Euro 2020: On a retrouvé l'Italie
En novembre 2017, après un désolant match nul 0-0 face à la Suède à Milan, l'Italie du football se réveille avec la gueule de bois du siècle. Pour la première fois depuis 1958, une Coupe du Monde se jouera sans elle et ses quatre titres planétaires.
Tout le monde alors a son avis sur les responsables de cette "apocalypse". Les premiers visés sont le sélectionneur Gian Piero Ventura, totalement perdu, et son football d'un autre siècle.
Mais les accusés sont nombreux, des coaches italiens trop défensifs, aux joueurs étrangers trop nombreux en Serie A en passant par les nouveaux terrains trop parfaits sur lesquels les petits Italiens jouent au foot au lieu d'apprendre à gérer les faux rebonds de la rue ou des terrains paroissiaux d'antan.
Au bout du compte, il a suffi de deux ans et d'un coach aux idées claires pour réaliser qu'il s'agissait tout bêtement d'un accident de parcours et que l'Italie savait toujours jouer au ballon.
Les Azzurri seront donc à l'Euro et le grand mérite de ces qualifications joliment menées (7 victoires en 7 matches) revient bien sûr à Roberto Mancini. Les candidats à la succession de Ventura ne se bousculaient pas et lui s'est attelé à la tâche avec enthousiasme et a réussi un sans-faute.
Deux défaites en 17 mois
Impeccable en qualifications, l'Italie de Mancini n'a finalement perdu que deux matches en 17 mois, contre les champions d'Europe portugais et, en juin 2018, contre la France, sacrée championne du monde quelques semaines plus tard.
En s'appuyant sur quelques cadres irréprochables comme Bonucci, Chiellini, Jorginho ou Verratti, enfin épanoui en sélection, Mancini a redonné de la confiance et du style à la Nazionale : pressing haut, jeu vertical et redoublements de passes autour des habiles Verratti et Jorginho.
Surtout, Mancini a montré à l'Italie qu'elle avait des jeunes de talent et donc de l'avenir. Ces promesses, Mancini a été les chercher, puisque les clubs, traditionnellement frileux dans ce domaine, ne les lançaient pas.Le symbole de cette politique aura été Zaniolo, convoqué en septembre 2018 alors qu'il n'avait encore jamais joué en Serie A. Après le milieu offensif de l'AS Rome (20 ans), Mancini a lancé ou définitivement installé Kean (19 ans), Chiesa (21 ans) ou Barella (22 ans). Et bientôt viendront Tonali (19 ans), Orsolini (22 ans), Bastoni (20 ans), Castrovilli (22 ans) ou Pinamonti (20 ans).
Voir sur Twitter
"Déjà en Ligue des Nations, nous avons joué un football différent, en nous améliorant de match en match. Le mérite en revient aux joueurs, ils ont été bons", a ajouté l'ancien coach de l'Inter Milan ou de Manchester City.
Bons, mais pas très bons, et c'est peut-être là la limite de cette Italie du redressement. Mancini a trouvé des joueurs et les a mis sur le bon chemin, celui de la qualification pour l'Euro, conquise sans difficulté.
Mais il risque désormais de lui manquer les champions, ceux qui font gagner les grands tournois, ce qui est pourtant l'objectif annoncé du sélectionneur. Peu importe pour l'instant, car l'Italie a un peu de temps devant elle et a retrouvé sa fierté et la voie à suivre. En rejoignant l'Euro, elle a surtout retrouvé sa place.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.