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Le Pérou à un match de l'exploit

Il se profile comme un goût de Clásico. Pour la première demi-finale de la Copa America qui a lieu cette nuit (1h30), Chili et Pérou s’affrontent dans un « Clásico du Pacifique » sulfureux entre une Roja sevrée de titres et des Incas en feu depuis le début de la compétition. La bande à Gareca affrontera le Chili en position d’outsider, mais avec quelques certitudes.
Article rédigé par Mathieu Aellen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 Guerrero et les Péruviens joueront leur place en finale ce soir face aux Chiliens. (YURI CORTEZ / AFP)

Alors que l’attention était principalement focalisée sur le Brésil, l’Argentine et la Colombie en début de tournoi, les autres équipes du continent sud-américain ont pu avancer sereinement, loin de l’agitation médiatique dévouée aux favoris de l’épreuve. Pourtant, au stade des demi-finales, seule l’Argentine répond présente, Colombiens et Brésiliens ayant chuté à l’orée des phases finales. Aux côtés de l’Albiceleste et du pays hôte chilien, le Paraguay et le Pérou font figure d’invités surprises face à deux nations que tout le monde voit déjà s’affronter le 4 juillet à l’Estadio Nacional de Santiago. Les Péruviens, pourtant troisièmes de la dernière Copa America, avancent tranquillement, dans l’ombre de leur coach Ricardo Gareca qui a entamé son mandat il y a seulement quelques mois.

Gareca, le so​rcier inca

Nommé début mars à la tête de la Blanquirroja, Gareca n'a eu que deux matchs amicaux pour découvrir son équipe : une défaite (1-0) face au Venezuela fin mars à Miami, puis un nul face au Mexique (1-1) à Lima début juin. Mais ces 180 minutes n'ont fait que conforter ce qu'il pensait déjà d'une sélection qui pointe à une très modeste 61e place au classement FIFA. "Le point fort des footballeurs péruviens, ce sont leur puissance et leur robustesse. Je sais qu'avec eux, je peux progresser de match en match", avait expliqué avant le coup d'envoi du tournoi chilien El Flaco (le maigre). "Cette équipe est enthousiaste et a envie de progresser: on a vraiment tout ce qu'il faut pour être une sélection compétitive", a-t-il renchéri après la performance des siens en quart de finale face à la Bolivie (3-1). 

Ricardo Gareca n’a pourtant pas révolutionné le style péruvien. En s’appuyant sur ses cadres trentenaires (Farfan, Pizarro, Guerrero), El Flaco a fait de cette équipe péruvienne un adversaire plus que complexe à aborder. Il a également permis à de jeunes joueurs de se relancer. C’est le cas de Christian Cueva, qui a saisi l’occasion pour se mettre dans la lumière, à l’instar de toute l’équipe péruvienne, formation inattendue à ce stade de la compétition. Mais depuis les quarts de finale, un joueur est au centre de toutes les attentions. Avec son triplé contre la Bolivie, Guerrero a porté son total en sélection à 24 buts et n'est plus qu'à deux longueurs de la légende péruvienne, Teofilo Cubillas (26 buts). Face à Arturo Vidal, avec qui il partage le trône de meilleur buteur avec 3 buts, l’attaquant des Corinthians tentera de rentrer dans l'histoire de la sélection péruvienne en rejoignant Cubillas et en offrant au Pérou sa première finale de Copa America depuis 1975, année du dernier titre continental pour les Incas. "Nous ne sommes peut-être qu'au début de quelque chose de grand", affirmait Guerrero après la qualification face à la Bolivie. Pour ça, il faudra gagner face au rival honni.

L’une des plus fortes rival​ités sud-américaine

Cette demi-finale marque le 77e match entre frères ennemis. Une rivalité historique alimentée par la résurgence régulière d’une page d’histoire du XIXe, jonchée de conflits politiques et d’affrontements meurtriers. Les deux pays se sont en effet affrontés entre 1879 et 1884 dans une guerre sanglante (plus de 10 000 victimes) pour le contrôle d'une région riche en nitrate, et chaque match entre les deux équipes donne lieu à des manifestations de patriotisme forcené. L’accueil réservé aux Péruviens, dans une enceinte totalement acquise à la cause de la Roja, risque donc d’être électrique à l’Estadio Nacional de Santiago.

Le Chili, au vu du jeu proposé depuis le début de la compétition et du soutien populaire, se présente en tout cas comme le favori de cette demi-finale. "Mais il ne faudrait pas penser trop vite à la finale, sinon le Pérou va nous punir, car ils ont de très bonnes individualités", a d’ores et déjà prévenu le milieu de terrain de la Fiorentina Matias Fernandez. Car grâce à l’état d'esprit insufflé par Gareca depuis son arrivée et le mélange des genres entre les grognards Pizarro, Guerrero et Farfan et la relève avec Cueva ou Reyna, le Pérou pourrait poser bien des problèmes à une Roja sous tension. Et qui sait, peut-être que le Pérou, place forte historique du foot sud-américain dans les années 70 (quart de finaliste de la Coupe du Monde 1970, vainqueur de la Copa America 1975), va renaître de ses cendres. Pour cela, il faudra vaincre dans ce « Pacifico » assurément bouillant !

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