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Valides et invalides sur la même ligne

Sous la coupole du Grand Palais, escrimeurs valides et handicapés combattront côte à côte à Paris pendant ces Mondiaux, une cohabitation unique dans les annales du sport. En 2006, un premier rapprochement avait eu lieu aux championnats du monde à Turin mais, contrairement aux Mondiaux des valides ayant lieu tous les ans, les championnats du monde handisport se tiennent tous les quatre ans dans les trois armes (fleuret, épée et sabre).
Article rédigé par Gilles Gaillard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
Démonstration sur fauteuil lors des JO de Pékin

"Paris sera une occasion à la fois unique et rêvée de faire découvrir l'escrime handisport à tous les français. A ce jour, nous n'avons jamais eu la chance de conquérir ainsi un public", note Pascal Godet, directeur sportif de l'équipe de France handisport depuis 1998. "A Paris, notre union devrait faire notre force. Pour nous, former un groupe soudé avec les Flessel, Lopez, Lucenay et autres Pillet est une chance incroyable", s'enflamme Romain Noble, épéiste atteint d'un spina-bifida. L'équipe de France handisport sera composée de quatorze athlètes dont trois femmes. Et 95% de ces athlètes sont des accidentés de la route. Sa formation, Pascal Godet la définit ainsi: "Conquérante, très homogène chez les hommes et encore en manque d'expérience chez les femmes, cette équipe est habituée à décrocher des médailles à tous les rendez-vous internationaux". "En décrocher au moins une demi-douzaine à Paris devrait être dans nos cordes", prédit ce Breton de 50 ans, militaire de carrière et maître d'armes. A Turin en 2006, la France termina troisième nation avec huit médailles: deux en or, trois en argent et trois en bronze.

Aux Jeux Paralympiques de Pékin en 2008, elle termina aussi troisième nation avec une médaille d'or et une médaille d'argent, contre treize médailles moissonnées par une Chine impériale sur ses pistes. L'escrime handisport française compte environ 150 licenciés. Comme chez les valides , les rivaux de la France sont bien connus: la Russie, l'Ukraine, la Chine, la Pologne et l'Italie. A Paris, il y aura 150 tireurs handicapés venus de 25 nations. Pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité, chaque tireur s'assoit, sanglé dans un fauteuil fixé au sol afin de ne pas basculer. Pendant leurs assauts, une fesse doit toujours être en contact avec l'assise du fauteuil sinon, la touche n'est pas validée. Certains ont la chance d'avoir un fauteuil sur mesure "qui, à l'image de bonnes chaussures, évite ampoules, ecchymoses et écorchures", explique Romain Noble, le surdoué des Bleus.

D'autres n'ont pas les moyens du sur-mesure pour faire corps avec un fauteuil. Alors, ils se rabattent sur "un premier prix" sans armatures personnalisées en mousse ou ayant tellement de jeu qu'il pousse l'athlète à glisser, comme Delphine Bernard. "Fabriqué à Tours, mon fauteuil coûte 2.000 euros. En faire un vraiment sur mesure coûterait presque le double. Je n'en ai pas les moyens" avoue la Quimpéroise au chômage, âgée de 24 ans. Licencié au club de Mérignac, le maître d'armes Romain Noble sera le chef de file de l'équipe de France handisport. Si ce gaucher bordelais arrive à bien jongler avec son épée et son sabre, il visera quatre médailles pour sa première participation aux championnats du monde. "Deux en individuel et deux par équipes, ce serait parfait", avoue-t-il.

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