Euro 2016 : la France bat l’Allemagne et affrontera le Portugal en finale
Battiston est vengé ! La référence est facile, trop facile, 34 ans après la mythique demi-finale de Coupe du monde perdue aux tirs au but contre l’Allemagne de l’Ouest. Ce soir, l’esprit du défenseur français fracassé par le gardien Harald Schumacher n’habitait probablement pas le corps des Bleus. Plutôt que rouvrir un vieux chapitre, ils ont décidé d’en écrire un nouveau. Antoine Griezmann a tenu la plume, auteur d’un doublé (45e+2, 74e) pour emmener la France en finale de son Euro (2-0). Une écriture brouillonne, souvent tremblante, d’une équipe qui se cherche encore, même après six matchs. Mais l’essentiel est là, la France affrontera le Portugal dimanche.
Le Vélodrome, le stade qui voit double
Le Stade Vélodrome de Marseille est peut-être le porte-bonheur des Bleus ! Histoire encore ! Il était déjà le théâtre de la demi-finale de l'Euro 1984 contre le Portugal, où la France avait renversé le match pour jouer sa première finale (3-2 après prolongations). Parmi les buteurs, Jean-François Domergue avait inscrit... un doublé. Lui jouait latéral, Antoine Griezmann joue attaquant. Ce soir, le joueur de l'Atletico a illuminé le terrain. Pourtant, après un premier quart d'heure brillant des Bleus, les Allemands avaient coupé la lumière. Les champions du monde dominaient, les Bleus dormaient. Giroud, après un duel aérien remporté face à Benedikt Höwedes et malgré une course vers le but trop lente pour ouvrir le score, a réveillé tout le monde (42e). Trois minutes plus tard, Bastian Schweinsteiger, capitaine fatigué d'une Mannschaft habituellement infatigable, a ouvert la porte du coffre-fort allemand. Une main dans sa surface, sur un ballon anodin. Griezmann ne s'est pas fait prier pour prendre à contre-pied Neuer (45+2), et le cours du jeu.
Umtiti-Koscielny, un cas pour deux
Si l'Allemagne a dominé sans marquer, monopolisé sans concrétiser, joué sans gagner, c'est en grande partie grâce à deux hommes. Une charnière qui n'aurait jamais dû exister. Samuel Umtiti, le réserviste gaucher appelé au dernier moment, et Laurent Koscielny, le droitier qui ne jouait qu'à gauche. Un mariage obligé par la suspension de Rami contre l'Islande au tour précédent rapidement devenu un mariage d'amour. Les nouveaux compères ont tenu la maison bleue secouées par les vagues allemandes, bien soutenus par un Hugo Lloris impeccable. L'exemple le plus marquant, le sauvetage d'Umtiti devant Thomas Müller (31e) à moins de deux mètres de son but. Dans cet Euro, Didier Deschamps a beaucoup cherché. Pour sa charnière, c'est trouvé.
Les absents causent toujours du tort
L'Allemagne a perdu malgré sa domination, enfermée dans des séquences de jeu parfois trop stérotypées vers ses latéraux Joshua Kimmich et Jonas Hector, ou vers son avant-centre gringalet Müller, systématiquement cherché dans des positions improbables entre Umtiti et Koscielny. Devant la taille, la robustesse, les déviations de Mario Gomez, touché aux adducteurs, ont manqué. Au milieu, Sami Khedira, lui aussi blessé aux adducteurs, a rappelé que sa discrétion n'était pas synonyme d'inaction. Son ombre a poursuivi, et facilement dépassé, un Bastian Schweinsteiger physiquement à la rue et plus habitué à des rentrées en cours de match. Derrière, les montées balle au pied de Mats Hummels, suspendu, auraient sans doute fait trembler des Paul Pogba et Blaise Matuidi pas toujours à leur meilleur niveau. Son jeu long aussi a manqué. De ce côté là, tout a reposé sur Jérôme Boateng. Tellement que le corps du défenseur du Bayern a cédé à la 60e minute. Une sortie, nouvel astre aligné dans la nuit étoilée des Bleus. L'Allemagne, privé de son meilleur joueur, de son leader de terrain, la suite était logique. Le bourreau pour achever les Allemands ? Griezmann bien sûr. Sur le côté gauche, Pogba a fait danser son vis-à-vis avant de centrer. Manuel Neuer, trop court, ne peut que dévier le ballon vers Grizi. 2-0. La chance sourit aux audacieux, ce soir les Bleus ne l'ont pas vraiment été, mais elle a insisté.
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