Cet article date de plus de douze ans.

Les tops et les flops des entraîneurs français à la CAN

Entre missionnaires et mercenaires, nombreux ont été les sélectionneurs français à tenter leur chance sur le continent africain. Avec plus ou moins de réussite.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7 min
Claude Le Roy à la tête du Ghana en 2008 (ABDELHAK SENNA / AFP)

TOP 5

1. Claude Le Roy
Le plus connu et reconnu des sélectionneurs français sur le continent africain. Claude Le Roy a gagné ses galons avec le Cameroun, devenant pour tout un peuple le "sorcier blanc". Ses faits d'arme ? Un titre continental (1988) et une finale (1986). Le Roy était le digne héritier de Jean Vincent qui avait pris en main les destinés des Lions indomptables au Mondial 1982 (invaincus avec trois nuls mais éliminés dès le 1er tour). Amoureux et connaisseur de l'Afrique, Le Roy a imposé sa rage de vaincre et sa grande humanité. Après un retour raté en 1998, le Breton a apporté sa science au Ghana (3e de la CAN 2008). Il est actuellement à la tête du RD Congo et vise une qualification pour le Mondial 2014.

2. Roger Lemerre
De l'épopée de 1998 (adjoint de Jacquet) au sacre de 2000, Roger Lemerre s'est forgé un nom et un palmarès que n'a pas entaché le non-Mondial des Bleus en 2002. Deux ans après cet échec retentissant, l'ancien entraîneur du bataillon de Joinville débarque en Tunisie. Ce petit pays du Maghreb organise la CAN et n'attend qu'une chose : le sacre. Inflexible, ironique, parfois (souvent) incompris, Lemerre apporte discipline et certitude pour conduire la Tunisie au titre suprême puis au Mondial 2006. Mais à trop s'isoler du reste du monde et des journalistes, Lemerre court à sa perte. Son rebond au Maroc est un échec total. Il est viré un an après sa prise de fonction. Le reverra-t-on sur le continent africain ? Pas sûr.

3. Bruno Metsu
Metsu, c'est une chevelure. Un style. Un regard. Le Nordiste a beaucoup navigué en France avant de débarquer à Dakar. Sa force est de faire l'unanimité auprès de ses joueurs. A travers ses mots, l'équipe se transcende. Les joueurs deviennent des hommes et des fauves. Pendant deux années, le Sénégal prend son envol. Il ne s'arrêtera qu'en finale de la CAN 2002 (défaite aux tirs au but contre le Cameroun) et en quarts de finale du Mondial asiatique (défaite 1-0 après prolongation contre la Turquie). Cela reste la meilleure performance d'une équipe africaine en Coupe du monde (avec Cameroun 1990 et Ghana 2010).

4. Henri Michel
Une histoire riche et compliquée. En France comme avec les sélections africaines. "Tricard" en France après 86 et rendu responsable les difficultés de l'après-Platini, Henri Michel n'est plus l'entraîneur doré des JO 84 et le 3e du Mondial 86. Commence alors une carrière mouvementée en Afrique ou au Moyen-Orient. Michel tisse des liens très étroits avec le Maroc. S'il les qualifie pour le Mondial 98 (élimination au 1er tour malgré un beau parcours), son bilan continental est assez médiocre avec juste un quart (1998). Ce n'est qu'avec le Côte d'Ivoire qu'il obtient son meilleur bilan. Il conduit la génération Drogba jusqu'en finale de la CAN 2006 (0-0, défaite aux tirs au but face à l'Egypte) et au Mondial allemand (dernier du groupe de la mort avec l'Argentine, les Pays-Bas et la Serbie. Sa dernière mission en Guinée Equatoriale est un échec alors que le pays organise la CAN avec le Gabon. Il jette l'éponge un mois avant le début de compétition faute de moyens à la hauteur de l'enjeu. "Sabotage" évoque-t-on dans chaque camp.

5. Philippe Troussier
Globe-trotter pour les uns. Mercenaire pour les autres. Hormis un bref passage sur les bancs français et une aventure raté à Marseille, Philippe Troussier a cultivé année après année son image d'entraîneur international. De 1989 à 1998, l'entraîneur va monter en puissance. Des clubs comme l'ASEC Mimosas jusqu'aux prestigieuses sélections nationales. Mais ce qu'il réalise en club peine à se traduire au plus haut niveau. Son premier fait d'arme est la qualification du Nigéria au Mondial 98. Cette année chère à la France restera comme son sommet. Il obtiendra en janvier son meilleur résultat à la CAN avec une demi-finale pour le Burkina Faso (classé 4e). Un bilan plutôt modeste finalement. Le même que Henri Stambouli avec le Mali en 2004.

