En Espagne, ces sports mis hors-jeu par l'austérité
Tournois de golf annulés, courses cyclistes raccourcies, hockeyeuses obligées de faire la quête... Chez les Ibères, la crise économique plombe plusieurs disciplines.
SPORTS - Le golf, catalogué sport de riches, épargné par la crise ? Erreur. Le tournoi d'Andalousie a été annulé, mercredi 12 septembre. La faute à la crise, au manque de subventions de la région andalouse, endettée jusqu'au cou, et au peu de bonne volonté des sponsors. C'est le troisième tournoi de golf international à ne pas avoir lieu cette année en Espagne. Et la petite balle blanche n'est pas la seule à souffrir de la cure d'austérité en vigueur dans le pays.
Le malheur du golf espagnol fait le bonheur de l'Australie
La chute du tournoi andalou, c'est le site du quotidien The West Australian (lien en anglais) qui en parle le mieux. Et pour cause, le tournoi de Perth, en Australie, qui se déroulait à la même date, va attirer la crème du golf européen, obligée de se rabattre dessus pour finir dans les meilleurs au classement mondial et décrocher son ticket pour le Masters de fin de saison.
La défection du tournoi de Valderrama, en Andalousie, n'est qu'une demi-surprise. Le site spécialisé Golfbytourmiss (lien en anglais) explique que les gains des participants de l'année dernière ont été versés aux sportifs avec beaucoup de retard. George O'Grady, le grand patron du golf européen, accuse les autorités régionales dans le Daily Telegraph (lien en anglais) : "Il y a eu un grand changement dans l'orientation politique de la région. Ceux qui ont pris les décisions ne savent pas ce qu'ils font."
Au total, l'Espagne n'accueille plus qu'un seul tournoi du circuit mondial du golf, contre sept il y a deux ans.
Des courses cyclistes qui ne tournent plus rond
Le pays d'Alberto Contador est un fief du cyclisme. L'Espagne accueille de nombreuses courses, financées par les collectivités locales. Ainsi, le Tour du Pays basque est un projet privé... financé à 80% grâce à l'aide de la région.
Quand le gouvernement central a demandé des économies aux régions (17 milliards d'euros l'an dernier, 15 milliards cette année, note le Guardian), ces dernières ont commencé par sabrer dans le financement des épreuves sportives. Il a fallu une aide in extremis d'une banque pour sauver le Tour du Pays basque et la Clasica San Sebastian, des épreuves majeures du calendrier cycliste international.
Le Tour de Murcie, autre course importante, a trouvé une autre façon de compresser les coûts : il a réduit sa durée de 5 à 3 jours, note Vélonews (en anglais). Reste que le financement des championnats du monde de la discipline, prévus pour 2014 à Ponferradina, sont suspendu au redressement de l'économie espagnole, constate Leosnoticias (en espagnol).
Des dons pour sauver l'équipe de hockey sur gazon
Si le golf et le cyclisme sont touchés, le hockey sur gazon est lui carrément en train de couler. Ainsi, le ministère des sports n'a même pas pu allouer 8 000 euros à l'équipe féminine junior espagnole pour qu'elle puisse se rendre à l'Euro, organisé à Den Bosch, aux Pays-Bas. Les joueuses en ont été réduites à demander des fonds en tournant une vidéo diffusée sur le site de la fédération (lien en espagnol) ou sur des sites de dons, comme Sponsume (lien en anglais).
Les donateurs les plus généreux (ceux qui ont offert plus de 200 euros) se sont vus promettre un tee-shirt signé par toute la sélection. Contrairement à l'équipe grecque de water-polo, favorite mais non-qualifiée pour les Jeux olympiques en raison du coût du déplacement pour le tournoi de qualification, l'histoire se termine bien. Les hockeyeuses ont en effet rassemblé suffisamment d'argent. Elles ont pu partir aux Pays-Bas et ont terminé le tournoi en deuxième position.
Et pendant ce temps-là, le gouvernement espagnol investit massivement pour obtenir les Jeux olympiques à Madrid, en 2020. La candidature de la capitale espagnole est loin d'être favorite : d'après une estimation du magazine Time (lien en anglais), elle se traîne loin derrière Tokyo et Istanbul. Le gouvernement de Mariano Rajoy a pourtant déjà dépensé plus de 50 millions d'euros... pour avoir le droit de dépenser des milliards en infrastructures. Dans une situation similaire, Rome a retiré sa candidature, sous la pression du Premier ministre italien, Mario Monti.
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