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Blanc: "Un tel projet ne verra jamais le jour"

Laurent Blanc a estimé vendredi qu'un projet de sélection de jeunes joueurs comportant des quotas discriminatoires "ne verra jamais le jour". Reconnaissant la question des joueurs bi-nationaux et évoquant son souhait de faire évoluer les critères de sélection, le sélectionneur national écarte toute dimension discriminatoire et rappelle son attachement à la différence.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Que  répondez-vous aux accusations du site Mediapart ?

Il faudrait qu'il y ait un projet. Il n'existe pas. Je ne peux pas parler de quelque chose qui n'a pas eu lieu, à ma connaissance (une réunion de la Direction technique nationale est prévue le 17 juin, NDLR). Tout ça, pour moi, est faux. Dire qu'il est préparé un projet d'une telle envergure et que le sélectionneur national a cautionné tout ça, c'est un mensonge". 

Cette notion de quotas existe-t-elle dans les discussions officielles ou officieuses ?

On ne peut pas faire des quotas dans le football. Vous ne pouvez pas dire "il nous faut 30% d'une telle race, 30% d'une autre". Maintenant, notre rôle est d'analyser ce qui a été fait depuis une certaine période. Tout ça part d'une question qui m'a été posée il y a bien longtemps en Espagne: "Des Iniesta, Xavi ou Messi, auraient-ils pu percer dans le football français?" Ma réponse: Cela aurait été certainement plus difficile car les critères de sélection dans la formation française ne sont pas les mêmes qu'en Espagne. Certainement des joueurs de ce type-là auraient eu plus de mal à percer en France.

 Vous parlez de ce type-là, quelles caractéristiques évoquez-vous ?

"On fait des amalgames. Je dis que je souhaiterais une évolution des critères de sélection. Il faut continuer à faire ce que l'on sait faire, obtenir de très bons résultats (Euro U18), mais il faut les faire évoluer, les modifier. Faire en sorte que la qualité physique et athlétique, qui avait des coefficients très importants ces quinze dernières années, ne devienne pas plus importante que d'autres (technicité, intelligence de jeu, anticipation, jeu avec ou sans ballon, retour des gens qui ont des capacités à éliminer). La preuve en est, les meilleurs joueurs actuellement - vous savez où ils se trouvent - sont des joueurs qui, sur le plan athlétique, ne sont pas très impressionnants. Ce qui me dérange en plus, c'est qu'on y ajoute des couleurs. Certains disent que les grands et costauds sont souvent des gens de couleur. C'est un constat. Mais, ça ne veut pas dire que les petits ne peuvent pas être de couleur aussi. Un petit, il peut être noir et arabe".

Que votre nom soit associé à des critères discriminatoires, donc hors-la-loi, vous révolte ?

Quand je dis aux joueurs - on a pu le filmer - qu'on est tous différents, avec des religions différentes, des couleurs de peau différentes, je le pense vraiment. Pour moi, le respect c'est vraiment une qualité que j'essaie d'avoir, de transmettre à mes enfants. Me reprocher une certaine discrimination, j'ai du mal à le supporter". 

Vous vous posez en garant...?

Ce n'est pas mon rôle de parler de critères ethniques, je ne suis que sélectionneur de l'équipe de France. Il faut faire une analyse des centres de pré-formation, des pôles Espoirs parce que c'est l'avenir du football français". 

Le problème vient aussi des joueurs bi-nationaux ?

"C'est un problème. En parler, c'est interdit ? C'est le rôle de la DTN et cela ne me paraît pas incohérent qu'elle ait un projet. Si elle n'en avait pas, on le lui reprocherait. Quand un joueur a porté les couleurs des U16, U17, U18, U19, U20, U21 et Espoirs, il appartient à la France, il a défendu les couleurs de la France et cela me dérange de le voir partir dans une autre sélection après 23 ans". 

Quelle attitude adopteriez-vous si un tel projet apparaissait ?

Mais il ne verra jamais le jour, c'est impossible... Sincèrement, là, on touche à quelque chose de sensible....même si je sais que ce problème-là est récurrent dans notre société,
il faut faire la part des choses". 

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