Equipe de France : Jonathan Ikoné, talent pressé
"Bip-bip", voilà Jonathan Ikoné ! L'attaquant de Lille a déboulé comme une fusée en équipe de France, réussissant mardi une prestation aboutie contre Andorre (3-0) pour sa première titularisation, trois jours après une entrée fracassante devant l'Albanie. En Bleus, il y a ceux qui cassent la démarche, comme Samuel Umtiti au Mondial russe, et il y a ceux qui cassent la baraque. Le N.22 fait partie de la seconde famille, comme il l'a prouvé devant un Stade de France émerveillé par ses fulgurances.
Tête baissée pendant toute la Marseillaise, le jeune homme de 21 ans l'a relevée au coup d'envoi pour faire étalage de son talent: une première incursion dans la surface andorrane (2e) a donné le ton, un double contact le long de la ligne de touche (8e) a fait monter encore un peu plus la température. Puis vient le coup d'éclat: un ballon récupéré par Moussa Sissoko et Ikoné se lance dans une longue chevauchée conclue par une passe délicieuse entre les lignes pour Kingsley Coman, le premier buteur tricolore (1-0, 18e).
Subtilité, rapidité et précision, Ikoné a sorti de son chapeau la panoplie complète du joueur qui a séduit Didier Deschamps pour ce rassemblement de rentrée à ne pas louper, dans l'optique de la qualification pour l'Euro-2020. Capable d'évoluer derrière l'avant-centre ou sur un côté, il mêle "ses qualités spécifiques de vitesse, de provocation, beaucoup en percussion, et avec une efficacité, que ce soit en passes décisives et en buts, qui est intéressante", avait souligné le sélectionneur au moment de le convoquer. Malgré la pluie de compliments, le Lillois n'a pas perdu le Nord et donné raison au patron des champions du monde.
"Une soirée inoubliable"
Déjà, lors de la victoire samedi contre l'Albanie (4-1), le Dogue avait mordu dans le ballon d'entrée et inscrit son premier but huit minutes après son entrée en jeu. Cela faisait huit ans, d'ailleurs, qu'un international français n'avait plus trouvé les filets lors de son baptême du feu. Il s'agissait de Younès Kaboul et Marvin Martin, face à l'Ukraine en juin 2011 à Donetsk, et Ikoné peut rêver d'un meilleur destin en sélection, lui qui laisse entrevoir de belles espérances à neuf mois de l'Euro.
"C'est une soirée inoubliable", avait apprécié en zone mixte celui qui était devenu un des héros du soir, rembobinant les souvenirs fantasmés des jours précédents: "Dans mon film, il y avait un but, mon film s'est bien déroulé et je suis super content. J'espère que cela va se transformer en série" mais "on verra la suite", avait-il tempéré. Lors de l'épisode suivant, le "super-sub" (super-remplaçant) s'est mué en titulaire et cela n'a pas semblé le faire trembler non plus. Pourtant, l'ancien membre de la "bip-bip" connexion, formée à Lille avec Jonathan Bamba et Nicolas Pépé (depuis parti à Arsenal), avait le trac avant de poser ses valises à Clairefontaine.
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Depuis l'annonce de la liste, "j'avais du mal à dormir au début, j'avais peur, une petite boule au ventre mais maintenant cela va mieux", avait-il avoué avec franchise pour sa première conférence de presse. Lors de cet exercice assez intimidant, le joueur formé au Paris SG avait joué la carte de l'humilité et de la détermination, distillant même des anecdotes amusantes sur son passé commun avec Kylian Mbappé, autre enfant célèbre de Bondy en Seine-Saint-Denis.
"Dans la cour de récré, les professeurs ne voulaient pas qu'on soit tous les deux dans la même équipe alors on faisait chacun une équipe", avait-il glissé dans un sourire. Ironie de l'histoire, c'est le forfait de Mbappé qui lui a ouvert la porte des Bleus en septembre. Reste à savoir si Deschamps le rappellera en octobre pour les rencontres décisives contre l'Islande et la Turquie. En attendant, le sélectionneur l'a fait sortir peu après l'heure de jeu contre Andorre, avec deux cadeaux: une accolade appuyée, et une ovation soutenue du Stade de France.
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