Eric Roy : "Franchement, en Angleterre, faire des matchs à huis clos, ce serait horrible"
Comment ça va, Eric ? Ou êtes-vous et que faites-vous pendant ce confinement ?
Eric Roy : "Ça va plutôt bien. Personne dans mon entourage n’est atteint par ce virus. En fait, j’ai quitté la Grande Bretagne assez tôt. Quand il a vu ce qui se passait en Italie, le propriétaire du club, Gino Pozzo, nous a dit qu’il fallait se préparer à passer au moins 2 mois à la maison, et nous a demandé où nous voulions être confinés. Je suis venu chez moi, à Nice, près de ma famille. Là, en ce moment très précis, je fais du rangement dans mon garage ; car ayant joué pour plusieurs clubs au cours de ma carrière, j’ai accumulé les déménagements et de nombreux souvenirs, papiers, objets que je n’ai jamais vraiment trié. C’est donc l’occasion. Sinon, je passe beaucoup de temps au téléphone avec mes joueurs."
Comment ça se passe pour eux ?
ER : "Certains ont eu quelques symptômes du Covid 19. Mais ils sont restés chez eux et tout semble aller bien maintenant. Du coup, moi, j’essaie de maintenir le dialogue. De les maintenir en forme aussi. Nous leur donnons des programmes physiques, réactualisés chaque semaine, à effectuer ; de manière à ce que si l’entrainement doit reprendre, qu’ils n’arrivent pas comme en début de saison. Je leur demande s’ils n’ont besoin de rien, je leur fais livrer un home-trainer ou un tapis de course. Je gère tout ce qui concerne le domaine sportif."
Et pour le club ? Comme pour tous les autres, les pertes financières seront colossales. Le président de Burnley parle de 56 millions de livres.
ER : "En fait, on vit un peu au jour le jour. Nous sommes incapables de faire des prévisions. Nous n’avons aucune visibilité sur l’impact que pourra avoir cet arrêt des compétitions. Même si à Watford, nous avons un modèle économique basé sur le trading des joueurs. Le groupe du propriétaire Pozzo possède aussi le club italien de l’Udinese. Du coup, nous avons énormément de joueurs de qualité sous contrat, qui appartiennent à Watford ou à l’Udinese, et qui sont prêtés en Europe dans de grands clubs. Cela coûte énormément en salaire, c’est vrai, mais si l’an prochain nous avons des difficultés financières pour recruter, nous pouvons vendre des joueurs, où en faire revenir au club. Je suis en train de regarder la saison de certains qui jouent en Espagne, elle est plutôt bonne. Donc, pour nous, ce serait moins catastrophique que pour d’autres clubs qui vont y laisser des plumes."
La premier league envisagerait de terminer le championnat avec des matchs à huis clos. Quel est votre sentiment ?
ER : "Franchement, en Angleterre, faire des matchs à huis clos, ce serait horrible. Même dans les petits stades, même pour les « petites équipes », il y a toujours une ambiance de folie, un engouement incroyable. Et ce serait terrible pour nous. Après, si cette décision est prise, nous nous adapterons, bien sûr."
Certains clubs demandent à ce que ce soit une saison blanche. Qu’il n’y ait pas de titres, de relégations. Est-ce possible ?
ER : "Tout est possible. Ce serait terrible pour Liverpool, qui a énormément de points d’avance au classement, et qui se dirigeait tout droit vers le titre. Mais bien sûr, ça arrangerait des clubs qui font une mauvaise saison ; chacun voit un peu son intérêt propre. Watford, aujourd’hui, est 17e, donc pas dans la zone des relégables. Mais il y a une équipe derrière nous, (Aston Villa) qui a un match en retard, à disputer à l’extérieur, chez un gros... C’est difficile de faire des prévisions. Nous nous accommoderons de ce qui sera décidé. En Angleterre, nous nous posons exactement les mêmes questions qu’en France. Mais nous savons aussi, que l’Angleterre a pris du retard par rapport à cette maladie, et que le confinement, et donc la reprise des compétitions risquent d’être plus tardif."
Propos recueillis par Claude Eymard
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