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Est-ce le Tour des jeunes ?

Ils ont entre 22 et 24 ans et brillent sur la Grande Boucle. Pourtant, les équipes de coureurs cyclistes professionnels hésitent à faire confiance à des jeunes.

Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Français Thibaut Pinot remporte la huitième étape du Tour de France entre Belfort et Porrentruy, sous les encouragements de son directeur sportif, Marc Madiot, le 8 juillet 2012. (JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS)

Il s'appellent Sagan, Pinot, Gallopin ou Rolland. Ils ont entre 22 et 24 ans, et brillent sur les routes du Tour de France cette année. Des succès qui soulèvent la question de la place des jeunes sur la Grande Boucle.

"On veille à ne pas les saturer physiquement"

Au sein des équipes présentes sur les routes du Tour de France cette année, les jeunes ne sont pas légion. En 2012, la lutte pour le maillot blanc, qui prend en compte le classement des coureurs nés après le 1er janvier 1987, ne concerne que 23 cyclistes sur 219, soit 10,5% du peloton. Plus impressionnant, sur les 22 équipes engagées sur le Tour, 10 ne comptent carrément aucun coureur de moins de 25 ans dans leurs rangs !

Cette faible présence s'explique avant tout par des raisons médicales. Interrogé par FTVi, le médecin du Team Europcar, Hubert Long, considère en effet qu'un coureur cycliste n'est pas entièrement performant avant un certain âge : "La précocité dans le sport est variable, selon les disciplines. Médicalement parlant, dans le cyclisme, on considère que la maturité commence vers 25 ans et va se prolonger dix ans, avant que le coureur n'entre dans une phase de décrépitude."

Cette limite d'âge oblige les directeurs d'équipe à prendre des précautions avec leurs jeunes coureurs. "Quand on voit des cyclistes jeunes, on fait attention à ne pas les saturer physiquement, dans leur programme d'entraînement comme dans leur programme de course, et à ne pas leur confier les responsabilités de l'équipe", précise Hubert Long.

Thibaut Pinot (FDJ-BigMat), 22 ans et benjamin du Tour cette année, ne devait ainsi pas faire partie de l'aventure. Son directeur sportif, Marc Madiot, considérait en effet qu'il valait mieux que son coureur se forge sur les étapes du Tour d'Espagne plutôt que sur celles du Tour de France, réputées plus difficiles. Le coureur a finalement réussi à convaincre son directeur sportif, qui ne pouvait que se réjouir de la performance de son poulain après sa superbe victoire lors de la huitième étape entre Belfort et Porrentruy, dimanche 8 juillet.

 Des équipiers, pas des leaders

Les jeunes sont-ils réduits à ne réaliser que des performances sur des étapes ? Sur le Tour, peu d'équipes confient la quête du maillot jaune à un jeune. Cette année, seule la formation Cofidis a misé sur un coureur de moins de 25 ans, remettant le dossard de leader à l'Estonien Rein Taaramae. Au passage, l'équipe française est celle qui compte le plus de jeunes dans ses rangs cette année, puisque quatre de ses neuf équipiers - huit depuis l'exclusion de Rémy Di Grégorio mardi 10 juillet - sont nés après le 1er janvier 1987.

Chez Europcar, Pierre Rolland est le coureur qui a le plus de chance de briller au classement général, mais son équipe a fait le choix de ne pas lui confier le dossard de leader, qui est revenu à l'expérimenté Thomas Voeckler. "Pierre Rolland n'a pas encore atteint sa plénitude physique, il lui faudra au moins trois ans de plus. Mais il progresse régulièrement", considère Hubert Long, qui connaît bien le coureur.

Pourtant, depuis 2007, deux vainqueurs du maillot jaune ont également remporté le classement du meilleur jeune : Alberto Contador (2007) et Andy Schleck (2010). Il n'est donc pas nécessaire d'être quasi trentenaire pour espérer s'imposer sur la Grande Boucle. Mais cette année encore, le Tour se jouera entre vieux briscards, les cinq leaders du classement général au départ de la dixième étape, mercredi 11 juillet, ayant tous entre 27 et 35 ans.

Quel rôle pour les jeunes ?

Alors, quelle place accorder à ces jeunes qui brillent sur les routes, mais qui ne semblent pas pouvoir viser la victoire au général, faute de capacités physiques ou de confiance de leurs directeurs sportifs ? 

Pour le vétéran Sandy Casar (33 ans), coéquipier de Thibaut Pinot dans l'équipe FDJ-BigMat, la présence de jeunes dans le peloton peut permettre de dynamiser l'ensemble des coureurs : "On est poussés dans les deux sens par les jeunots de l’équipe, vers la retraite et aussi vers de meilleurs résultats. Ils nous boostent", déclarait le coureur lundi à l'issue du contre-la-montre entre Arc-et-Senans et Besançon.

Quintuple vainqueur du Tour de France, Bernard Hinault a récemment encouragé dans Le Figaro les directeurs sportifs à aligner des jeunes dans leurs équipes : "Il ne faut pas avoir peur de mettre les jeunes sur le Tour de France sans leur fixer à tout prix des objectifs. Il faut simplement [les] laisser exprimer leurs envies", expliquait ainsi le Breton, vainqueur de son premier Tour de France en 1978, alors qu'il était âgé de… 23 ans.

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