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Bergeroo: "Les filles ont pris les clés"

Avant le tirage au sort du Mondial féminin 2015 au Canada, le sélectionneur des Bleues Philippe Bergeroo revient dans un entretien avec l'AFP sur ses 18 premiers mois comme sélectionneur d'une équipe dont les joueuses ont su "prendre les clés".
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le sélectionneur de l'équipe de France féminine Philippe Bergeroo

Quel bilan faites-vous après un an et demi en poste?
Philippe Bergeroo
: "Sur le plan des résultats on a fait une belle saison. On s'est qualifié  pour le Mondial en professionnels, on n'a pas fait d'erreur. On a aussi gagné  une place au classement Fifa. Il reste un troisième objectif qui est d'aller  aux jeux Olympiques. C'est le plus alléchant mais le plus compliqué, avec seulement les trois meilleurs Européens du Mondial. Et personnellement, je note  que je vais participer à ma troisième Coupe du Monde. En 1986 au Mexique comme  joueur, 1998 dans le staff des Bleus et 2015 avec les filles".

Qu'est-ce qui vous a le plus frappé en découvrant le foot féminin?
P. B.
: "Le professionnalisme. Par exemple, on a travaillé tactiquement avant  d'affronter le Brésil, sur la récupération du ballon, l'idée d'aller les  chercher haut. On a travaillé ça sur des oppositions, et en quelques minutes  c'était compris. Ca va vite. Je le vois aussi par rapport à mon comportement.  Au début, ça n'était pas facile pour elles. J'étais tout le temps en train de  parler, de les replacer. Je leur ai dit un jour +vous n'avez pas encore pris  les clés du camion, c'est toujours moi qui conduis+. Et là, sur les quelques  derniers matches, on ne m'entend pratiquement plus. Je les replace deux ou  trois fois mais elles ont pigé ce que je voulais. Elles ont pris les clés. Il faut juste quelques rappels".

Y a-t-il eu un moment où vous avez senti qu'elles prenaient les commandes?
P. B.
: "Les deux matches contre les Etats-Unis. Le premier, on a été un peu timoré parce qu'on avait peur d'en prendre trois ou quatre. On a perdu 1-0 et les filles étaient vraiment déçues. Elles m'ont dit +mais coach, on n'est pas loin+. Et le deuxième a été beaucoup plus consistant. On a fait 2-2 et elles ont pris conscience que, même si bien sûr les Américaines sont encore au-dessus, sur un match c'est possible. Après, il faut rester serein. Il y a encore du travail pour reproduire ça contre plusieurs adversaires de ce niveau lors d'un Mondial. Rien n'est acquis. Les filles le savent. On n'a rien fait,  on a gagné des matches amicaux. Restons à notre place".

Et quelle est cette place?
P. B.
: "On est en-dessous des Américaines mais ce qui est intéressant c'est qu'elles demandent à nous rejouer. Et l'Allemagne reste l'Allemagne, même si on l'a battue. On a progressé. L'équipe a pris confiance. Quand on joue contre de  grosses nations, on se met dans le rouge mais c'est ce que je veux, être en  difficulté. Savoir qu'on aura peut-être seulement trois ou quatre occasions et  qu'il faut être très lucide pour les concrétiser. Il reste des choses à améliorer: savoir ne pas reperdre le ballon quand on a mis du temps à le  récupérer, savoir faire tourner. Et puis continuer à jouer en bloc et maintenir  le travail défensif des attaquantes. Parce qu'à ce niveau, si les deux attaquantes ne défendent pas, ça crée des décalages et c'est mort".

A six mois du tournoi, le groupe est-il encore ouvert?
P. B.
: "Oui, si une fille fait une très bonne fin de saison, peut-être. Mais  c'est vrai qu'on a un groupe avec une osmose, et avoir une ossature permet  d'avoir des automatismes. J'ai 25, 30 joueuses qui sont concernées. Les jeunes  ont mis beaucoup de concurrence et on doit commencer aussi à les faire jouer. Pour les places à prendre ça basculera sur l'état d'esprit. Est-ce qu'on  accepte la concurrence? Est-ce qu'on est là dans les moments difficiles? L'aspect mental a beaucoup d'importance".

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