FIFA : Sepp Blatter vide son sac
"Mon audition de mardi était un peu spéciale par rapport aux précédentes avec la commission d'éthique, a expliqué le dirigeant suisse de 79 ans. La commission d'appel de la Fifa est composée uniquement de personnes de la FIFA. Je me suis senti plus à l'aise avec eux. Je suis le premier à être déçu de cette affaire de corruption. On dit que c'est Blatter qui est responsable de tout. C'est beaucoup trop facile. La justice américaine a pris en main la FIFA et ses membres. Ce sont des personnes qui viennent d'Amérique du Nord et du Sud qui ont commis des délits dans leurs confédérations. Et La FIFA n'a pas de droit de regard sur les activités des confédérations. Je ne peux pas être la conscience morale de ces personnes...A la Fifa depuis 40 ans, on a développé le foot, il n'a jamais été aussi bon qu'actuellement, vous n'avez qu'à jeter un oeil sur la Ligue des champions pour voir la qualité du foot", a-t-il plaidé. "Le départ qu'on me prépare, c'est d'une tristesse, mais que voulez-vous, il y a des situations où vous n'avez pas d'arme et, d'un coup, vous n'avez plus d'ami", a-t-il déploré ensuite.
"Platini n'est pas mon ennemi"
Blatter, suspendu huit ans de toutes fonctions liées au football, comme Michel Platini, jusqu'ici les deux hommes les plus puissants de la planète football, sont tombés en raison du paiement controversé sans contrat écrit de 1,8 million d'euros du Suisse au Français en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002. Pour Blatter d'ailleurs, Platini n'est pas un ennemi. "Selon ces dernières déclarations, il me trouve sympathique. En septembre, quand on est passé devant le comité exécutif de la FIFA, on s'est demandé pourquoi. Depuis ce jour, je n'ai plus parlé avec Platini. Ni au téléphone, ni à l'écrit. Il y a eu un accord oral qui est également un contrat. C'est dans la loi suisse et dans le code d'organisation de la FIFA. Un contrat peut être fait oralement. Platini est innocent. Comme moi. Il n'y a rien là-dedans. C'est une affaire comptable. Pas une affaire d'éthique. Il y avait un contrat qui existait. Et on doit l'honorer. C'est ma philosophie.".
Pas de consignes de vote
Tout en se déclarant triste de son départ de la FIFA, Sepp Blatter reconnaît qu'il était peut-être temps de passer la main. "Je suis content d'arriver à la fin de mes responsabilités. Quarante et un ans, c'est beaucoup. Mais je ne peux pas me séparer du football et de la FIFA. Je ne peux pas dire que c'est fini et que je ne fais plus rien. On a développé le football avec l'aide de la télévision. Je ne peux plus prendre une autre responsabilité dans le football. Mais j'aimerais bien que cette FIFA continue d'exister comme avant. Malgré tous ces scandales, la FIFA, c'est plus de 40 employés. La FIFA continue de fonctionner. Concernant son choix pour le futur présient, le Suisse a refusé de désigner son favori pour l'élection. "Je ne peux pas prendre parti, ce n'est pas possible. Ce n'est pas à moi d'intervenir pour le faire", a-t-il expliqué, en glissant que quatre des cinq candidats ont parlé avec lui et que certaines fédérations l'ont contacté pour savoir pour qui voter. "Je leur ai dit: votez ce que vous souhaitez, ce qui vous semble le mieux pour la Fifa en votre âme et confiance".
Les Américains dans le viseur
Selon Sepp Blatter, ce sont les Américains qui ont fomenté toutes les opérations de déstabilisation de la FIFA pour en prendre le contrôle même indirectement. " Ça ne tue pas l'image de la FIFA. Ce n'est pas vrai. Le football continue d'exister. Il est devenu un mouvement beaucoup trop grand pour qu'il soit hypothéqué. Dans les grandes entreprises mondiales, il y a de temps en temps des fautifs et on les change. C'est ce qu'on fait. Je suis responsable mais je ne suis pas le seul. Mais il ne faut pas oublier que le football est un sport de passion. Les Américains ont décidé de prendre le contrôle de la FIFA. Il y a eu cette fameuse conférence de presse où ils ont dit que la FIFA était une organisation mafieuse, qu'il fallait la détruire. Il y avait un accord tacite : pour 2018, la Coupe du Monde devait revenir en Europe. On n'était jamais allé à l'Est. Donc la Russie était un candidat valable. Et pour 2022, on devait revenir en Amérique du Nord. Le seul qui avait le potentiel, c'était les Etats-Unis. Mais c'est tombé à l'eau. On a choisi le Qatar sous la pression aussi de Nicolas Sarkozy..."
Forcément, les Américains l'ont très mal pris, et auraient décidé de lancer toutes ces procédures contre la FIFA pour se venger. "Je n'en veux pas particulièrement à Sarkozy, précise Blatter. Pas du tout. Les Coupes du monde sont attribuées par des interventions politiques. Et cette intervention politique française a fait changer notre accord tacite. Si on avait choisi les Etats-Unis, on n'aurait pas tous ces problèmes....".
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