Commotions cérébrales dans le foot : "Plus il y a de témoignages, plus on progressera", assure un neurochirurgien

Alors que le footballeur Raphaël Varane vient de lancer un appel pour une meilleure prise en charge des commotions cérébrales dans le foot, un neurochirurgien confirme l'importance de faire de la prévention dans tous les sports.
Article rédigé par franceinfo
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Raphaël Varane avec le Real Madrid le 13 janvier 2019. (RA?L CARO CADENAS / EFE)

"Plus il y a de témoignages, plus on progressera", a déclaré Jean Chazal, neurochirurgien, professeur des universités et doyen honoraire de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, interrogé mardi 2 avril sur franceinfo, après le témoignage de Raphaël Varane dans le journal L'Equipe.

Le défenseur de Manchester United et ancien international français appelle à une meilleure prise en charge des commotions cérébrales dans le football, révélant en avoir lui-même subi à plusieurs reprises pendant sa carrière. Jean Chazal affirme que malgré les "données scientifiques parfaitement établies", il y a "encore des gens qui doutent" de la dangerosité de certains gestes dans le sport. Le neurochirurgien dit se battre "pour faire une prévention du traumatisme crânien dans tous les sports quels qu'ils soient".

franceinfo : Vous avez longtemps prêché dans le désert sur cette thématique, est-ce que la prise de parole d'un champion comme Raphaël Varane peut avoir un impact fort ?

Jean Chazal : Plus il y a de témoignages, plus on progressera. La commotion cérébrale dans le sport - le rugby mais tous les sports - c'est un peu un serpent de mer. Les premiers articles dans la littérature scientifique médicale mondiale sont parus en 1998. Il y a 26 ans. Il y a eu des mises au point et aujourd'hui, les données scientifiques sont parfaitement établies. Mais même dans les sports qui sont connus pour provoquer des commotions cérébrales, comme le rugby, il y a encore des gens qui doutent. Il faut donc enfoncer le clou et c'est difficile.

Comment ça fonctionne au niveau du cerveau ?

Le cerveau est un organe qui est mou, un peu comme une éponge mais il a la consistance de la gélatine. Mettez de la gélatine dans une boîte en fer, comme le cerveau est dans une boîte crânienne rigide qui est l'os crânien, si vous secouez la boîte métallique, la gélatine va s'abîmer. Le cerveau c'est pareil. Il est fragile. Le cerveau d'homo sapiens n'est pas fait pour subir des traumatismes crâniens, directs ou indirects.

Sans avoir de commotions cérébrales, est-ce qu'à force de faire certains gestes, le cerveau peut être fragilisé et est-ce que ça peut conduire à des dégénérescences ?

Il existe des états sub-commotionnels, c'est-à-dire qu'on subit des traumatismes crâniens sans conséquences immédiates, sans conséquences à court et à moyen terme. Et puis, quand on fait une autopsie de ces cerveaux, on se rend compte qu'il y a des micro-lésions et qu'à force de s'ajouter les unes aux autres, elles constituent des lésions plus importantes, dégénératives, comme on en trouve dans la maladie d'Alzheimer ou de Charcot. On appelle ça les états sub-commotionnels. Moi je me bats pour faire une prévention du traumatisme crânien dans tous les sports quels qu'ils soient.

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