La Bundesliga entre moments insolites et incohérence
La Bundesliga est devenue ce samedi le premier grand championnat européen à reprendre son cours, sans vouloir manquer de respect à la Biélorussie. Une reprise sous conditions, avec un protocole sanitaire contraignant et parfois ridicule auquel il va falloir s'habituer.
"Tu dis plus bonjour ?"
Le premier effet de la crise sanitaire s’est ressenti avant même l’entrée des joueurs sur le terrain. Fini le rassemblement des deux équipes dans le couloir, les salutations, les regards, les enfants qui accompagnent leurs idoles (ou non) sur la pelouse. Désormais, les deux équipes entrent séparément, en évitant tout contact. Une formation, puis l’autre, et enfin les arbitres. La traditionnelle photo est également zappée, tout comme le serrage de mains entre les joueurs. Pas forcément un mal, tant ces scènes avaient tendance à s’éterniser, mais un changement qui ne passe pas inaperçu.
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Tribunes, mornes plaines
Si le football a pu reprendre, le public a dû rester dans son canapé. Le comble pour un championnat dont quasiment tous les clubs dépassent les 90% de remplissage en moyenne, avec des spectateurs qui aiment se faire entendre. Ecouter les hymnes des clubs retentir dans des enceintes vides a tout de suite donné le ton d’une drôle de journée. Un silence pesant pour une reprise déjà difficile physiquement, provoquant des débuts de match ternes. Il aura au moins permis d’entendre les échanges entre joueurs et staff, certes accessibles uniquement aux habitués de la langue de Philipp Lahm.
Les bancs passent à la trappe
A l’heure de la distanciation physique, les joueurs pouvaient difficilement retrouver les bancs de touche comme avant. Désormais, ils sont réservés aux entraîneurs et leur staff, à distance les uns des autres. Les remplaçants ont eux pris place derrière, en tribune, avec des sièges individuels espacés. On peut se demander l’intérêt de séparer des joueurs qui ont été testés dix, quinze, vingt fois avant le match et qui vont de toute façon se frotter sur la pelouse s’ils entrent en jeu. L’objectif relève plus de la communication que de la santé, en montrant aux téléspectateurs que les joueurs se plient aux mêmes impératifs qu’eux, certes seulement en dehors du terrain.
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Le bal masqué
Autres objets devenus inévitables avec la crise sanitaire, les masques. Il n’a jamais été question d’en imposer aux joueurs, mais les staffs techniques et employés ont été invités à en porter. Une invitation respectée par les ramasseurs de balle, bien moins nombreux qu’à l’habitude, soigneurs et autres, moins par les entraîneurs. A Dortmund, Lucien Favre a démarré la rencontre masque sur le visage, avant de le ranger après avoir harangué ses joueurs. Bruno Labbadia, l’entraîneur du Hertha Berlin, n’a lui même pas fait semblant. Du côté de Paderborn, Steffen Baumgart l’a un temps porté… sous le menton. Les remplaçants, décidément vitrine des bons comportements dans cette reprise, portaient eux leur masque... avant de le retirer pour aller s’échauffer.
Des célébrations à réinventer
La mesure avait fait parler. Des joueurs qui peuvent jouer ensemble, mais pas célébrer, est-ce vraiment sérieux ? Erling Haaland, évidemment premier buteur de la reprise avec Dortmund, a donc été le premier à fêter. Ses coéquipiers se sont dirigés vers lui, avant de s’arrêter à quelques mètres. Les regards gênés, sourire aux lèvres, suffisent à souligner le ridicule de la situation. Raphaël Guerreiro, à la finition sur le deuxième but contre Schalke, s’est contenté d’un contact du coude avec ses coéquipiers. La scène était encore plus cocasse à Leipzig, où Fribourg a ouvert le score sur un corner. Agglutinés dans la surface quelques secondes avant la jolie reprise du talon de Manuel Gulde, les Fribourgeois ont dû prendre leurs distances pour célébrer. Mais une heure de jeu aura suffi pour voir cette initiative s’effriter. Après la deuxième réalisation du Hertha Berlin a Hoffenheim, Mattheus Cunha a pris dans ses bras Vedad Ibisevic, buteur. Défaite sanitaire ou victoire du bon sens ?
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Drôles d'interviews
Enfin, les journalistes ne peuvent plus approcher les personnes qu'ils veulent interroger. Il faut donc garder ses distances, interviewer les joueurs avec une perche et sans doute élever un peu la voix. On aura forcément une pensée pour Laurent Paganelli, habitué à exercer son office d'homme de terrain avec une proximité unique chaque dimanche soir. Espérons que la reprise de la Ligue 1 se fera dans de meilleures conditions sanitaires, pour lui éviter ce genre de scènes. On le lui souhaite en tout cas.
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