Cet article date de plus de six ans.

Pourquoi les clubs de National veulent devenir professionnels

La demi-finale de Coupe de France entre Chambly et les Herbiers a mis en lumière les difficultés économiques des clubs de National. Pas considérées comme professionnelles - alors qu'une grande majorité de leurs joueurs l'est de fait - les équipes de troisième division font office de tampon entre l'élite et le monde amateur. Une situation à laquelle aimerait mettre fin certains présidents comme Gilbert Guérin (Avranches), qui appelle à la solidarité et attend une redistribution plus large des droits TV lors du prochain appel d'offres pour la période 2020-2024.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
La joie des joueurs des Herbiers après leur qualification pour la finale de Coupe de France. (LOIC VENANCE / AFP)

On connaît la Ligue 1 "Conforama" et la "Domino's" Ligue 2. Bientôt - peut-être - la (?) Ligue 3 nous sera aussi familière. C'est en tout cas le souhait des représentants des clubs de National, regroupés à travers une Amicale depuis septembre 2016. Président de cette instance, Gilbert Guerin - par ailleurs patron d'Avranches - a profité de la demi-finale de Coupe de France entre Chambly et les Herbiers pour tendre la main au foot français. L'objectif ? Que l'on reconnaisse le statut professionnel des clubs de troisième division.

"On mérite mieux qu'un simple bricolage"

Aujourd'hui, le National est une zone de transition : ni vraiment pro, ni totalement amateur, l'écosystème financier de l'ancienne D3 survit grâce aux contrats fédéraux. Ces contrats permettent de rémunérer des joueurs évoluant dans le championnat sans pour autant leur accorder le statut de professionnel. En moyenne leurs salaires atteignent 1 500 euros, mais un certain nombre d'entre eux ont des jobs d'appoint.

À Avranches (14e), entre 22 et 24 membres de l'équipe sont contractualisés au niveau fédéral. "Sans compter les trois entraîneurs salariés, l'expert-comptable, le directeur financier...", explique Gilbert Guerin. "Moi je suis président, quasiment directeur sportif et je cherche également des sponsors. Pourtant je suis bénévole, et je tiens à le rester. Mais à un moment, sans montrer les crocs ou quoi que ce soit, on mérite mieux qu'un simple bricolage".

"Le statut fédéral offre quand même des garanties" pour l'UNFP

En National, tous les clubs - à l'exception de Créteil et de Laval - sont amateurs et fonctionnent avec des contrats gérés par la Fédération française de football (FFF). Pour l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) - syndicat des joueurs - ce statut offre certains avantages. Jean-Jacques Amorfini, vice-président de l'UNFP, met en avant le pécule de fin de carrière, abondé à hauteur d'un million d'euros par l'Union. "À la fin de leur carrière, les joueurs ont un pécule calculé sur une base annuelle (8 200 euros brut en 2018), qui va être multiplié par le nombre d'années de contrat pro ou fédéral effectuées par ceux-ci. Il y a une condition : il faut que la première année de cotisations ait porté sur un contrat pro. Un minimum de quatre années est exigé, sinon les cotisations versées sont remboursées."

Pour lui, le statut fédéral offre quand même des garanties. "À Grenoble par exemple, la majorité des joueurs sont sous statuts fédéraux et ils ne gagnent pas 150 euros par mois. Ils ont des congés payés... Ca équivaut presque au statut pro. Je ne dis pas que c'est parfait mais les joueurs ont quand même des droits."

"1/3 de l'équipe de France est passée par le National"

Néanmoins pour Gilbert Guerin, avoir le statut professionnel découlerait d'une logique totale pour les écuries de National. "La démonstration de la demi-finale de Coupe de France entre Chambly et les Herbiers, c'est que rien ne s'est fait dans l'amateurisme, explique-t-il. Aujourd'hui, on est obligés d'avoir une grille, on ne paie pas les joueurs et les entraîneurs au prix que l'on veut. On nous oblige réglementairement à avoir un entraîneur professionnel. À avoir aussi des équipes féminines, même si c'est un plaisir de les accueillir mais ce sont des frais et les clubs pros n'ont pas cette obligation."

Dans le viseur : le gâteau des droits TV, qui devrait grossir lors du prochain appel d'offres pour la période 2020-2024. "On demande moins de deux millions d'euros, reprend le président d'Avranches. Il y a besoin du PSG mais aussi des plus petits, de la base, notamment pour la formation. Regardez l'équipe de France : Kanté, Rami, Giroud... Un tiers d'entre eux est passé par le National. À côté de ça, les réglementations pour les frais de formation sont hyper compliquées quand on n'est pas un club professionnel."

Le projet est loin d'être nouveau. Encore faut-il désormais s'entendre sur le critère financier. Gilbert Guerin l'assure : la Ligue de football professionnel (LFP) est réceptive, certains clubs de Ligue 2, un peu moins. La Ligue 3, pas encore sur les rails mais pas tout à fait morte non plus.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.