG va intelligemment capitaliser. 

Le retour en grâce (2019-2021)

Après sa non-sélection, Marie-Antoinette Katoto se fait plus que discrète sur la scène médiatique, ne souhaitant pas alimenter les débats. Pour Gilles Eyquem, le choix de Diacre pouvait se justifier. "Je pense que Corinne a vu cette difficulté à vivre dans le groupe, à participer au groupe. Cela a conduit à un choix qui, pour moi, était le choix approprié du moment qu'il ne pouvait qu'aller dans le sens d'aider MAK. Je pense que ce point de personnalité doit encore la perturber aujourd'hui. Je pense qu'il faut qu'elle se libère totalement. C'est une joueuse exceptionnelle et au regard de ses qualités, on a envie de la voir s'épanouir pleinement sur le terrain comme dans le vestiaire."

L'attaquante de l'équipe de France Marie-Antoinette Katoto félicitée par ses coéquipières après son but contre les Etats-Unis en match amical au Havre, le 19 janvier 2019. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

À sa nouvelle convocation pour les éliminatoires de l'Euro, au mois d'octobre 2019, Corinne Diacre met les choses au clair: "Il n'y aura pas de traitement particulier pour Marie-Antoinette.  Elle n'aura pas de pression. Moi, je ne lui en mettrai pas en tout cas." Depuis cette date, Katoto a su se montrer beaucoup plus décisive en sélection, avec un total de 19 buts inscrits, dont cinq doublés et un triplé. Figure de proue de l'attaque du PSG, MAK gagne d'ailleurs son premier titre de championne de France en 2021, après une saison 2020 écourtée. 

Discrète mais forte de caractère, Katoto a su rebondir de ses mésaventures. Pour Gilles Eyquem, la buteuse francilienne n'a toutefois pas encore atteint son plein potentiel. "Non, elle n'est pas encore arrivée à maturité. J'attendrai encore plus de générosité dans l'effort. Je pense qu'elle peut faire du mal à tout le monde. Elle dégage une telle force, une telle puissance qu'on a toujours envie d'en voir plus. Elle doit faire encore plus peur", affirme-t-il.

2022 et puis s'en va ? 

2022 sera sans doute une année charnière pour la carrière de Katoto. Outre l'espoir de disputer l'Euro 2022 et enfin confirmer en compétition officielle, MAK devra également prendre des décisions importantes pour son avenir en club.

L'attaquante de l'équipe de France Marie-Antoinette Katoto, face à la Finlande lors du match d'ouverture du Tournoi de France, le 16 février 2022. (FRANCK FIFE / AFP)

En fin de contrat en juin 2022 avec le PSG, elle pourrait voir d'autres portes s'ouvrir. Après onze années passées dans la capitale, pourrait-elle envisager de quitter le bercail ? Rien de moins certain pour Farid Benstiti : "S'il veut la garder, le Paris Saint-Germain gardera Marie-Antoinette Katoto. Si elle part, ce ne sera pas une décision financière, ce sera pour découvrir autre chose. C'est une vraie parisienne, une vraie supportrice du PSG. Si le projet sportif est viable au PSG, elle restera", prévient-il.  

Aujourd'hui sur le toit de Paris mais demain peut-être ailleurs, Marie-Antoinette Katoto n'a sans doute pas fini de rêver plus grand. 

Par Lucie Bou et Marie Diémé @lequipiere

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