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Evra persiste, signe et fait appel

Le bus de Knysna n'a pas fini sa route. Après les sanctions infligées par la FFF, la résistance s'organise. L'ancien capitaine des Bleus Patrice Evra a montré la voie en décidant de faire appel de ses cinq matches de suspension. "Mr Patrice Evra a décidé de faire appel d'autant qu'aucun grief ne peut lui être fait à titre individuel, la responsabilité des évènements dits du +bus de Knysna+ étant à l'évidence collective", a indiqué son avocat.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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Patrice Evra (PATRICK HERTZOG / AFP)

La prestation de Laurent Blanc à Stade 2 n'est pas passée inaperçue. Dimanche, le sélectionneur des Bleus avouait ne pas comprendre la sanction individuelle dans un acte collectif.  "Sur le fond, cette décision ne me dérange pas, sur la forme ça me dérange (...) D'après ce que je sais, c'est un acte collectif (...) Je suis dubitatif  sur la nature des peines, un joueur prend 5 matches, un joueur 3, un joueur 1,  un 0 (...) Que ces gens (de la commission de discipline) m'expliquent s'ils ont  des critères clairs, nets et précis", avait commenté le sélectionneur. Vingt-quatre heures plus tard, les réactions n'ont pas tardé. Les ex-sélectionneurs AiméJacquet et Michel Hidalgo ont demandé dans une lettre ouverte àla Fédération française de football de "lever les sanctions" prisescontre quatre Bleus à l'issue des événements de Knysna au Mondial-2010. Puis, dans la soirée, Patrice Evra a remis le couvert en annonçant son intention de faire appel alors qu'il attend toujours la notification de la décision de la Commission Fédérale de Discipline du 17 août ayant prononcé à son encontre 5 matches de suspension ferme de sélection en équipe de France.

Ce document est réclamé par Evra et son avocat qui espèrent un éclaircissement sur les motivations de la sanction. "Les prétendus +manquements au devoir de sa fonction de capitaine+ pour lesquels il a été convoqué, n'ont été précisés ni dans sa convocation, ni dans le rapport, ni même lors de la réunion de la Commission du 17 août 2010", a toutefois révélé l'avocat du joueur de Manchester United. Avec cet appel, Evra espérait faire un pas vers Laurent Blanc pour une convocation face à la Bielorussie (3 septembre) et la Bosnie (7 septembre). "La présente mise au point et cet appel (effectué avant même d'avoir pu prendre connaissance de la décision) permettront à Monsieur Laurent Blanc, sélectionneur national, s'il le désire, de sélectionner Mr Patrice Evra puisque l'appel est suspensif (article 10 du règlement disciplinaire) sauf décision motivée de l'organe disciplinaire", assurait ainsi le conseil d'Evra. Dans la foulée, la FFF réagissait. L'appel ne sera pas suspensif. "Il a tout faux l'avocat, a rétorqué Jean Lapeyre, directeur des affaires juridiques de la FFF. La décision est partie  aujourd'hui et les motivations de la peine y seront et l'instance disciplinaire a décidé de lever l'effet suspensif: cet appel ne sera pas suspensif."

Jacquet et Hidalgo s'en mêlent

Avant de savoir si cette annonce fera boule de neige chez les autres bannis du maillot bleu, Evra peut compter sur le soutien indirect de quelques poids lourds du foot français. Dans une lettre ouverte à la Fédération, les anciens sélectionneurs Aimé Jacquet et Michel  Hidalgo, les anciens joueurs Jean Djorkaeff et Sylvain Kastendeuch, l'ex-entraîneur Guy Roux et le coprésident de l'UNFP Philippe Piat réclament la levée des sanctions. "D'autres évènements nous forcent à demander que les dites sanctions soient  levées ou transformées en travaux d'intérêts collectifs, d'ici à jeudi, date à laquelle Laurent Blanc donnera la liste des joueurs appelés à disputer les deux  premières rencontres des éliminatoires de l'Euro 2012", écrivent les six co-signataires dans un courrier adressé par le syndicat des joueurs (UNFP). Selon eux, il faut faire table rase du passé et donner une nouvelle chance à cette équipe.

"La Commission de discipline de la  FFF a entravé la marche en avant de la nouvelle équipe de France" et que les sanctions prononcés contre 4 des 23 Bleus "remettent sans raison de l'huile sur le feu alors qu'il convient, aujourd'hui, d'arrêter définitivement l'incendie et de rebâtir. Avant qu'il ne soit trop tard, la FFF doit réagir et trouver des solutions. C'est pourquoi nous demandons à la FFF, au lendemain d'une crise qu'il convient désormais d'oublier, de prendre les décisions qui  s'imposent". Courageuse dans ses décisions après avoir oublié ses prérogatives face au fiasco prévisible de Domenech, la Fédération doit maintenant faire face à la fronde des anciens qui, pour certains, ont vite oublié leur main de fer sur un banc de touche et dans le vestiaire. "D'anciens sélectionneurs ont fait une pétition en faveur des joueurs sanctionnés ? On marche sur la tête ! Aimé Jacquet, il pleurait en direct à la  télévision quand les joueurs ont fait grève le 20 juin !", a ironisé une source proche du dossier interrogée par l'AFP. "Mais plus ils en font, plus les gens vont en avoir marre et se retourner  contre les joueurs", poursuit encore cette source. Peut-on, au nom d'une équipe de France en danger (l'est-elle vraiment alors que les qualifications n'ont pas encore débuté), s'asseoir sur les devoirs et les manquements des Internationaux ? Certains semblent le penser.

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