Bundesliga : Le silence troublant des tribunes vides interpelle la presse étrangère
Après la reprise de la Bundesliga, la presse étrangère s'est plutôt accordée. Si la reprise d'un match en direct a fait du bien aux supporters en manque de football, les irrégularités et surtout le silence troublant des tribunes vides ont interpellé de nombreux médias étrangers, à commencer par le média allemand die Welt qui écrit : "Il y eut un silence étrange à Dortmund", avec seulement "321 personnes" admises dans l'enceinte du stade, rapporte le média. De quoi ne pas reconnaître l'ambiance habituelle lors du derby de la Ruhr.
Une sensation partagée par El Mundo. "Haaland danse dans le vide", a titré le journal espagnol qui se désole de l'absence des supporteurs dans un stade habituellement bouillant lors du derby de la Ruhr. Pour le quotidien, "la Bundesliga reprend son chemin entre le silence des tribunes et le déni des émotions". Evoquant le célèbre mur jaune du Westfalenstadion, où se dressent habituellement 25 000 fans de Dortmund, "le béton a fait écho aux seuls cris que l'on pouvait entendre sur le terrain, ceux des footballeurs essayant de faire leur travail". Le quotidien résume ainsi la situation en trois mots "béton, solitude et oubli".
The Sunday Times, a lui aussi trouvé ce vide des tribunes, étrange. "La chose la plus étrange à propos du football à huis clos n'est pas le spectacle; c'est l'acoustique. Le Westfalenstadion, le stade national du Borussia Dortmund dans la Rhénanie industrielle d'Allemagne, est généralement l'un des endroits les plus bruyants au monde. C'est un lieu de communion, de rassemblement, où un jour de derby bruyant, le niveau de bruit atteint bien plus de 100 décibels. Mais plus le bruit était fort, plus le silence était assourdissant."
Entre exemple et mauvais réflexes
Pour Le Soir,"le foot a repris ses droits en Allemagne entre prudence, silence et mauvais réflexes". Si pour le quotidien belge, c'est une certaine satisfaction de voir que "le ballon roule enfin" et que "l’Allemagne a prouvé samedi qu’il était possible de rejouer au football" ces premiers matches rappellent aussi "que la reprise ne tient qu’à un fil." Le journal belge généraliste estime "qu'il y a donc eu de l’exemplarité", mais aussi "des mauvais réflexes", à l'image du "défenseur de Dortmund Mats Hummels qui se mouche naïvement dans ses doigts", ou encore "de l’attaquant du Hertha Berlin Matheus Cunha qui "suce son pouce après un but après avoir été enlacé par plusieurs coéquipiers".
Barney Ronay, dans The Guardian, titre, lui : "Un silence inquiétant retentit alors que l'Allemagne inaugure le nouveau football anormal". Pour le journaliste, la victoire du Borussia Dortmund contre Schalke (4-0) a été un retour bienvenu pour un sport qui renaît comme un "spectacle profondément étrange". "Des modifications seront sans aucun doute apportées", note Barney Ronay notamment "pour couvrir les sièges vides" et combler le vide à l'aide "d'une sorte de bande sonore".
Le journaliste poursuit en faisant un parallèle avec l'Angleterre. "Les éléments clés sont de retour. Les horaires de télévision seront remplis. Les panneaux publicitaires roulants sont à nouveau allumés. (…) Nul doute que la Premier League, craignant de perdre des parts de marché, cherchera désormais à accélérer son propre retour." Avant d'ajouter : "Avant cela, il faut dire que l'Allemagne a gagné le droit d'être le premier, de se tenir seul, sans foule, mettant en scène le football. La Bundesliga ne déclare pas la fin de cette crise sanitaire."
Un enthousiasme anglais
La BBC, elle, a préféré rappeler les nouvelles règles mises en place en Allemagne et qui seraient peut-être "la nouvelle réalité du football" à l'avenir. La reprise de la Bundesliga "a donné un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler la Premier League et d'autres ligues de haut niveau en cas de retour", indique la BBC qui liste les grandes réglementations mises en place par les Allemands, comme le contrôle de température, le port du masque pour les remplaçants et les entraîneurs, ainsi que la distanciation physique sur le banc, ou encore le ballon désinfecté régulièrement.
De son côté, Sport Bild évoque, lui, la "folie de l'Angleterre pour le début de la Bundesliga". Les Anglais en manque de football, et alors que la Premier League est toujours à l’arrêt, se sont tournés avec enthousiasme vers le championnat allemand. "Les fans anglais choisissent même des équipes allemandes pour les soutenir dans les prochaines semaines. La démence!", rapporte The Sun, autre média britannique, qui a d'ailleurs, publié un supplément de 12 pages sur le championnat allemand, fait assez inhabituel pour le titre.
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