CAN 2019 : le Sénégal prêt à rugir pour sa deuxième finale
Le Sénégal rêve de soulever sa première Coupe d'Afrique des Nations (CAN) à l'issue de la finale face à l'Algérie vendredi au Caire. Grâce à des joueurs de rang mondial comme Sadio Mané et un coach "expérimenté", cette fois "sera la bonne" après des années de désillusion, estiment les supporters. Premier pays africain au classement de la Fifa, où il occupe le 22e rang, le Sénégal espère se débarrasser de sa réputation d'éternel "loser" en remportant son premier trophée majeur.
Les "Lions de la Téranga" n'ont jusqu'ici joué qu'une seule finale de CAN, perdue aux tirs aux buts face au Cameroun en 2002 au Mali. Cette année-là, ils avaient créé l'exploit en battant la France, championne du monde en titre, en ouverture du Mondial au Japon et en Corée. Mais ils avaient été éliminés à la 94e minute en quarts de finale par la Turquie. Dix-sept ans plus tard, la "génération 2002" reste la référence dans ce pays de football, où la faiblesse du palmarès de l'équipe nationale contraste avec l'importance de ce sport dans l'imaginaire collectif et avec les performances de ses joueurs dans les championnats européens.
Figure de proue de la génération 2002, dont fait également partie le coach Aliou Cissé, l'ex-attaquant El Hadji Diouf estime que la victoire tant attendue sur la scène continentale "n'est pas très loin". "On veut gagner et, s'il plaît à Dieu, ce rêve sera réalisé. J'ai toujours prié pour que mes cadets fassent mieux que moi". "Vendredi, nous prendrons notre revanche sur l'Algérie", vainqueur du Sénégal (0-1) lors de la phase de poule, affirme, sûr de lui, Mor Guèye, un ouvrier en bâtiment dakarois de 19 ans.
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Tout le pays derrière les Lions
A l'approche de la finale, les maillots, drapeaux, bracelets, casquettes, sifflets et autres vuvuzelas aux couleurs vert-jaune-rouge font le bonheur des marchands ambulants de la capitale. "J'ai épuisé mon stock", affirme Assane Ndoye, dont les derniers maillots, posés à même le trottoir d'une grande avenue, se vendent de 3.000 francs CFA (4,6 euros) à 10.000 francs CFA (plus de 15 euros). Dans les magasins de sport, les maillots "officiels" se vendent nettement plus chers: près de 50.000 francs CFA (plus de 76 euros), dans un pays où le salaire minimum est de 52.500 francs CFA (80,7 euros).
"Etre solides derrière, être solides mentalement, cela nous a toujours manqué", a reconnu devant la presse le président de la Fédération sénégalaise, Augustin Senghor. "Mais aujourd'hui, on a acquis ces deux qualités qui, je l'espère, nous permettrons de battre l'Algérie". "J'espère que cette année sera la bonne", souligne lui aussi Talla Fall, directeur de la communication de "Génération foot", une académie implantée près de Dakar et dont est issu Sadio Mané, vainqueur de la dernière Ligue des champions avec Liverpool.
"Ce groupe est arrivé à maturité. Certains de ces garçons se connaissent depuis les JO de 2012 à Londres. Ils sont demandés partout dans le monde", énumère pour l'AFP M. Fall, pour qui Sadio Mané est "outillé" pour remporter le Ballon d'or cette année.
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"Ramenez-nous le trophée"
Le Sénégal s'est en outre doté de "l'organisation" et du "professionnalisme" qui lui ont manqués dans le passé. "On n'a par exemple plus de problème de primes (et de discipline). Aliou Cissé, avec son expérience d'ancien joueur, a su améliorer" l'environnement de l'équipe, avec l'appui de l'Etat, explique Talla Fall.
"Un petit village sénégalais a été installé dans l'hôtel des joueurs. Les joueurs sentent le Sénégal et se sentent Sénégalais. Sur le plan psychologique, ça compte", dit-il. Les "Lions de la Téranga" (hospitalité, en langue wolof) devront laisser leurs bonnes manières en dehors du terrain s'ils veulent l'emporter, a conseillé le président sénégalais Macky Sall avant le départ des joueurs pour l'Egypte.
"Soyez des lions chasseurs. Ramenez-nous le trophée", leur a-t-il intimé. Dans les tribunes du Caire, les supporters des "Gaïndé" (lions) risquent toutefois d'être supplantés par les quelque 4.800 fans des "Fennecs" convoyés par 28 avions spéciaux. "Depuis 2002, nous n'avons pas connu ça. Il y a eu 32 CAN et Dieu nous offre une deuxième finale. Macky Sall et les hommes riches de ce pays devaient affréter des avions pour les supporters", explique avec une pointe de regret Maguette Seck, livreur de restaurant à Dakar.
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