Ligue des champions : dix ans après, Pep Guardiola manque ses retrouvailles avec la finale
Dix ans après sa dernière victoire en Ligue des champions, Pep Guardiola a trébuché avec Manchester City face à Chelsea en finale (0-1).
Pep Guardiola est-il maudit ? On n’ira pas jusque-là, et l’entraîneur catalan aura encore sans doute de nombreuses opportunités de remporter une nouvelle Ligue des champions dans l'avenir. Mais il n’empêche que pour sa première finale depuis son sacre de 2011 avec le FC Barcelone (le deuxième après 2009), Pep Guardiola a de nouveau cédé en Ligue des champions dans une rencontre que ses Citizens abordaient pourtant comme favoris.
De demi-dieu à demi-finaliste
Sans trop se mouiller, on peut facilement affirmer que Pep Guardiola restera dans l’histoire du football. Ne serait-ce que pour la révolution de fond que son FC Barcelone a insufflée dans le monde du ballon rond à l’aube des années 2010, avec son tiki-taka magnifié par le trio magique Messi, Iniesta, Xavi. A l’époque, Pep Guardiola est une météorite. Nommé entraîneur du Barça en 2008, l’ancien milieu des Blaugranas et de l’Espagne en a fait l’une des meilleures équipes de l’histoire, si ce n’est la meilleure. Le point d’orgue ? Le sextuplé mythique de 2009. Fort de ses 14 titres soulevés en quatre ans, sur 19 possibles, Guardiola quitte donc le FC Barcelone en 2012 avec un statut de demi-dieu.
Sauf que neuf ans plus tard, après trois saisons au Bayern Munich et cinq à Manchester City, Pep Guardiola n’a jamais retrouvé ce rendement, malgré une ribambelle de titres de champions (trois au Bayern, trois City), sans parler des autres trophées ramassés. Mais aucune Ligue des champions. Cette finale contre Chelsea, ce devait être pour lui l’occasion de remettre les pendules à l’heure, dix ans après. L’occasion d’enfin rejoindre le club très fermé des entraîneurs ayant gagné trois Ligue des champions, aux côtés de Zinédine Zidane, Bob Paisley et Carlo Ancelotti. Après avoir mis l’Angleterre au pas (trois titres sur les quatre dernières saisons), c’était la suite logique. Et puis tout s’est écroulé.
Déjouer sans numéro 6
Comme à chaque fois - ou presque - en Ligue des champions depuis dix ans, Guardiola a payé son audace tactique. Au Bayern, il avait été balayé par le Real Madrid en demi-finale retour (0-4) après avoir aligné quatre attaquants pour deux milieux de terrain. La saison dernière, c’est en voulant s’adapter à la défense à trois de l’Olympique lyonnais que le technicien catalan avait bouleversé son équipe sans succès, conduisant à l’élimination surprise des siens. Contre Chelsea, dans cette finale, Pep Guardiola avait décidé d’évoluer sans l’une de ses deux sentinelles habituelles : Fernandinho et Rodri, leur préférant Gündogan. Après avoir inventé le faux numéro 9, place donc au faux numéro 6. Un choix surprenant, audacieux, qui n’a pas porté ses fruits, en plus d’un manque de réussite illustré par la sortie de Kevin De Bruyne sur blessure.
Après les qualifications contre Dortmund et le PSG, Guardiola avait reconnu que son équipe avait trop souffert, avant de prédire : "Pour cette finale, nous n'allons pas voir une équipe dominer l'autre tout le match. Parfois nous allons souffrir, parfois ce sera eux". Sauf qu’en réalité, ce sont bien les siens qui ont souffert, déséquilibré par la surprise tactique du chef. Ce qui a déjà plombé plusieurs fois les équipes de Guardiola dans le passé, comme l’expliquait Thomas Müller dans une interview à The Athletic, lorsqu’il évoluait sous ses ordres à Munich : "Dans les matches à élimination directe, Pep est toujours déchiré entre le fait d’accorder de l’attention et de respecter les forces de l’adversaire, et garder ses convictions et un système dans lequel il croit. Parfois, ce qu’on doit faire n’est pas clair à 100 %".
Et ça ne l’était visiblement pas pour City contre Chelsea. Mais Pep Guardiola est un génie du foot dont les échecs ne doivent pas masquer les immenses réussites. Et nul doute que le Catalan reviendra en finale de Ligue des champions pour gommer cette défaite de 2021. On est même prêt à parier que ça ne reprendra pas dix ans cette fois.
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