Dropped : un an après, le point sur l'enquête
Le rappel des faits
Le 09 mars 2015, à 17h30 heure locale, un accident d’hélicoptères se produit dans le nord-ouest de l’Argentine, à Villa Castelli, en plein tournage de l’émission de télé-réalité Dropped. Cette émission, qui devait être diffusée sur TF1, devait montrer deux groupes de quatre sportifs de haut-niveau livrés à eux-mêmes en pleine nature. Après seulement 109 secondes de vol, deux hélicoptères de la production entrent en collision et prennent feu immédiatement. Dix personnes trouvent la mort : cinq membres de l’équipe de tournage, deux pilotes argentins, mais aussi trois grands noms du sport français : la nageuse Camille Muffat (25 ans), le boxeur Alexis Vastine (28 ans) et la navigatrice Florence Arthaud (57 ans).
Stupeur et colère
La France se réveille le lendemain avec cette terrible annonce, arrivée dans la nuit par les alertes et les réseaux sociaux. Les hommages se multiplient pour ce qui est une triste première dans le monde de la télé-réalité. La colère se mêle à la tristesse, les premières images paraissent sur Internet. Les familles des victimes, bouleversées par ce qui vient de se produire, demandent des explications. Le frère de la navigatrice Florence Arthaud, lui-même ancien pilote d'hélicoptère, est l’un des premiers à mettre en cause les conditions de tournage de l’émission, produite par ALP (Adventure Line Production). "On est dans une chasse à l'image. On a complètement zappé les règles de sécurité. On a des pilotes qui ont plus de 10.000 heures de vol, mais qui commettent cette imprudence", s’offusque Hubert Arthaud.
Les premiers éléments de l’enquête
En une année, un seul document a été rendu public en décembre dernier : celui de la JIAAC (Junta de investicacion de accidentes de aviacion civil), équivalent argentin du bureau d’enquête et d’analyses (BEA). Le rapport précise qu’une erreur de pilotage est à l’origine de la collision entre deux hélicoptères qui n’étaient pas bien préparés pour un tournage de ce genre. Le document dénonce également un grave manquement à la sécurité : "Aucun dossier de formation des pilotes pour les vols en formation (plusieurs hélicoptères volant en même temps) comme celui qui a provoqué l’accident n’a été trouvé". Le rapport fourni par les autorités argentines pose cette question : "A quel point les impératifs de tournage ont-ils pu générer une pression sur les pilotes afin qu’ils positionnent leurs appareils dans les situations les plus favorables pour le tournage ?"
Les familles attendent encore des réponses
Certaines familles de victimes se sont portées parties civiles en France, et réclament encore des réponses qui ne leur ont jusqu’ici pas été fournies. Elles estiment que la sécurité des candidats et des équipes n’a pas été suffisamment assurée par la société de production. La famille Vastine veut notamment demander des comptes à ALP, ainsi qu’à TF1. "Ils ont un besoin impérieux de comprendre ce qui s'est passé. Ils ont la conviction que des erreurs ont été commises et ils souhaitent identifier ceux qui les a commises », indique le cabinet parisien Intervista, au sein duquel trois avocats sont en charge du dossier
"Nous voulons que justice soit faite, mais ils sont puissants", regrette Alain Vastine, père d’Alexis et dont le fils Adriani s’est adjugé un septième titre de champion de France de boxe en hommage à son frère et à sa sœur Célie, décédée quelques semaines plus tôt d’un accident de la route. Cassie Vastine a récemment interpellé l’ancien PDG de TF1 Nonce Paolini, dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux.
Voir sur Twitter
Nonce Paolini a répondu ce mercredi à la jeune soeur d'Alexis Vastine, en estimant que "TF1 n'est pas responsable de ce drame. Je peux comprendre qu'on veuille m'attaquer à titre personnel. Mais cette critique qui est portée à mon égard est une critique que je trouve dure et injuste. Je respecte la douleur des familles. Mais aucune de ces familles ne m'a jamais contacté". Hubert Arthaud est intervenu sur BFM TV, où il dénonce à nouveau les "manquements à la sécurité" dont ont fait preuve ALP et TF1 :"Ils ont fait le choix de l’économie plutôt que de la sécurité".
"ALP et TF1 ont dès le début pointé les fautes de pilotage. Mais ils ont passé à la trappe la responsabilité des gens qui ont choisi ces pilotes, qui ont mis au point les procédures auxquelles ils ont dû se conformer", continuent les avocats en charge du dossier, qui ne cachent pas que l'enquête risque de durer longtemps.
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