FLOP 5

1. Paul Le Guen
Tout a commencé comme dans un rêve. Le Cameroun est aux aboies après un début de campagne raté. Paul Le Guen est parachuté pour sauver la patrie. Il doit qualifier l'équipe à la CAN en Angola et au Mondial sud-africain. Vainqueurs de leur double confrontation avec le Gabon, les Lions indomptables réussissent leur pari. Le début de la fin pour l'ancien entraîneur de Lyon et Paris. C'est d'abord l'échec à la CAN qui marque les esprits. En perdant en poule face au Gabon, le Cameroun rate la première place de son groupe et ne peut éviter le choc contre l'Egypte en quart. Défaite en prolongations. La liste des 30 pour le Mondial provoque de nouvelles fissures entre Le Guen et le pays. Les déstabilisations vont bon train. En Afrique du Sud, la désillusion est énorme. Les joueurs se désolidarisent du coach à cause de ses choix tactiques et sa gestion du groupe. Il devient une sorte de Luxemburgo ou Pelligrini du Cameroun. Comme au Real Madrid, il a une équipe galactique mais n'en tirera pas grand-chose. En 2011, il a trouvé refuge dans le sultanat d'Oman.

2. Gérard Gili
Gérard Gili, c'est un peu le bug de l'an 2000 pour les Egyptiens. Tenants du titre de la CAN, les Pharaons ont connu une de leurs plus grosses bévues avec Gili aux manettes. Après un premier tour sans faute (trois victoires), l'Egypte bloque au stade des quarts face à la Tunisie (1-0). Chronique d'un échec annoncé. Car rien ne fût simple pour le flegmatique Marseillais. Recommandé par Aimé Jacquet mais tancé dès son arrivée par la presse égyptienne, Gili se sait menacé à chaque sortie. La Fédération en fera son fusible dès l'élimination à Kano au Nigéria. La belle aventure humaine dont il rêvait en Afrique, il l'a vivra en tant qu'adjoint de Henri Michel avec la Côte d'Ivoire en 2006.

3. Michel Hidalgo
Tout le monde l'avait oublié. Peut-être que lui aussi aimerait tirer un trait sur cet éphémère passage à la tête du Congo. Depuis 1972, le pays court après un 2e titre à la CAN. Avec deux participations à la phase finale depuis 1980, le Congo a presque disparu du paysage africain. Appelé à la rescousse des Diables Rouges entre 2004 et 2006, Michel Hidalgo n'aura pas plus de réussite que les Goujon et Tosi. Mais quel drôle de choix que celui d'Hidalgo, retiré des bancs de touche depuis 1991, époque où il était manager de l'OM de Tapie. Un choix financier ? C'est possible.

4. Alain Giresse
Parler d'échec est difficile au sujet d'Alain Giresse. Certes, il a échoué de très peu au 1er tour de la CAN 2010 avec le Gabon mais ce n'est pas le Cameroun ou le Sénégal. Sous la houlette de "Gigi", le pays a même progressé de la 125e à la 40e place au classement Fifa, frôlant le ticket pour le Mondial. Confronté à la faiblesse des moyens du Gabon, Giresse découvre la débrouille et le "bricolage". Ses résultats ont été plus qu'honorables mais les décideurs sont souvent sans mémoire et sans pitié. Sur le territoire gabonais avec la sélection malienne, Giresse peut laver cet affront. Malgré un groupe en reconstruction, l'objectif quart de finale est raisonnable (Le Mali est dans le groupe D avec la Guinée, la Ghana et le Botswana).

5. Guy Stéphan
Pas facile de prendre la succession de Bruno Metsu. Et pas qu'au niveau capillaire. Faire mieux que l'épopée de 2002 ? Une mission quasiment impossible pour Guy Stéphan. Jamais les Lions de la Téranga ne retrouveront un tel niveau et une telle unité. En conflit presque perpétuel avec El Hadji Diouf, le sélectionneur va pourtant vivre des jours heureux au Sénégal, son 2e pays désormais. Les résultats sont en demi-teinte avec seulement deux défaites en deux ans et six mois. Il en est une qui sera de trop. A la CAN 2004, Stéphan retrouve la Tunisie de Lemerre dont il était l'adjoint chez les Bleus. Les Aigles de Carthage s'imposent 1-0 et filent vers leur destin. Stéphan est débarqué en juin 2005 et lie son sort à celui de Jean Tigana au Besiktas puis à celui de Didier Deschamps, Avec plus de succès…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.